1973 : les paysans du Larzac "montent" à Paris

  • Les soutiens sont nombreux pour les paysans du Larzac.
    Les soutiens sont nombreux pour les paysans du Larzac. Reproduction Centre Presse
Publié le
Jean-Michel Cosson

Histoire. L'extension du camp militaire du Larzac ne passe pas. Les paysans se battent contre l'expropriation de leurs terres et portent leur combat au coeur de la capitale.

C’est par un communiqué de presse que les paysans du Larzac annoncent leur intention de monter vers Paris avec leurs tracteurs. Cette décision est prise au lendemain du 26 décembre 1972 quand le préfet de l’Aveyron Badault signe le décret d’utilité publique à l’extension du camp.

Désormais, la situation exige que le combat des paysans contre l’expropriation de leurs terres soit porté jusqu’au cœur de la capitale afin de donner au mouvement une ampleur plus importante et démontrer au pouvoir que les paysans du Larzac ne sont pas isolés.
Le départ est fixé au 7 janvier 1973. Vingt-cinq tracteurs prennent la route de Paris. Six étapes sont prévues, avec une arrivée le 13 janvier pour une grande manifestation.
Au jour fixé, plusieurs milliers de personnes accueillent les tracteurs sur la place du Mandarous à Millau où des « bons-kilomètres-tracteurs » sont vendus au profit des paysans.

"Gardarem lo Larzac" est né

À Paris, les autorités, attentifs au développement de plus en plus fort de la contestation depuis la manifestation du 14 juillet 1972 à Rodez, décide d’interdire la manifestation au prétexte de la venue, le jour même, à Paris, du Premier ministre israélien Golda Meir. Mieux encore, le ministre de l’Intérieur, Raymond Marcellin ordonne aux forces de l’ordre de bloquer les tracteurs à Orléans, terme de la dernière étape avant Paris.

Dans ce contexte et en dépit de l’action de Raymond Lacombe en faveur des paysans du Larzac, la FNSEA n’apporte qu’avec parcimonie son soutien à la lutte sur le plateau, trouvant le mouvement trop politisé à son goût et peu favorable à un gouvernement avec lequel l’organisation syndicale à l’habitude d’être en bons termes.

Finalement, grâce à des tracteurs prêtés par des agriculteurs du Loiret, membres du courant Paysans Travailleurs de Bernard Lambert, les agriculteurs du Larzac parviennent à Paris où se tient un meeting de plusieurs milliers de personnes à la Bourse du Travail.
En plus de leur combat contre l’extension du camp, les paysans du Larzac ont exporté un slogan que la presse va largement reprendre et diffuser par la suite et qui deviendra un signe de ralliement pour tous ceux qui veulent « vivre et travailler au pays » : « Gardarem lo Larzac ».

 

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