Des albums filant sur la Toile

Nous sommes à l’ère moderne dans la musique aussi. Non content d’en faire sans instruments, rien qu’avec des bidouillages ou la musique des autres, on signe aussi aujourd’hui de plus en plus des chansons ou des albums «dématérialisés», qui n’auront aucune réalité physique.

La troisième possibilité étant pour monsieur l’Ouïe : pourquoi lui envoyer par la poste un album qu’il suffit de lui transmettre par e-mail, en téléchargement privé, avec la pochette en image et toutes les infos nécessaire à la cogitation intellectuelle de ce vieux chroniqueur dinosaure, qui une fois sur mille pensera à regarder ce qu’il a dans sa messagerie internet.

Et c’est en fouillant dans sa boîte qu’il va ainsi trouver quelques albums sans corps que de zélés attachés de presse lui balancent un peu comme des bouteilles pleines dans le désert de la Mort. Voici donc ce qu’il a reçu juste avant cet été, et qu’il vient de retrouver.

• BUBBLE BRAIN

Et avant tout ce mini-album d’Alexis and the Brainbow, le dernier mot étant une belle trouvaille entre «brain», cerveau, et «rainbow», arc-en-ciel. Ce quatuor français a d’ailleurs été remarqué il y a deux ans par les Inrockuptibles, qui saluaient en eux un «véritable arc-en-ciel sur la scène pop française». Un arc-en-ciel qui n’a nul besoin d’orages ou de pluie, et qui perdure donc deux ans plus tard avec ce «jeune flingue» qui fait plutôt des bulles de chewing-gum que de tirer des bastos.

Il n’empêche que c’est bien un revolver que ces «arcs-en-cerveaux» (osons, osons) ont dans leurs mains. Un cinq-coups comme autant de morceaux, plus trois bubballes spéciales sous forme de remix. Une belle voix un brin soul naviguant quelque part entre Echo and the Bunnymen et Depeche Mode, et des morceaux où la pop, le rock, la new wave et le funk se mélangent en clair-obscur, entre lumière d’une superbe éclaircie et crépuscule sucré-salé. De «No longer» à «Flow», cinq titres agréables à l’oreille et pas déplaisants à danser. Alexis and the Brainbow, «A young gun», plus d’infos sur alexisandthebrainbow.com

 

• PLANéTAIRE
   

Sur le Net, il y a aussi parfois des expériences qui dépassent les frontières. C’est le cas de Tone Makers, un collectif d’artistes et de musiciens répartis un peu partout sur la planète. Ce collectif se veut autre chose qu’une «variable d’une économie de la création fondée sur la distribution de produits culturels», même si leur premier fait d’armes consiste en une reprise, «Free» de Steevie Wonder, un morceau concocté donc et assemblé via internet. Mais c’est une plutôt bonne reprise, et les Tone Makers ont dévoyé pour cela un jeune chanteur, Sean Hutchinson, impeccable dans le rôle. Pour entendre ce titre, rendez-vous sur YouTube et taper «Free by Tone Makers».

• FOLIE
   

Sorte de raphaëls électrisés ou de BB Brunes en blondes (je rigole), ou tout au moins dans la lignée, et avec un parfum naïf de sombre désir, LSX a sorti en toute fin mai son deuxième album, «La folie». Un tout premier titre introduisant l’album, «Cent fois», a atteint maintes radios locales et nationales, et sûrement bon nombre de jeunes adultes ont dû écouter cet album assez vitaminé et plein d’amours et de (bons) sentiments. Là, monsieur l’Ouïe reste dans le coup, puisqu’un deuxième titre, «Sans hasard», sera dans la BO d’un film qui sortira en octobre, «Iqbal, l’histoire d’un enfant qui n’avait pas peur». Sinon, le trio rock de LSX décoche au fil de ces douze titres quelques bons riffs qui font mouche. LSX, «La folie», chez LSX Productions.

• SELIM ROCK
   

L’album de Selim, en revanche, est sorti lui à la rentrée, le 4 septembre. Enfin, peut-être. Ce rock électronique intitulé «Maison Rock» est sorti en édition limité et n’est plus disponible à la vente. Et pour cause, c’était un vrai objet, pas virtuel du tout, et chaque jaquette d’album était unique. Mais oui, l’album est bien sorti, et est parti comme des petits pains. Bon, faut dire aussi que Selim appartient à une famille de griots français, que son premier prénom, c’est Joseph (ses amis l’appellent Jojo), et que son nom de famille, c’est Chedid. Il y a d’ailleurs un air de famille avec -M-, dans la voix, même si Selim, aussi délirant, semble un peu moins déluré que son guitar héros de frangin. Pour le reste, je vous laisse vous débrouiller avec votre mulot pour retrouver trace sur internet de cette «Maison Rock». C’est votre mission, si vous l’acceptez...