Crise des migrants: Danemark et Hongrie marquent leur refus de la politique d'accueil prônée par Berlin

  • Des migrants et réfugiés attendent de traverser la frontière entre la Grèce et la Macédoine, le 10 septembre 2015 à Idomeni
    Des migrants et réfugiés attendent de traverser la frontière entre la Grèce et la Macédoine, le 10 septembre 2015 à Idomeni AFP - SAKIS MITROLIDIS
  • Des femmes et des enfants réfugiés attendent devant une tente pour une visite médicale à leur arrivée à Schoeneberg, près de Berlin, le 10 septembre 2015 en Allemgne
    Des femmes et des enfants réfugiés attendent devant une tente pour une visite médicale à leur arrivée à Schoeneberg, près de Berlin, le 10 septembre 2015 en Allemgne DPA/AFP - PATRICK PLEUL
  • Angela Merkel serre la main de réfugiés alors qu'elle visite un centre d'enregistrement de demandes d'asile, le 10 septembre 2015 à Berlin
    Angela Merkel serre la main de réfugiés alors qu'elle visite un centre d'enregistrement de demandes d'asile, le 10 septembre 2015 à Berlin DPA/AFP - BERND VON JUTRCZENKA
  • Détail du nouveau plan d'accueil de 120 000 réfugiés proposé par la commission européenne Détail du nouveau plan d'accueil de 120 000 réfugiés proposé par la commission européenne
    Détail du nouveau plan d'accueil de 120 000 réfugiés proposé par la commission européenne AFP - Jochen Gebauer/GRA, smi/jj/jfs/sim
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Centre Presse Aveyron

Le Danemark qui bloque les migrants en route pour la Suède, la Hongrie prête à déployer des troupes à ses frontières: malgré les appels à la générosité, la confusion et la division régnaient toujours jeudi parmi les Européens face aux dizaines de milliers de migrants errant sur leurs routes.

Cinq mille migrants, dont des réfugiés fuyant les conflits au Moyen-Orient, sont arrivés au cours des dernières 24 heures à la frontière entre la Serbie et la Hongrie, un record, a rapporté jeudi la télévision d'Etat serbe (RTS).

Devenu un nouveau point de tension d'une crise sans précédent depuis des décennies, le Danemark essaye de freiner l'arrivée de nouveaux migrants en transit vers la Suède... où les réfugiés sont en revanche officiellement les bienvenus.

La police danoise a interdit aux trains de monter sur le ferry reliant le port allemand de Puttgarden à celui de Rodby, au Danemark. Les autorités ont néanmoins promis de rétablir rapidement les liaisons ferroviaires avec l'Allemagne.

Fer de lance d'une politique d'accueil très large, l'Allemagne a annoncé jeudi avoir enregistré 450.000 nouveaux réfugiés depuis le début de l'année dont 37.000 pour la seule première semaine de septembre.

"Cela montre franchement que la répartition de 160.000 réfugiés en Europe n'est qu'un premier pas si l'on veut rester cordial. On peut aussi dire une goutte d'eau dans la mer", a insisté le vice-chancelier Sigmar Gabriel.

L'Allemagne s'attend à accueillir 800.000 demandeurs d'asile en 2015, soit quatre fois plus que l'année précédente et un record en Europe.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avait réclamé mercredi aux Européens "audace" et "humanité" en demandant aux pays membres de l'UE de se mettre d'accord dès la semaine prochaine sur la répartition de 160.000 réfugiés.

Sa proposition a reçu l'assentiment de pays comme la France et l'Allemagne mais est très loin de faire l'unanimité.

- Manoeuvres militaires hongroises -

Ainsi, juste après l'appel vibrant de M. Juncker devant le Parlement européen, Budapest a persisté de manière spectaculaire dans son refus de participer à un élan commun.

L'armée hongroise a ainsi procédé à des manoeuvres militaires dans le sud du pays pour se préparer à une éventuelle mission de contrôle aux frontières après l'entrée en vigueur de nouvelles lois antimigrants.

"C'est notre travail de faire en sorte que la Hongrie soit défendue", a déclaré le général Tibor Benko à la télévision.

La Hongrie a déjà installé une barrière controversée de fils de fer barbelés le long des 175 km de frontière avec la Serbie pour contrer l'afflux de migrants, sans grand succès. Une deuxième clôture, haute de quatre mètres, est en cours de construction.

Le cardinal de Budapest Péter Erdö a personnellement rappelé qu'au regard du droit hongrois, quiconque offrirait un abri à un migrant se rendrait coupable de "trafic d'êtres humains".

A la frontière hungaro-serbe, bloqués par la police dans un camp de transit, des centaines réfugiés grelottent de froid la nuit venue.

"C'est Bachar (le président syrien, ndlr) qui devrait être là à notre place, tout est de sa faute", expliquait un groupe de jeunes syriens, emmitouflés de la tête aux pieds dans des couvertures.

Plus au nord, le flux de migrants a repris de plus belle à la frontière austro-hongroise, selon la police autrichienne, qui a fait état de 3.000 nouveaux arrivants dans la nuit de mercredi à jeudi.

Et le mouvement devrait encore d'accélérer d'ici au 15 septembre, date à laquelle la Hongrie veut rendre sa frontière avec la Serbie totalement étanche.

- 'Action décisive ' -

Des milliers de migrants et réfugiés continuent également d'affluer en Grèce, à partir de la Turquie. Devenue le lieu emblématique de cet exode, la petite île grecque de Lesbos a reçu à elle seule 20.000 candidats à l'exil, soit l'équivalent du quart de sa population.

La chancelière allemande Angela Merkel, qui devait visiter jeudi matin un centre d'enregistrement de demandes d'asile puis une classe pour enfants de migrants ne parlant pas allemand, plaide plus que jamais pour une répartition "contraignante" des réfugiés.

Elle a également proposé une réunion du G7 et de plusieurs pays arabes pour débloquer des fonds en faveur des réfugiés dans les pays voisins de la Syrie.

Treize grands journaux européens ont appelé jeudi, dans une lettre ouverte, les gouvernement européens à une "action décisive" face à cette crise des migrants en estimant que l'UE en "fait trop peu et trop tard".

Signe de l'écho de cette crise au delà de l'Europe, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a assuré que Washington allait faire un effort pour accueillir des réfugiés syriens.

Le département d'Etat a promis qu'il y aurait entre 5.000 et 8.000 réfugiés syriens aux Etats-Unis à l'automne 2016, alors que Washington s'en tenait jusqu'à présent aux 1.500 accueillis depuis 2011.

Source : AFP

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