Henri Guaino jugé pour ses attaques contre le juge Gentil

  • Henri Guaino le 2 février 2014 à Paris
    Henri Guaino le 2 février 2014 à Paris AFP/Archives - Eric Feferberg
  • Le juge Jean-Michel Gentil qui enquête sur plusieurs affaires liées à l'héritière de l'Oréal, Liliane Bettencourt, arrive au tribunal de Bordeaux, le 19 février 2013
    Le juge Jean-Michel Gentil qui enquête sur plusieurs affaires liées à l'héritière de l'Oréal, Liliane Bettencourt, arrive au tribunal de Bordeaux, le 19 février 2013 AFP/Archives - Patrick Bernard
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Centre Presse Aveyron

Ses critiques virulentes l'ont conduit devant le tribunal: le député UMP Henri Guaino comparaît mercredi pour avoir accusé le juge Gentil d'avoir "déshonoré la justice" en mettant en examen Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bettencourt.

Le 21 mars 2013, l'ancien président de la République se voit signifier sa mise en examen à Bordeaux pour "abus de faiblesse" au préjudice de la milliardaire Liliane Bettencourt. Dès le lendemain et dans les jours qui suivent, l'ancienne plume de Nicolas Sarkozy vole de studio radio en plateau de télévision et s'en prend au juge d'instruction Jean-Michel Gentil.

Sur Europe 1 le 22 mars, Henri Guaino estime que le juge a "déshonoré la justice". "Je conteste la manière dont il a fait son travail", lance celui qui fut conseiller spécial à l'Elysée, "je la trouve indigne, je trouve qu'il a déshonoré un homme, les institutions, la justice".

Il tiendra des propos du même acabit sur France 2 puis BFMTV.

L'Union syndicale des magistrats (USM) fait alors un signalement au parquet de Paris, qui cite Henri Guaino à comparaître devant le tribunal correctionnel pour "outrage à magistrat" et "discrédit jeté sur une décision de justice". Délits respectivement passibles de peines maximales d'un an de prison et 15.000 euros d'amende et six mois d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende.

"On a rarement entendu des propos d'une telle violence contre un magistrat qui n'a fait que son travail", estime Rémi Barousse, l'avocat du juge. Ce dernier ne sera pas présent à l'audience car, "discret", il souhaite continuer à le rester et ne veut pas "attiser le spectacle".

Le magistrat "s'est senti terriblement agressé", souligne Me Barousse, dénonçant "une politique de communication décidée pour contrebalancer l'annonce de la mise en examen" de Nicolas Sarkozy.

- Menaces contre le juge -

Le juge a fait l'objet de menaces de mort, a reçu des balles par courrier. Menaces que M. Guaino avait qualifiées d'"insupportables" et "condamnables". "La violence de ces propos a autorisé ces comportements", estime toutefois l'avocat.

Fidèle à sa position, l'ancien conseiller présidentiel "revendique" les propos qui lui valent procès, "je n'ai pas un mot à retirer de ce que j'ai dit". "L'histoire m'a donné entièrement raison", a-t-il ajouté, se référant au non-lieu dont a finalement bénéficié l'ex-président dans ce dossier.

"Il s'agit de la liberté d'expression de tout le monde et des parlementaires en particulier", a-t-il déclaré à l'AFP. "On peut me faire un procès moral, politique, mais on ne peut pas me faire un procès judiciaire", considère le député des Yvelines. Néanmoins, il se dit "content que ce procès ait lieu", "il y a un débat derrière aussi sur le fonctionnement des institutions judiciaires".

Pour lui, on est dans une "affaire de dérèglement total des institutions de la République", "un certain nombre de gens utilisent les pouvoirs qui leurs sont conférés à d'autres fins" que celles pour lesquelles on leur donne. Il revendique donc le droit à la critique d'une institution "quand elle me semble être à la dérive".

La loi ne définit pas l'outrage ni le discrédit, estime-t-il, sans indiquer s'il soulèverait une question prioritaire de constitutionnalité, qui risquerait de retarder le débat sur le fond du dossier.

Henri Guaino avait demandé, en vain, à l'Assemblée de voter la suspension des poursuites contre lui le temps de la session parlementaire.

Il avait reçu le soutien de 107 parlementaires UMP qui avaient repris à leur compte ses propos, et se demande pourquoi ils n'ont pas été eux aussi cités à comparaître. M. Guaino a en tout cas appelé ceux qui voudraient le faire à venir le soutenir.

Source : AFP

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