Hausse du chômage : «L’économie aveyronnaise résiste bien»

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JB et RDS

Economie. Malgré la publication mercredi des chiffres du chômage qui viennent clore une nouvelle année sombre sur le front de l'emploi en France, l'optimisme reste de mise en Aveyron où la hausse reste contenue par rapport au niveau national.

Malgré la publication mercredi des chiffres du chômage qui viennent clore une nouvelle année sombre sur le front de l'emploi en France, l'optimisme reste de mise en Aveyron où la hausse (2,7%) reste contenue par rapport au niveau national (5,7%) et surtout régional (6,5%). Le Département pourra-t-il toujours amortir le choc en 2015 ? Début de réponse avec plusieurs acteurs économiques aveyronnais.

  • Michel Dacheux, président du tribunal de commerce :
     

«En 2014, grâce à nos actions de prévention avec la chambre de commerce et d’industrie, nous avons réussi à limiter les dégâts en Aveyron. En 2015, j’ai malheureusement peur que cela ne s’arrange pas. Les premiers indicateurs ne sont pas très favorables. Notamment pour le bâtiment, les travaux publics, la restauration, le secteur automobile, le petit commerce qui souffre beaucoup. Même pour les métiers de bouche, cela ne s’arrange pas. On sent que ça serre au niveau des budgets et que les gens retardent au maximum certaines opérations, certains achats. La prévention reste essentielle. C’est une obligation qu’on s’impose.»

  • Philippe Saigne-Vialleix, directeur départemental de la Banque de France :
     

«On vient de terminer une enquête régionale, dont les résultats seront dévoilés et commentés le 10 février à Rodez, mais je trouve que l’économie aveyronnaise résiste bien. Bien sûr qu’on ne peut pas parler de croissance importante et qu’il y a des secteurs qui souffrent davantage que d’autres mais cette capacité à ne pas renoncer, à ne pas baisser les bras et à monter des projets d’investissement sont autant d’indicateurs forts... C’est bon signe ! Plus que les années précédentes, et c’est de bon augure, je rencontre régulièrement des chefs d’entreprises, des grandes mais aussi des PME, notamment de l’industrie, qui sont en train de tout mettre en œuvre pour investir».

  • Bernard Dalmon, président de la Mecanic Vallée :
     

«Pour 2015, il y a 400 postes à pourvoir, dont 300 nouveaux emplois, dans l’espace Mecanic Vallée ; en Aveyron, dans le Lot et en Corrèze, de manière équilibrée. Il s’agit, pour 50%, d’opérateurs sur machines à commande numérique ; l’autre moitié étant composée de soudeurs, de monteurs, d’ingénieurs (une trentaine), de qualiticiens, de secrétaires... L’aéronautique tourne à plein régime et il y a donc de la demande au niveau de la sous- traitance.

En Aveyron, on peut faire mieux en matière de recrutement dans tous les secteurs d’activité, en particulier dans l’agro-alimentaire et l’hôtellerie-restauration, et mon analyse est que l’offre n’est pas suffisamment adaptée à la demande. Je ne suis ni optimiste, ni pessimiste, je fais un constat : le niveau est en train de s’élever avec des qualifications qui montent ; la main d’œuvre est de plus en plus spécialisée. Le carnet de commandes fera les embauches et le business on va le faire ! L’ouverture de l’école d’ingénieurs mécaniques à la rentrée va changer la donne car il y aura 24 apprentis qui vont “sortir” chaque année. Cela va résoudre une partie de la problématique et pérenniser peut-être nos entreprises».

  • Arnaud Viala, président d’Aveyron Expansion :
     

«L’art de la prévision est difficile mais là, fin janvier, je sens un petit frémissement, un léger sursaut, par rapport à l’activité. On a terminé 2014 avec de fortes inquiétudes, je ressentais personnellement une énorme angoisse il y a quelques semaines, mais, finalement, l’Aveyron s’en tire moins mal que les voisins. J’y vois deux raisons principales : la solidité du tissu économique qui a permis de traverser une rude épreuve et la combativité des Aveyronnais qui sont capables d’aller chercher des marchés “avec les dents”. Ce constat est toutefois à modérer dès qu’on porte un regard secteur par secteur. Je pense, par exemple, au BTP et à la commande publique du fait de la réforme des collectivités et de la réduction des aides. La réflexion majeure pour 2015 portera peut-être sur le moyen et le long terme afin de donner de la visibilité aux investissements».

Christine Sahuet, présidente de la chambre de métiers et de l’artisanat de l’Aveyron :

(Sans hésitation) «Je suis franchement inquiète pour l’exercice 2015 ! Je ne suis pas de nature alarmiste mais là, je me fais du souci. Le bâtiment, en particulier, enregistre une chute énorme avec une diminution proche de 25% des permis de construire l’année dernière. La répercussion directe a été près de 400 licenciements au cours des douze derniers mois. Les entreprises ont réduit la voilure de manière importante ; aujourd’hui, certaines ne s’appuient que sur le patron, aidé, parfois, par un seul salarié là où il y en avait quatre ou cinq... Mais toutes les professions sont impactées. Je regardais les statistiques pour constater que le taux de chômage est passé en six ans, depuis 2008, en Aveyron de 4,6 à 7,4% de la population. On a subi la crise légèrement en décalage mais le boomerang a fini par revenir. Je ne vois pas de petits coins de ciel bleu, si ce n’est peut-être la fin d’une forme d’inertie. Au niveau de l’état d’esprit, il faut être plus positifs, afficher davantage de vitalité». 

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