Archéologie. Des fouilles préventives se déroulent actuellement à Baraqueville, sur le tracé de la future RN 88 à 2x2 voies qui contournera la ville et reliera le tronçon des Molinières.
Avant que les engins ne déboulent pour construire le tronçon de doubles voies de la RN88 contournant Baraqueville et ralliant Les Molinières (Luc), le service départemental d’archéologie est à pied d’œuvre. Sous la houlette du directeur Philippe Gruat, les équipes sondent le terrain prochainement enrobé. Une opportunité rare. La superficie de sondages offerte est en effet exceptionnelle, avec plus de 170 hectares. D’autant plus que le sol du Ségala est en quelque sorte "le parent pauvre de l’archéologie aveyronnaise", comme dit Philippe Gruat.
Un terrain de fouilles immense
Depuis la fin de l’année 2013, les opérations de diagnostic se succèdent sur l’emprise foncière. Avec deux premières phases enrichissantes, qui vont s’achever par deux programmes de fouilles cet été. Le premier concerne l’aqueduc de Vors. À proximité du village éponyme et de la fontaine, là même où un ouvrage d’art doit enjamber le Lenne et ses écrevisses à pattes blanches, se trouve le fameux aqueduc qui alimenta Rodez en eau. Ce n’est pas à proprement parler une découverte, de nombreux ouvrages évoquent l’ouvrage qui desservait Rodez, alias Segodunum. Mais ces fouilles vont permettre de mieux appréhender le tracé exact de l’aqueduc et son état de conservation. L’autre site concerne des enclos gaulois.
Village enfoui ?
Sur une butte, entre Vors et le lac de Lenne, les fouilles ont livré la présence de plusieurs enclos, soulignant la présence d’un village gaulois. Actuellement, sous la direction de Jérôme Trescarte, le diagnostic s’effectue minutieusement sur toute la bande s’étirant jusqu’au rond-point des Molinières. À ce jour, plusieurs enclos ont été dénichés, ne donnant pas pour l’heure lieu à la programmation de fouilles. Ce n’est toutefois pas une surprise. "Le Ségala n’est pas très riche, en tout cas bien moins que la vallée de l’Aveyron par exemple", explique Philippe Gruat. "En revanche, ce qui nous étonne un peu, c’est l’absence de traces romaines, comme des tuiles, ou autres. Souvent, à proximité de hameaux agricoles, on trouve des vestiges de villas romaines. Mais là, rien", détaille Jérôme Trescarte. "Mais ce n’est pas fini", souffle ce dernier, la moitié du terrain à peine ayant été sondée.
Un espace de travail rare
De plus, la tâche est rendue délicate par la nature des sols. Très acides et très exposés, entre destruction naturelle et érosion, le terrain a effacé une grande partie de ses archives. Et c’est sans compter sur les quantités de produits déversés sur ces sols, dont la chaux. Quoi qu’il en soit, de précieuses informations sont en train d’être consignées grâce à l’ensemble de ces fouilles. "C’est rare d’avoir un tel espace de travail. Cela ne se reproduira peut-être jamais en ce qui me concerne", souffle Philippe Gruat. Et tant pis s’il faut faire vite et parfois avancer à coups de tractopelles. Mais de façon un peu plus délicate que les engins qui entreront en action très prochainement.
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