Le crash de l'A320 de Germanwings, un coup dur pour Lufthansa déjà fragilisée

  • Des membres d'équipage Germanwings et Lufthansa des chandelles à la main devant le siège de Germanwings à Cologne, dans l'ouest de l'Allemagne le 25 mars 2015
    Des membres d'équipage Germanwings et Lufthansa des chandelles à la main devant le siège de Germanwings à Cologne, dans l'ouest de l'Allemagne le 25 mars 2015 DPA/AFP - Marius Becker
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Centre Presse Aveyron

Le crash d'un avion de sa filiale Germanwings, catastrophique pour son image, arrive à un très mauvais moment pour Lufthansa, géant européen du transport aérien malmené par la concurrence des compagnies low-cost et en plein conflit avec ses pilotes.

"Il s'agit sans doute du jour le plus dur (de son histoire) pour Lufthansa", a déclaré Simone Menne, directrice financière, mercredi à Francfort à l'issue d'une minute de silence que les 119.000 salariés du groupe avaient été appelés à observer. Elle a eu lieu à 10H53 (09H53 GMT), l'heure exacte à laquelle le contact avec le vol 4U 9525 reliant Barcelone à Düsseldorf et transportant 150 personnes a été perdu mardi.

Le patron de Lufthansa, Carsten Spohr, en poste depuis moins d'un an, avait parlé la veille d'un "jour noir pour Lufthansa".

Outre le drame humain, c'est toute sa stratégie qui pourrait se voir remise en question.

"Pour Spohr, il va être difficile de défendre sa stratégie à bas coûts" après la tragédie, analysait dans le Handelsblatt Gerald Wissel, de la société de conseil allemande Airborne Consulting.

"Le crash pourrait mettre en péril le concept low-cost" du groupe, estime aussi Dirk Schlamp, analyste de DZ Bank, qui parle d'un "coup dur" pour Lufthansa, et ce même si les causes sont toujours inconnues et les responsabilités pas encore établies.

- Réputation entachée -

L'accident "pourrait nuire de manière substantielle à la réputation" de Lufthansa, "reconnu pour sa compétence technique et sa fiabilité", juge l'analyste. Il n'attend pas pour autant de changement majeur à court terme dans la stratégie de Lufthansa.

Pour répondre à la concurrence intense venue des compagnies à low-cost EasyJet et Ryanair mais aussi des compagnies du Golfe et de Turkish Airlines, le groupe, qui doit souffler ses 60 bougies en avril et chapeaute aussi les compagnies Swiss et Austrian Airlines, a placé beaucoup d'espoirs dans ses filiales à petits prix, Germanwings et Eurowings.

Germanwings a déjà repris progressivement depuis 2013 toutes les liaisons de Lufthansa à l'intérieur de l'Allemagne et en Europe, en dehors de celles qui décollent ou atterrissent des aéroports de Munich et Francfort, ses principaux hubs.

Germanwings opère à des coûts de 20% inférieurs à ceux de la compagnie Lufthansa mais supérieurs à ceux d'Eurowings. Cette dernière doit se lancer à l'automne sur un segment atypique, les vols low-cost long-courriers.

- Relations exécrables -

Le transfert vers le low-cost est source d'inquiétude au sein du groupe, où les relations sociales sont exécrables ces derniers mois.

Le syndicat des pilotes Cockpit et la direction sont engagés depuis avril 2014 dans un bras de fer sur la réforme du système de départ en préretraite des pilotes, qui vise à faire faire des économies à l'entreprise. Le conflit a conduit à 12 mouvements de grève depuis cette date, dont quatre jours encore la semaine dernière. Il en a coûté plus de 200 millions d'euros à Lufthansa l'an dernier, une des raisons pour la division par six de son bénéfice net en 2014 (à 55 millions d'euros).

Cockpit a indiqué mercredi avoir décidé de mettre entre parenthèses le conflit social après le crash.

L'accident de mardi a profondément a ébranlé le personnel du groupe. Au sein de Germanwings, certains équipages n'étaient pas prêts à monter à bord d'un appareil mercredi.

Lufthansa, qui a transporté 106 millions de passagers l'an passé, va également réduire la voilure de sa promotion publicitaire, a confirmé un porte-parole à un journal allemand.

Le crash de l'A320 de Germanwings dans les Alpes françaises est l'un des plus terribles de l'histoire de l'aviation civile allemande.

Lufthansa avait déjà connu des crashs dans le passé au sein de sa flotte, mais jamais avec un bilan humain aussi lourd.

Selon l'agence de presse allemande DPA, son plus grave accident jusqu'ici a eu lieu en novembre 1974, à Nairobi, faisant 59 morts. Le dernier crash dans son activité passagers remontait à septembre 1993, lors de l'atterrissage d'un A320 de Lufthansa à Varsovie, et celui de son activité fret à juillet 1999, au Népal.

Source : AFP

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