Irak: la séance du Parlement levée dans le désordre

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  • De hauts dirigeants irakiens dont le Premier ministre Nouri al-Maliki prêtent serment durant la première session du Parlement, le 1er juillet 2014  à Bagdad
    De hauts dirigeants irakiens dont le Premier ministre Nouri al-Maliki prêtent serment durant la première session du Parlement, le 1er juillet 2014 à Bagdad AFP - Ahmad Al-Rubaye
  • Des députés du nouveau Parlement irakien assistent à la première session, le 1er juillet 2014 à Bagdad
    Des députés du nouveau Parlement irakien assistent à la première session, le 1er juillet 2014 à Bagdad AFP - Ahmad Al-Rubaye
  • Le vice Premier ministre irakien Saleh al-Mutlaq (g) et le responsable sunnite le député Dhafer al-Aanie (d) encadrent le président du Parlement irakien Osama al-Nujaifi, lors d'une conférence de presse, le 1er juillet 2014 à Bagdad
    Le vice Premier ministre irakien Saleh al-Mutlaq (g) et le responsable sunnite le député Dhafer al-Aanie (d) encadrent le président du Parlement irakien Osama al-Nujaifi, lors d'une conférence de presse, le 1er juillet 2014 à Bagdad AFP - Ahmad Al-Rubaye
Publié le
Centre Presse Aveyron

Le Parlement irakien a levé mardi sa séance dans le désordre général après avoir échoué à enclencher le processus de formation d'un gouvernement pourtant nécessaire face à l'offensive jihadiste qui menace le pays d'éclatement.

La séance a été émaillée d'échanges d'invectives et de récriminations de Kurdes et de sunnites à l'égard du gouvernement du Premier ministre sortant chiite Nouri Al-Maliki, présent dans la salle et dont les chances de briguer un 3e mandat s'amenuisent devant l'avancée des insurgés --menés par les jihadistes de l'Etat islamique (EI)-- et l'échec de son armée à la contenir.

Selon la Constitution, les députés doivent élire au premier jour de leur session le chef du Parlement, première étape dans le processus de formation d'un gouvernement.

Le chaos ayant régné durant la séance illustre les profondes divisions minant l'Irak, au moment où l'unité des différentes communautés et confessions serait nécessaire pour éviter une implosion du pays.

La dernière déclaration du président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, accentue d'ailleurs les craintes de partition, ce dernier ayant souhaité mardi l'organisation sous quelques mois d'un référendum d'indépendance.

- 'Nous allons écraser vos têtes' -

Durant la séance, la parlementaire kurde Najiba Najib a réclamé au gouvernement Maliki de transférer les fonds dus au Kurdistan.

Ce à quoi Kazem al-Sayadi, un député du bloc de M. Maliki, a riposté: "Massoud Barzani est un traître et un agent. Vous exportez le pétrole en Israël et vous mettez en berne le drapeau national. Nous allons écraser vos têtes et nous allons vous montrer ce que nous ferons une fois la crise finie".

Pour leur part, des députés sunnites ont quitté la salle lorsque le nom de l'EI a été mentionné. La situation devenant chaotique, la séance a été levée.

La prochaine séance du Parlement issu du scrutin du 30 avril est prévue le 8 juillet. Après l'élection du président du Parlement, les députés doivent élire un président de la République.

Il reviendra à ce dernier de choisir le candidat du Bloc parlementaire arrivé en tête du scrutin, en l’occurrence M. Maliki, pour former un gouvernement, mais selon un diplomate occidental, même au sein de sa coalition chiite, on discute de l'opportunité de le remplacer, après deux mandats successifs.

Affaibli par l'échec de l'armée face à l'offensive des insurgés, M. Maliki, au pouvoir depuis 2006, est accusé depuis de longs mois par ses détracteurs de concentrer le pouvoir et de mener une politique de discrimination à l'égard des sunnites.

Ainsi, si les régions sunnites n'ont pas accueilli à bras ouverts les insurgés, elles n'ont pas non plus apporté leur soutien à l'armée qui a été incapable d'enrayer la progression des jihadistes aux premiers jours de l'offensive lancée le 9 juin.

Les jihadistes de l'EI ont proclamé dimanche un "califat" sur les territoires conquis entre la ville d'Alep dans le nord de la Syrie voisine et la province de Diyala dans l'Est irakien.

Après leur débandade, les forces irakiennes tentent de relever la tête face aux jihadistes aidés de tribus et d'anciens soldats aguerris de Saddam Hussein, chassés de l'armée après l'invasion américaine de 2003 qui a fait tomber le dictateur sunnite.

Dans sa première importante contre-offensive lancée samedi, l'armée tente de reprendre aux insurgés Tikrit, ex-fief de Saddam Hussein et chef-lieu de la province de Salaheddine (nord). Des milliers de soldats, appuyés par des chars et l'aviation, encerclent la ville.

- Un demi-milliard USD saoudiens -

Pour aider le pouvoir irakien, Moscou a livré cinq avions Sukhoi qui survolaient le pays mardi, tandis que Washington a déployé près de 800 hommes -300 conseillers militaires auprès de l'armée et près de 500 soldats pour protéger l'ambassade et l'aéroport de Bagdad.

Les Etats-Unis, qui ont exclu d'engager des troupes au sol après leur lourd engagement de huit ans dans ce pays, ont promis en outre 36 chasseurs-bombardiers F-16. Mais cette livraison pourrait être retardée en raison des combats qui ont entraîné l'évacuation de personnels d'une base aérienne importante, selon le Pentagone.

Depuis le 9 juin, les jihadistes qui contrôlaient déjà des régions de la province d'Al-Anbar (ouest), ont mis la main sur Mossoul et une grande partie de sa province Ninive (nord), ainsi que des secteurs des provinces de Diyala (est), Salaheddine et Kirkouk (ouest).

L'offensive a fait plusieurs centaines de morts et déplacé des centaines de milliers de personnes.

L'Arabie saoudite a promis une aide financière d'un demi-milliard de dollars au "peuple irakien", par l'intermédiaire d'organisations de l'ONU.

Ryad a récemment dénoncé la politique de M. Maliki, qui à son tour a accusé l'Arabie de soutenir les jihadistes de l'EI qui ont appelé les musulmans du monde à prêter allégeance à leur chef, Abou Bakr Al-Baghdadi.

Source : AFP

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