UE: Juncker présente son plan d'investissement, projet phare de son mandat

  • Le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker lors d'une conférence de presse le 5 novembre 2014 à Bruxelles
    Le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker lors d'une conférence de presse le 5 novembre 2014 à Bruxelles AFP/Archives - John Thys
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Centre Presse Aveyron

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dévoile mercredi le projet phare de son mandat: un plan destiné à mobiliser plus de 300 milliards d'euros pour les investissements en Europe afin de relancer la croissance, en s'appuyant principalement sur des fonds privés.

Le postulat à la base du projet est que la faiblesse des investissements en Europe, dont le niveau reste inférieur de 15% à celui de 2007, a entravé la sortie de crise. Or, malgré des liquidités abondantes dans l'économie, les investissements privés restent insuffisants, tandis que les investissements publics sont bridés par l'absence de marge budgétaire des Etats.

Le plan doit être dévoilé mercredi matin par M. Juncker devant le Parlement européen, avant d'être au menu du sommet européen des 18 et 19 décembre à Bruxelles. Les détails en étaient très attendus, à commencer par le dosage entre financement public et privé, les conséquences sur les finances des Etats, l'attractivité du dispositif et donc ses chances de réussite.

"Je redoute que ce plan ne se révèle décevant", déclarait récemment le ministre français de l'Economie, Emmanuel Macron, résumant: "Nous avons besoin de vrai argent et nous avons besoin de l'utiliser de manière effective".

Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, avait insisté sur la nécessité de mobiliser des ressources nouvelles. Sinon "cela apparaîtra comme un tour de passe-passe, du recyclage, donc ce sera un flop". Il avait souhaité un mécanisme "audacieux" et "innovant".

Le dispositif, qui repose sur de l'ingénierie financière, apparaît complexe.

Le pilotage de ce plan, prévu sur trois ans, sera assuré par la Banque européenne d'investissement (BEI), le bras financier de l'UE. La BEI est réputée pour sa solidité financière --elle bénéficie du triple A des agences de notation-- mais, pour cette raison même, ses choix sont souvent jugés frileux.

La solution trouvée par la Commission européenne consiste à lui confier la gestion d'un nouveau "Fonds européen pour les investissements stratégiques" (FEIS), qui soutiendra des projets plus risqués que ceux qu'elle finance habituellement.

- "Trop optimiste" -

Le Fonds sera doté de 16 milliards d'euros de garantie provenant du budget de l'UE, dont la moitié constituée de ressources budgétaires existantes. S'y ajouteront 5 milliards d'euros de la BEI, soit au total 21 milliards.

La somme paraît modeste au regard de l'ambition affichée, mais elle correspond à un pari: elle doit servir "d'amortisseur de risque" afin d'attirer, en leur offrant une garantie solide, des ressources privées qui actuellement ne sont pas investies dans l'économie réelle.

Par un effet multiplicateur de 15, qualifié de "prudent" à Bruxelles, cette somme de départ devrait permettre de mobiliser au total 315 milliards d'euros, selon la Commission.

Les projets financés seront choisis parmi une liste soumise par les Etats membres, mais il n'y aura "pas de quota par Etat", souligne-t-on de source européenne. C'est un comité d'experts qui sera chargé de faire le tri, en fonction de la pertinence des projets.

Les infrastructures stratégiques, comme le numérique ou l'énergie, mais aussi les transports, l'éducation, la recherche et l'innovation seront les secteurs privilégiés. Une partie du dispositif, à hauteur de 75 milliards d'euros, sera réservée aux PME, qui ont parfois du mal à trouver des sources de financement.

Le plan prévoit la possibilité d'autres contributions, notamment de la part des Etats, mais ne les y contraint pas: de quoi rassurer les pays qui, comme l'Allemagne, sont réticents devant la dépense publique. En revanche, pour ne pas décourager les pays qui choisiraient d'y contribuer, les sommes qu'ils verseront ne seront pas comptabilisées dans leur déficit et leur dette.

La Commission estime que le plan d'investissement pourrait ajouter entre 330 et 410 milliards d'euros au PIB européen, et créer entre 1 et 1,3 million d'emplois au cours des trois prochaines années.

Reste à savoir s'il suffira à surmonter les réticences des investisseurs et à convaincre les sceptiques: selon une source européenne interrogée par l'AFP sous couvert d'anonymat, la somme de 315 milliards d'euros paraît d'ores et déjà "trop optimiste" car le coefficient multiplicateur de 15 serait "très excessif".

Source : AFP

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