Israël enterre Ariel Sharon, son héros controversé

  • Des Israélien en file d'attente le 12 janvier 2014 devant la Knesset à Jérusalem pour rendre hommage à Ariel Sharon
    Des Israélien en file d'attente le 12 janvier 2014 devant la Knesset à Jérusalem pour rendre hommage à Ariel Sharon AFP - Gali Tibbon
  • Le cercueil d'Ariel Sharon installé le 12 janvier 2014 à la Knesset à Jérusalem
    Le cercueil d'Ariel Sharon installé le 12 janvier 2014 à la Knesset à Jérusalem AFP - Menahem Kahana
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AFP

Israël enterre ce lundi son chef de guerre et ex-Premier ministre Ariel Sharon, "héros" populaire dans son pays mais "criminel de guerre" pour les Palestiniens.

"Arik" (diminutif d'Ariel) sera inhumé à 14H00 (12H00 GMT) avec les honneurs militaires dans sa ferme familiale du sud d'Israël, non loin de la frontière avec la bande de Gaza.

Le général Sharon a souhaité y être inhumé aux côtés de sa seconde épouse Lily. Ses deux fils, Gilad et Omri, ainsi que le chef d'état-major Benny Gantz prononceront les éloges funèbres.

Compte tenu de la proximité de Gaza contrôlée par le mouvement islamiste palestinien Hamas, la police israélienne a dépêché des renforts dans le sud d'Israël, où sont déjà déployées des batteries du système antimissile mobile "Iron Dome" (Dôme de Fer).

Auparavant, un hommage national lui sera rendu à partir de 09H30 (07H30 GMT) au Parlement israélien, à Jérusalem, en présence des sommités de l'Etat et de délégations étrangères. Y participeront le vice-président américain Joe Biden, l'ex-Premier ministre britannique Tony Blair, émissaire du Quartette pour le Proche-Orient, et le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, en visite officielle au même moment.

Toutefois, la plupart des pays n'ont dépêché que des représentants subalternes.

Le décès de l'ancien homme fort de la droite nationaliste, mort samedi à 85 ans après huit ans de coma, a plongé Israël dans une atmosphère de deuil national. Quelque 20.000 Israéliens de toute condition ont défilé dimanche devant son cercueil exposé devant le Parlement. Beaucoup regrettaient le charisme et la bravoure du 11e chef de gouvernement d'Israël.

"Je n'ai jamais fréquenté +Arik+ personnellement mais je le connaissais en tant que dirigeant, un des derniers en Israël", a confié à l'AFP Meir Gavron, 56 ans, venu de Ramat Gan, près de Tel Aviv. "Je m'identifiais beaucoup avec l'homme".

Chantre de la colonisation

Le conseil des ministres hebdomadaire, présidé par Benjamin Netanyahu, a observé une minute de silence. Le Premier ministre a de nouveau salué en son rival politique - avec lequel il ne s'entendait guère - un de "nos plus éminents dirigeants et de nos plus audacieux commandants".

Les médias israéliens ont tiré un bilan nuancé de "l'héritage Sharon".

"Il fut un génie, à la fois généreux et cruel", a résumé le quotidien de droite Maariv. Même à gauche, le Haaretz, pourtant farouche adversaire du "bulldozer" (un des surnoms de Sharon), lui a tressé des couronnes.

"Depuis le départ de Sharon, Israël manque d'un leadership politique qui reconnaisse les limites de la force, maintienne l'alliance avec les Etats-Unis et fasse preuve de courage dans les Territoires (palestiniens) sans se laisser impressionner par les colons".

Champion de la colonisation, Sharon fut pourtant le dirigeant qui aura évacué la troupe et les 8.000 colons de la bande de Gaza en 2005. Une décision que ne lui ont jamais pardonné les ex-colons de l'enclave palestinienne.

Mais il restera aussi dans l'Histoire comme l'artisan en 1982 de la désastreuse invasion du Liban, alors qu'il était ministre de la Défense. Une commission d'enquête israélienne a conclu à la "responsabilité indirecte" mais personnelle de Sharon dans le massacre de centaines de civils palestiniens par ses alliés phalangistes chrétiens libanais dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila à Beyrouth en septembre 1982.

De Gaza à Ramallah, et de Jénine aux camps de réfugiés du Liban, les Palestiniens n'ont pas caché leur immense joie à l'annonce du décès du "criminel Sharon", tout en regrettant que le général israélien n'ait pas comparu devant la justice internationale.

Source : AFP

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