La Grèce aux urnes pour un référendum aux implications multiples

  • Le Premier ministre grec Alexis Tsipras se prépare à voter dans une salle de classe à Athènes le 5 juillet 2015, jour du référendum
    Le Premier ministre grec Alexis Tsipras se prépare à voter dans une salle de classe à Athènes le 5 juillet 2015, jour du référendum AFP - ARIS MESSINIS
  • Un prêtre orthodoxe prépare son bulletin de vote à Athènes le 5 juillet 2015, jour du référendum national
    Un prêtre orthodoxe prépare son bulletin de vote à Athènes le 5 juillet 2015, jour du référendum national AFP - LOUISA GOULIAMAKI
  • Une femme devant les affiches électorales dans un bureau de vote d'Athènes, jour du référendum le 5 juillet 2015
    Une femme devant les affiches électorales dans un bureau de vote d'Athènes, jour du référendum le 5 juillet 2015 AFP - LOUISA GOULIAMAKI
  • Le référendum grec du 5 juillet
    Le référendum grec du 5 juillet AFP - L.Saubadu/T.Saint-Cricq
  • Un homme vérifie l'inscription de son nom sur les listes électorales dans un bureau de vote de Thessalonique, le 5 juillet 2015
    Un homme vérifie l'inscription de son nom sur les listes électorales dans un bureau de vote de Thessalonique, le 5 juillet 2015 AFP - SAKIS MITROLIDIS
  • Un Grec retire de l'argent d'un distributeur bancaire à Athènes le 5 juillet 2015, jour du referendum en Grèce
    Un Grec retire de l'argent d'un distributeur bancaire à Athènes le 5 juillet 2015, jour du referendum en Grèce AFP - ANDREAS SOLARO
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Centre Presse Aveyron

Les Grecs votaient depuis dimanche matin pour un référendum indécis dont le résultat sera crucial pour l'avenir du premier gouvernement de gauche radicale de l'UE, mais aussi pour la place de la Grèce dans l'Europe.

"Personne ne peut ignorer le message de détermination d'un peuple à prendre son destin entre ses mains", a lancé après avoir voté le Premier ministre, Alexis Tsipras, qui appelle à voter non à cette consultation qui porte officiellement sur les dernières propositions faites à Athènes par les créanciers du pays (BCE, UE, FMI).

Devant le bureau de la rue Skoufa, à Athènes, ils étaient douze avant l'ouverture.

Michelis, 80 ans, chemise bleue et pantalon beige, allait voter non, "pour mes petits-enfants parce que c'est mieux pour le pays". Ainsi, "ils nous prendront plus au sérieux", expliquait-il, parlant des créanciers du pays (UE, BCE, FMI).

Près de lui, Theodora, 61 ans, cheveux blonds courts, en tee-shirt et jeans, une ancienne journaliste, allait voter "oui à l'UE... Je prie à genoux pour le oui, et je suis plus qu'en colère contre le gouvernement", disait-elle.

Les quatre derniers sondages publiés ne promettent un triomphe à personne: trois donnent l'avantage au oui, un au non, mais avec des avances respectives de 1,4 point au plus.

Le référendum arrive après cinq mois de discussions finalement infructueuses, entre le gouvernement grec, formé fin janvier par la gauche radicale Syriza d'Alexis Tsipras et le parti de droite souverainiste Anel, et les créanciers du pays.

Ceux-ci ont accordé à la Grèce depuis 2010 240 milliards d'euros d'aide ou promesses de prêts, mais n'ont rien versé depuis près d'un an.

Car le gouvernement refuse de consentir en échange à certaines réformes qu'il estime socialement trop difficiles.

Prenant acte de l'impasse, M. Tsipras a annoncé en pleine nuit le 27 juin ce référendum qui pose dimanche une question d'autant plus alambiquée que la Grèce n'est plus sous aucun programme d'aide depuis le 30 au soir.

"Faut-il accepter le plan d'accord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) lors de l'Eurogroupe du 25 juin?".

Les électeurs n'ont pu consulter ce plan financier, très technique, que sur des sites internet.

Initialement, le gouvernement Tsipras semblait espérer que, grâce à un non qui mettrait au moins la moitié des Grecs derrière lui, il pourrait simplement retourner plus fort à la négociation.

Mais les créanciers ont préféré dramatiser le débat.

Certains espèrent sans doute, comme l'a reconnu le président du Parlement européen Martin Schulz, que la consultation donnera ainsi l'opportunité d'en finir avec "l'ère Syriza" et son risque de contagion contestataire à d'autres pays d'une UE parfois fragile.

- Un accord lundi? -

Pour pousser au oui, ils présentent donc le non comme équivalant à une sortie de la Grèce de l'euro, auquel 74% des Grecs sont attachés, selon un sondage paru vendredi, contre 15% seulement qui reviendraient bien à la drachme.

Dans le quartier populaire de Pangrati, à Athènes, Katerina, 56 ans, les traits tirés, hésite encore, à quelques mètres de l'isoloir. Cette électricienne de Syriza est paralysée. "D’habitude je sais très bien quoi voter, mais là l’époque est si difficile, nous sommes anxieux, je ne sais pas quoi choisir".

C'est que toute cette campagne éclair se déroule dans une drôle d’atmosphère: les Grecs apeurés ont retiré autant d'argent que possible le week-end dernier, au point que les banques ont été fermées une semaine, et que les retraits d'argent aux distributeurs sont limités en attendant à 60 euros par personne et par jour.

Ils le thésaurisent soigneusement, réduisant visiblement l'activité économique, sauf pour les dépenses alimentaires, pour lesquelles ils ont dévalisé certains rayons, féculents, pâtes ou lait condensé.

Dans ce contexte financier tendu, le ministre des Finances Yanis Varoufakis a du démentir samedi, évoquant "une rumeur malveillante", un article du Financial Times mentionnant un projet de saisie d'une partie des comptes d'épargne.

Après des préparatifs particulièrement rapides, les deux groupes, oui ("nai") et non ("oxi") ont tenu vendredi soir deux grands meetings à Athènes pour se compter.

Match à peu près nul, 25.000 chez les non, qu'Alexis Tsipras a invités à montrer qu'ils veulent "vivre avec dignité en Europe", et 22.000 chez les oui.

Pour les Européens non plus, la partie n'était pas simple. Pawel Tokarski, analyste de la Fondation Sciences et Politique (SWP) à Berlin, juge que le scrutin "va déterminer la future trajectoire de l'intégration européenne".

La chancelière allemande Angela Merkel, notamment, est embarrassée car elle "ne voudrait pas qu'on dise qu'elle a poussé la Grèce hors de l'euro", analysait Julian Rappold, chercheur à l'Institut allemand de politique étrangère.

Tout cela faisait espérer au ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, seul dans le gouvernement à avoir promis de démissionner en cas de oui, que dès lundi, "on aurait un accord", indépendamment du résultat.

Samedi soir, le non a reçu le soutien de plusieurs centaines de personnes à Londres, Dublin ou Lisbonne.

Source : AFP

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