Trouver les mots pour «expliquer» l’horreur

  • Tous les jours, à l’école maternelle Monteil de Rodez, les élèves découvrent et présentent, un mot à leurs camarades. Aujourd’hui, tous ont planché sur «journaliste».
    Tous les jours, à l’école maternelle Monteil de Rodez, les élèves découvrent et présentent, un mot à leurs camarades. Aujourd’hui, tous ont planché sur «journaliste». José A. Torres
Publié le
Lola Cros

Enseignement. En première ligne face aux enfants, le corps enseignant a dû, hier, trouver les mots pour expliquer l’horreur. Témoignages.

Comment traduire la mort à des enfants ? Quels mots poser sur une telle barbarie? Comment expliquer que des hommes aient été tués pour avoir... «dessiné» ? Hier, entre les murs de milliers d’écoles et de collèges, les questions peinaient à trouver des réponses. Si tant est qu’il y en ait. Déjà dans la cour de récré, les gamins en parlaient. Alors, appelés à marquer une minute de silence à la mi-journée, chacun a tenu, à sa manière, à rendre hommage aux victimes, à libérer la parole des plus jeunes.

«Attachées à manifester leur soutien, les assistantes maternelles ont décidé de jouer au roi du silence, le temps d’une minute, avec les petites sections de maternelle, raconte, encore émue, la directrice de l’école ruthénoise Monteil, Nathalie Robert. Certains savaient qu’il s’était passé quelque chose de grave “près de la Tour Eiffel”, mais les parents n’avaient peut-être pas encore eu le temps ni l’occasion d’en parler avec eux.»

«Ils ont seulement besoin de supports»

Plutôt que de parler de la mort «qu’ils ne saisissent pas», Nathalie Robert a choisi de se pencher sur le mot «journaliste», notamment au travers de quelques-unes de journaux, toutes dédiées à l’attentat. Mais sans montrer les contenus et la violence des images, évidemment. «J’ai envie de leur expliquer qui est le journaliste, ce qu’il apporte au quotidien, et de leur dire pourquoi l’information est importante. En inscrivant ce mot dans le carnet des élèves, j’espère que les parents prendront le relais pour qu’il y ait un après, explique l’enseignante, en charge des petits. Même s’il est difficile de trouver les mots, il ne faut pas sous-estimer les enfants. Pour comprendre, ils ont seulement besoin de supports.»

Du côté primaire, «tous étaient au courant en arrivant à l’école», remarque le directeur de Cambon, Jean Garguillo. «Dans le couloir, je les entendais parler, continue-t-il. Ils ne comprenaient pas tous les enjeux, évidemment, mais répètent ce qu’ils ont entendu. Ils ont besoin d’en parler.» Même constat dans les classes du collège public d’Onet-le-Château. «On avait grand besoin de délier la parole, d’échanger, de recadrer certains discours pour éviter les amalgames, témoigne Victoria Bouyssi. Nous avons commencé par demander ce qu’ils savaient, ce qu’ils avaient compris. Nous avons pris une heure par classe pour qu’un adulte puisse expliquer avec les mots qu’il fallait.» Et la conseillère principale d’éducation d’ajouter : «Nous voulions instaurer un climat de confiance pour que les jeunes puissent parler, n’aillent pas chercher l’information n’importe où». Comptant plus de 17 nationalités parmi ses élèves, le collège a tenu à être «efficace, peut-être plus qu’ailleurs»

Le Petit Quotidien, le journal destiné aux enfants a publié une édition spéciale en téléchargement gratuit.

Voir les commentaires
Sur le même sujet
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?