Hollande a nommé Valls à Matignon pour "une nouvelle étape"

  • Manuel Valls (gauche) et le président de la République François Hollande à Paris le 19 mars 2014
    Manuel Valls (gauche) et le président de la République François Hollande à Paris le 19 mars 2014 AFP/Archives - Alain Jocard
  • François Hollande le 31 mars 2014 à l'Elysée pour annoncer la nomination de Valls à Matignon
    François Hollande le 31 mars 2014 à l'Elysée pour annoncer la nomination de Valls à Matignon Pool/AFP - Philippe Wojazer
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AFP

Le président français François Hollande a nommé lundi soir Manuel Valls comme Premier ministre pour "ouvrir une nouvelle étape" de son quinquennat, et adressé un signe à l'aile gauche de sa majorité avec un nouveau "pacte de solidarité", au lendemain de la cinglante défaite des socialistes aux élections municipales.

Ce changement de Premier ministre a suscité des réactions hostiles au Front de gauche, tandis qu'Europe Ecologie-les Verts membre de l'actuelle majorité au pouvoir a posé des conditions à son soutien au futur gouvernement.

"Il est temps aujourd’hui d’ouvrir une nouvelle étape", a souligné le chef de l’État lors d'une allocution télévisée solennelle de huit minutes, ajoutant qu'il avait confié à l'ex-ministre de l'Intérieur "la mission de conduire" un "gouvernement de combat".

Manuel Valls "en a les qualités", a-t-il insisté, promettant une "équipe resserrée, cohérente et soudée" pour mettre en oeuvre le pacte de responsabilité, pierre angulaire de sa politique économique qui prévoit une baisse des charges des entreprises en échange d'embauches.

Pour tenter de rassurer l'aile gauche de sa majorité, inquiète de la nomination de Manuel Valls et qui réclamait des mesures de justice sociale, François Hollande a annoncé aussi un "pacte de solidarité" ainsi qu'une "diminution des impôts des Français" d'ici à 2017 et "une baisse rapide des cotisations" des salariés.

Pas de quoi convaincre cependant les deux écologistes du gouvernement sortant, Pascal Canfin (Développement) et Cécile Duflot (Logement), qui ont prévenu d'emblée qu'ils n'entendaient pas "participer à ce nouveau gouvernement" estimant que M. Valls n'était "pas la réponse adéquate aux problèmes des Français".

Une prise de position relevant de la "cohérence politique", a salué la numéro un d'EELV Emmanuelle Cosse dans un communiqué à l'AFP, soulignant que son parti "attend dès aujourd’hui une clarification, de la part du Premier ministre, sur l’orientation du nouveau gouvernement" pour le juger ou non écolo-compatible... Sans même parler de l'éventuelle participation de membres d'EELV à cette future équipe conduite par Valls.

"C’est lors de son Conseil Fédéral qui se réunira les 5 et 6 Avril et en connaissant sa composition et ses orientations , concernant la transition énergétique, la révision du pacte de responsabilité et les orientations budgétaires qu’Europe Ecologie Les Verts déterminera son éventuel soutien au gouvernement lors du vote de confiance", ajoute-t-elle.

Avec son nouveau Premier ministre, François Hollande a choisi "le plus grand commun diviseur de la gauche", a dénoncé Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de Gauche. Il "n'entend que de l'oreille droite", a asséné le numéro un PCF, Pierre Laurent.

- La formation du gouvernement -

Selon le président du principal parti d'opposition UMP (droite), Jean-François Copé, "le limogeage" de Jean-Marc Ayrault "ne suffira pas à régler les problèmes" de la France. "Ce n'est pas en changeant les hommes et en gardant la même politique" qu'on règle les problèmes, a-t-il fait valoir.

Ce remaniement "ne changera rien car (...) c'est un changement de politique que les Français attendent et pas tant un mercato gouvernemental", a réagi pour sa part Marine Le Pen, la présidente du Front national (extrême droite).

A l'inverse, le numéro un du PS, Harlem Désir, a salué le choix présidentiel, qui "ouvre un nouveau temps du quinquennat". Le patron des sénateurs PS, François Rebsamen, a estimé que François Hollande avait "levé le malentendu" avec les Français.

Chef de file des sénateurs écologistes, Jean-Vincent Placé avait lancé quelques heures plus tôt une petite bombe en disant "stop au pacte de responsabilité".

Et quatre courants de la gauche du PS s'étaient donné rendez-vous lundi soir à l'Assemblée nationale pour demander "une réorientation" de la politique menée et aborder la question de la confiance au prochain gouvernement.

Le chef de l’État n'a dit mot cependant de la formation du gouvernement qui n'interviendra pas avant mercredi, avec un Conseil des ministres mercredi ou jeudi.

Mardi devrait donc être une journée de consultations. Parmi les nouveaux entrants, sont cités régulièrement les noms de Ségolène Royal, candidate à la présidentielle de 2007 et ex-compagne du président, peut-être pour prendre un ministère élargi de l’Éducation. François Rebsamen pourrait s'occuper de l'Intérieur, un poste qu'il souhaitait en 2012.

Le président Hollande, pressé de réagir, y compris dans son camp, au vu de l'ampleur de la défaite au second tour des municipales, avait conduit d'intenses consultations à l’Élysée où il s'était entretenu durant deux heures lundi matin avec le Premier ministre sortant.

A quelques semaines du deuxième anniversaire de son entrée à l’Élysée et à deux mois d'élections européennes qui s'annoncent au moins tout aussi périlleuses pour la majorité, le président a essuyé dimanche une défaite personnelle aussi: sanction d'une impopularité record sous la Ve République, d'une crise de confiance symbolisée par la forte abstention des électeurs de gauche et d'une hausse du chômage qu'il ne parvient pas à juguler.

En perdant au moins 155 villes de plus de 9.000 habitants - certaines à gauche depuis plus de cent ans - le camp socialiste a permis à la droite d'effacer largement ses pertes du scrutin de 2008 (82 villes de plus de 10.000 habitants), abandonnant du même coup son statut de premier pouvoir local.

Selon un sondage BVA pour Le Parisien/Aujourd'hui en France, près des trois quarts (74%) des Français ne souhaitaient pas que Jean-Marc Ayrault reste Premier ministre. Manuel Valls arrivait en tête des personnalités préférées des Français pour lui succéder (31%), loin devant les deux premiers challengers Martine Aubry (17%) et Laurent Fabius (16%).

Ce grand chamboulement intervient alors que la matinée de lundi a été marquée par une avalanche de mauvaises nouvelles économiques : dérapage du déficit public et recul des marges et des investissements des entreprises l'an dernier, fléchissement du pouvoir d'achat des ménages au 4e trimestre 2013.

Source : AFP

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