Carnage évité dans le Thalys: l'ombre d'un solitaire "déterminé", plus ou moins préparé

  • Une photo de téléphone portable prise par un passager du Thalys montre le suspect, plaqué au sol par la police sur un quai de gare à Arras, le 21 août 2015
    Une photo de téléphone portable prise par un passager du Thalys montre le suspect, plaqué au sol par la police sur un quai de gare à Arras, le 21 août 2015 WITNESS/AFP - CHRISTINA CATHERINE COONS
  • La police scientifique examine le 22 août 2015 en gare d'Arras le train Thalys victime d'une attaque la veille
    La police scientifique examine le 22 août 2015 en gare d'Arras le train Thalys victime d'une attaque la veille AFP - Philippe Huguen
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Centre Presse Aveyron

Des motivations encore inconnues, mais un homme, kalachnikov à la main, mis à terre de justesse par deux citoyens: le carnage évité du Thalys porte la signature d'un acte terroriste opéré par un solitaire "déterminé", un profil discret mais vulnérable face aux imprévus, estiment des experts du terrorisme.

Armement lourd, des liens avec la mouvance islamiste radicale, un possible passage en Syrie: "plusieurs indices" tendent à montrer que celui qui a ouvert le feu vendredi dans le train Amsterdam-Paris avant d'être interpellé en gare d'Arras, projetait "une attaque terroriste", estime Jean-Charles Brisard, expert des questions liées au terrorisme. Le spécialiste entend toutefois "rester prudent sur ses motivations".

Transféré samedi matin d'Arras à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), au siège de la sous-direction antiterroriste (Sdat) et de la DGSI, le suspect qui a commencé à parler nie toute implication terroriste.

A ce stade, l'enquête ne permet pas de dire si le suspect "connaissait le maniement des armes", mais sa présence dans un train de voyageurs "montre en tout cas une détermination et une préparation" dans son projet, selon M. Brisard.

Un possible carnage a certainement été évité grâce à des voyageurs, dont deux militaires américains, qui ont maîtrisé le suspect. "La démonstration est faite que la cible du train est particulièrement mal choisie, compte tenu des risques de se faire repérer", juge au contraire Alain Bauer, professeur en criminologie au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), soulignant une forme d'amateurisme dans la démarche du suspect.

- La médiatisation recherchée -

Les organisations terroristes incitent des apprentis terroristes à "passer à l'acte y compris sur le sol français, que ce soit de manière rudimentaire ou de manière plus élaborée", selon M. Brisard. Des profils "solitaires" qui ont l'avantage d'être "plus discrets que les réseaux logistico-opérationnels" et plus "difficilement repérables", décrit Louis Caprioli, ancien sous-directeur à la Direction française de la surveillance du territoire (DST).

"Ces "agents autonomes" et "envoyés spéciaux" "ont tous un lien, une connexion avec un dispositif qui leur permet de mettre en oeuvre leur action", selon M. Bauer. "C'est la possibilité pour les groupes terroristes d'avoir des éléments supplétifs qui agissent sur les terrains occidentaux", quand eux considèrent s'occuper de "choses sérieuses", comme en Irak et en Syrie.

Mais ce mode opérationnel en solo présente des "limites" selon M. Caprioli. Arme qui s'enraye, contrôle fortuit de police: même face à une opération bien préparée, "il y a toujours un facteur chance, des incidents que le terroriste ne maîtrise pas et auxquels il n'est pas préparé", explique M. Caprioli.

"Qu'il y ait 3 blessés ou 30 morts, peu importe le résultat!", affirme M. Bauer. "L'effet recherché par les organisations terroristes est la médiatisation, c'est de rendre la situation tendue et d'opérer un changement de mode de vie: que les gens aient peur de prendre les transports, de partir en vacances".

La neutralisation du suspect de l'attaque du Thalys rappelle celle du Britannique Richard Reid, maîtrisé par d'autres passagers et par les membres d'équipage alors qu'il avait tenté de faire exploser un vol Paris-Miami en décembre 2001 avec des chaussures piégées à l'explosif, trois mois après le 11-Septembre.

D'autres attaques ont pu être évitées de manière fortuite après un raté de l'assaillant. Sid Ahmed Ghlam, un étudiant de 19 ans, a été arrêté le 19 avril dernier après avoir appelé les secours pour une blessure à une jambe. Il est soupçonné d'avoir tué une femme et envisagé d'attaquer une église.

Source : AFP

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