Le patron d'Orange devant les juges sur l'arbitrage Tapie

  • Le PDG d'Orange Stéphane Richard, le 7 novembre 2013 à Paris
    Le PDG d'Orange Stéphane Richard, le 7 novembre 2013 à Paris AFP/Archives - Eric Piermont
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AFP

Le patron d'Orange, Stéphane Richard, était entendu vendredi par les juges financiers pour son rôle dans ce qu'ils pensent être un "simulacre" d'arbitrage dans le conflit entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais sur la vente d'Adidas.

Pour l'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde au ministère de l'Economie, c'est la première occasion de s'expliquer depuis sa mise en examen le 12 juin pour escroquerie en bande organisée, incrimination qu'il avait jugée "infondée et infamante".

Outre Stéphane Richard, quatre personnes sont poursuivies: Bernard Tapie, son avocat Maurice Lantourne, le juge-arbitre Pierre Estoup et Jean-François Rocchi, patron à l'époque du CDR, la structure chargée de gérer l'héritage du Lyonnais.

Ministre à l'époque, Christine Lagarde fait l'objet d'une enquête distincte de la Cour de Justice de la République (CJR) qui l'avait placée fin mai sous le statut de témoin assisté, lui épargnant une mise en examen qui l'aurait mise en posture délicate à la tête du Fonds monétaire international (FMI).

Concernant Stéphane Richard, qui brigue sa succession à la tête d'Orange, les juges se demandent s'il n'a pas oeuvré pour orienter la décision de sa ministre d'aller à l'arbitrage en lui cachant des infomations.

En garde à vue, Stéphane Richard avait expliqué que le choix de l'arbitrage était celui des "principales personnes décisionnaires dont (il ne faisait) pas partie" en tant que directeur de cabinet. Il y avait "un choix politique en faveur d'un arbitrage" et "Mme Lagarde était la seule à même de donner des instructions".

"Je n'ai pas dissimulé d'informations à Mme Lagarde", elle "a eu tous les éléments nécessaires à sa prise de décision", avait-il insisté auprès des enquêteurs qui lui opposaient des déclarations de Mme Lagarde devant la CJR pouvant laisser penser qu'elle lâchait son ex-directeur de cabinet.

L'ancienne ministre avait par exemple expliqué que lors de leur premier entretien sur ce dossier, deux mois avant la décision d'aller à l'arbitrage, M. Richard ne lui avait "pas parlé d'une note du 1er août (2007) de l'Agence des participations de l'Etat" (APE), prise de position hostile à l'arbitrage, solution à laquelle son directeur de cabinet, à l'inverse, "paraissait très favorable".

Signature pré-imprimée

Une position qui semblait différer de celle livrée en septembre 2008 à la commission des Finances du Sénat: elle y expliquait avoir eu connaissance de notes de l'APE "tout au long de cette affaire", des "analyses pertinentes" mais "souvent conservatrices".

Les juges devraient également interroger Stéphane Richard sur une lettre datée du 23 octobre 2007, une des seules instructions écrites de Mme Lagarde figurant au dossier. Ils pensent qu'elle a pu être paraphée par la "griffe", une signature pré-imprimée susceptible d'être utilisée notamment par son directeur de cabinet en son absence pour valider des décisions. Les juges s'interrogent sur un éventuel usage indû.

Mais devant les sénateurs en 2008, Mme Lagarde avait confirmé "bien volontiers avoir donné des instructions" pour soutenir "la décision du CDR d'aller en arbitrage" et assumé "la responsabilité des instructions écrites" que, disait-elle, "j'ai données à cette occasion". Elle avait notamment évoqué le contenu de cette lettre du 23 octobre.

Autre interrogation des juges, un courrier de Bernard Tapie adressé à Stéphane Richard, retrouvé en perquisition chez Me Lantourne. Juste après la sentence lui octroyant 403 millions d'euros, l'homme d'affaires y proposait au directeur de cabinet de lui fournir des consultations de juristes pour l'aider à répondre à d'éventuelles critiques sur le choix d'aller à l'arbitrage.

Devant la CJR, Mme Lagarde avait déclaré que ce texte était pour elle un "sujet d'étonnement". De son côté, Stéphane Richard a expliqué aux enquêteurs n'avoir "soumis aucune demande particulière à M. Tapie" et n'avoir "aucun souvenir de ce courrier".

Quant à ses réunions régulières à l'Elysée, notamment en présence du secrétaire général Claude Guéant, Stéphane Richard juge qu'elles n'ont rien de surprenant pour un directeur de cabinet de Bercy.

Source : AFP

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