Nucléaire iranien: les réunions s'enchaînent "sans limite"

  • Le secrétaire d'Etat américain John Kerry (d)  et la sous-secrétaire américaine chargée des Affaires politiques Wendy Sherman à Vienne le 10 juillet 2015
    Le secrétaire d'Etat américain John Kerry (d) et la sous-secrétaire américaine chargée des Affaires politiques Wendy Sherman à Vienne le 10 juillet 2015 POOL/AFP - CARLOS BARRIA
  • Le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif tente de communiquer avec des médias depuis un balcon d'hôtel, le 10 juillet 2015 à Vienne
    Le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif tente de communiquer avec des médias depuis un balcon d'hôtel, le 10 juillet 2015 à Vienne POOL/AFP - CARLOS BARRIA
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Centre Presse Aveyron

Les négociations sur le nucléaire iranien sont entrées samedi dans leur troisième semaine sans qu'il y ait de signes d'un accord rapide, l'Iran refusant de se fixer une échéance et les Etats-Unis indiquant que des "questions difficiles" perdurent.

Au lendemain d'une énième prolongation des pourparlers, les principaux acteurs de la négociation, l'Américain John Kerry et l'Iranien Mohammad Javad Zarif, se sont retrouvés au palais Coburg, à Vienne, en milieu de matinée, en présence de la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini.

Il y a "encore des questions difficiles à régler", a tweeté le secrétaire d'Etat américain à l'issue de cet entretien, le dernier d'une longue série depuis le 27 juin.

Et il pourrait y en avoir encore beaucoup d'autres... "Nous n'avons aucune limite dans le temps pour parvenir à un bon accord", a déclaré à l'AFP un responsable iranien, interrogé sur la possibilité d'un report de ce round de négociations.

John Kerry a ensuite échangé avec les ministres des Affaires étrangères français Laurent Fabius et allemand Frank-Walter Steinmeier. Leur homologue britannique Philip Hammond est revenu à Vienne en milieu d'après-midi après une pause de 24 heures, tandis que les chefs de la diplomatie russe et chinoise sont absents depuis plusieurs jours.

Ces pays, dit P5+1, négocient avec Téhéran pour tenter de refermer un dossier qui empoisonne depuis plus de 12 ans les relations internationales.

La République islamique est soupçonnée d'avoir mené jusqu'en 2003, et peut-être au delà, un programme nucléaire militaire sous couvert d'un programme civil, ce qu'elle a toujours nié.

Depuis 2006, la communauté internationale a voté plusieurs trains de sanctions contre Téhéran, qui étouffent l'économie de ce pays de 77 millions d'habitants.

Depuis septembre 2013, de nouvelles négociations sont engagées afin d'arracher un accord qui permette de rassurer la communauté internationale et les voisins de l'Iran sur son programme nucléaire, en échange d'une levée des sanctions.

En avril, à Lausanne, les négociateurs s'étaient entendus sur les grandes lignes d'un accord, notamment la diminution du nombre de centrifugeuses ou du stock d'uranium enrichi de Téhéran.

Depuis, les experts des deux parties ont mené plusieurs séries de négociations pour définir les modalités pratiques de l'accord final.

- Sites militaires -

Depuis son ouverture, la séquence viennoise censée être la dernière, a permis d'avancer de nombreux points mais il reste encore des pierres d'achoppement.

Les discussions butent notamment sur la levée de restrictions sur les armes, réclamées par Téhéran avec le soutien de Moscou. Les Occidentaux jugent cette demande délicate en raison de l'implication iranienne dans plusieurs conflits, notamment en Syrie, en Irak ou au Yémen.

Autre point de désaccord: le rythme de levée des sanctions. Les Iraniens souhaitent un engagement immédiat de leurs partenaires, mais ceux-ci envisagent une levée graduelle et la possibilité de revenir en arrière en cas de violation de l'accord.

Le P5+1 demandent aussi la possibilité d'accès des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique à des sites militaires "si nécessaire", ce que des responsables militaires iraniens rejettent.

Enfin, les deux camps se disputent sur la durée des clauses imposées à l'Iran.

Jeudi, le ton est monté, chaque partie accusant l'autre de ne pas prendre les décisions nécessaires.

Pour l'analyste Kelsey Davenport, spécialiste du dossier, ce n'est pourtant "plus l'heure de la surenchère ou de durcir les positions. C'est un moment historique et il pourrait y avoir de lourdes conséquences si les négociateurs laissaient filer l'occasion de conclure un bon accord".

"Reporter la décision sur un accord à ce stade, ou échouer à résoudre les derniers détails et quitter la table des discussions, permettrait aux opposants à un accord, tenants de la ligne la plus dure, notamment au sein du Congrès américain, d'agir pour empêcher la finalisation d'un accord", met en garde cette spécialiste basée à Washington, qui travaille pour l'Arms Control Association.

Ces derniers fourbissent déjà leurs armes. Vendredi, le sénateur républicain John Cornyn s'est dit prêt à travailler avec ses collègues de la chambre haute pour "protéger les intérêts" américains en cas d'entente avec l'Iran.

En cas d'accord, le texte sera soumis aux parlementaires américains, qui pourraient le faire capoter mais avec une majorité des deux tiers au Congrès.

Source : AFP

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