Radio France: 200-300 départs envisagés, grève reconduite, Gallet épinglé

  • Le PDG de Radio France Mathieu Gallet le 14 novembre 2014 à Paris
    Le PDG de Radio France Mathieu Gallet le 14 novembre 2014 à Paris AFP/Archives - Loic Venance
  • La Maison de la Radio, le 18 mars 2015 à Paris
    La Maison de la Radio, le 18 mars 2015 à Paris AFP/Archives - Patrick Kovarik
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Centre Presse Aveyron

Les syndicats de Radio France vont reconduire leur grève pour un septième jour mercredi, après l'annonce par le PDG Mathieu Gallet d'un possible plan de départs volontaires pour 200 à 300 salariés, alors que Le Canard enchaîné met à nouveau en cause ses dépenses.

Mathieu Gallet a annoncé mardi lors d'un CCE extraordinaire qu'il envisageait des mesures de départs volontaires pour 200 à 300 seniors, afin d'économiser 17 à 24 millions d'euros sur la masse salariale d'ici 2019, selon les mêmes sources.

Ces informations sont "confidentielles", s'est contentée de déclarer la direction, interrogée par l'AFP.

Sans attendre la fin du CCE qui se poursuivait encore mardi après-midi, les syndicats ont indiqué à l'AFP qu'ils avaient décidé de reconduire leur grève mercredi, la plus longue depuis 2004. La CGT a d'ores et déjà rejeté un éventuel plan de départs: "C'est non", a-t-elle réagi sur son compte Twitter.

"Nous n'avons plus confiance en vous. Il va falloir des actes forts, un projet digne des attentes du public et des salariés. Faute de cela le conflit durera", a averti SUD dans un communiqué.

En plein CCE, Le Canard enchaîné, qui avait déjà révélé il y a une semaine les coûteux frais de rénovation du bureau du PDG, a de nouveau mis en cause ses dépenses.

Selon le journal satirique à paraître mercredi, depuis son arrivée en mai Mathieu Gallet a engagé pour 90.000 euros annuels, aux frais de Radio France, un spécialiste en communication personnelle, Denis Pingaud, et ce sans appel d'offres.

Mathieu Gallet avait déjà employé Denis Pingaud lorsqu'il dirigeait l'INA (Institut national de l'audiovisuel), de 2011 à 2014, aux frais de l'INA, pour 60.000 euros par an, affirme Le Canard.

Contactée par l'AFP, la direction de Radio France a assuré que ce contrat était légal : "il n'a pas été nécessaire de passer un appel d'offres pour ce contrat, car il a été conclu en juin 2014 pour un an, après avis de la direction des affaires juridiques", a-t-elle expliqué.

De plus "il remplaçait deux contrats de conseil de la précédente présidence (Jean-Luc Hees, ndlr) d'un montant équivalent", a ajouté une porte-parole de Mathieu Gallet.

- 'Droit d'alerte' -

Le jeune PDG de 38 ans, nommé par le CSA, avait déjà été affaibli par la révélation des frais de rénovation de son bureau de plus de 100.000 euros. Il a présenté lundi ses excuses au personnel mais dénoncé "une campagne de déstabilisation".

Depuis plusieurs semaines, le personnel craint un plan d'économies et des réductions d'effectifs. Pour la première fois de son histoire, Radio France est lourdement déficitaire, prise en tenailles entre une baisse de la dotation de l’État et des charges -dont 60% de masse salariale- qui continuent à croître. Le budget 2015 prévoit un déficit de 21,3 millions d'euros.

Il y a deux mois, Mathieu Gallet avait averti que le groupe devait trouver 50 millions d'euros d’économies, sans préciser comment réduire les coûts. Le PDG expliquait devoir attendre l'issue des négociations en cours avec l’État sur le nouveau contrat d'objectifs et de moyens (COM), qui fixera les ressources du groupe sur plusieurs années. Ce COM est attendu pour la mi-avril.

Les syndicats ont décidé de monter au créneau sans attendre, avec deux premières grèves de 24 heures les 11 février et 12 mars, puis de passer à la vitesse supérieure avec un préavis de grève illimitée déposé jeudi dernier.

A l'issue du CCE de mardi, les syndicats pourraient décider de déclencher un "droit d'alerte économique", procédure qui prévoit notamment un audit des comptes.

Malgré un faible taux de participation mis en avant par la direction - 244 grévistes lundi, selon elle - toutes les antennes étaient largement paralysées. De nombreux programmes sont remplacés par des bandes musicales et lundi et mardi, la matinale de France Inter, son émission phare, a été annulée.

Prochainement la Cour des comptes doit publier un rapport sur la gestion de Radio France, qui devrait pointer le dérapage des dépenses de rénovation de la Maison de la Radio.

Source : AFP

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