L’Aveyron en état d’alerte

Vendredi soir, l’effroi et l’horreur saisissent la France, l’Aveyron, et son préfet. Alors que Paris est le théâtre d’attaques meurtrières, Louis Laugier se trouve à Périgueux, où il effectue un stage de formation consacré à l’ordre public. Laissant tomber ses manœuvres, il contacte le secrétaire général de la préfecture. Par téléphone, entre 23 heures et minuit, ils élaborent «les premières mesures» accompagnant la situation d’état d’urgence que vient d’annoncer le président François Hollande. Le préfet de l’Aveyron rejoint ensuite Rodez.

Dès 5h30, ils reprennent des échanges téléphoniques qui le conduisent jusqu’à la réunion d’état-major de sécurité, organisée hier, en fin de matinée, à la préfecture. Le département s’organise et se prépare... «L’état d’urgence renforce le cadre d’emploi des préfets», explique Louis Laugier. «Il nous a été demandé de tenir compte de la réalité locale». Bref, l’Aveyron n’est pas Paris, même s’il est ici aussi question de grande vigilance; dans une France en état d’urgence, on peut dire que le département se trouve, pour l’heure tout du moins, en état d’alerte. Comme le dit le préfet, «ces mesures spécifiques (celles décidées en Île-de- France) n’ont pas forcément vocation à être mises en place immédiatement».

«Mesures spécifiques»

Ce qui n’empêche pas l’instauration de «mesures spécifiques». Certaines ont un caractère immédiat: la vérification de tous les plans d’alerte a été opérée hier matin (pour les secours à personne, par exemple) et des actions spécifiques menées par les forces de l’ordre, dans leur domaine de compétences, sont mises en œuvre ou renforcées (plan Vigipirate, surveillance accrue des sites sensibles ou de rassemblements de personnes, etc.). Cela, sachant que «le dispositif sera adapté autant de fois que nécessaire». Bien sûr, dans le même temps, des dispositions sont prises, mais restent secrètes pour d’évidentes raisons de sécurité ou d’efficacité. D’autres mesures présentent un caractère dit ultérieur.

«On anticipe !» explique le représentant de l’État. Car il s’agit-là de prévoir la montée en puissance des effectifs des forces de l’ordre et de secours. Aujourd’hui, l’Aveyron n’en est pas à appeler des renforts; il s’agit de «prioriser des missions pour en garder en réserve». Concrètement, pour les policiers et gendarmes, notamment, on parle, à titre d’exemple, de «décalage d’horaires» (de service) et de «report de repos», pour bénéficier des effectifs nécessaires au bon endroit et au bon moment.

Quant à la question d’annuler tel ou tel événement, hormis les déplacements scolaires à l’étranger qui ont été suspendus, la préfecture déclare qu’il n’y a «pas d’interdiction globale». Une nouvelle fois parce qu’elle fait la distinction entre la situation en Aveyron et celle de la région parisienne. À ce jour, Louis Laugier déclare : «Moi, je n’ai pas le pouvoir d’interdire autre que pour des raisons d’ordre public des manifestations telles que des concerts». Et des rassemblements de citoyens comme ceux que l’on a connus après les attentats de janvier dernier ? En cette période trouble de lendemains d’attentats terroristes, le préfet fait la grimace à leur évocation, mais prévoira leur «accompagnement», si besoin.