Le débat sur un durcissement sécuritaire agite la presse

  • Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et le Premier ministre Manuel Valls au centre de commandement de la police le 15 novembre 2015 à Paris
    Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et le Premier ministre Manuel Valls au centre de commandement de la police le 15 novembre 2015 à Paris AFP - ERIC FEFERBERG
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Centre Presse Aveyron

La riposte aux attentats de vendredi qui ont ensanglanté Paris doit-elle aller jusqu'à restreindre certaines libertés et durcir les mesures de sécurité ? Le débat agite la presse de lundi.

L'aviation française a bombardé dimanche soir un fief syrien du groupe Etat islamique, qui a revendiqué les attentats. Une première des "décisions appropriées" que François Hollande a dit vouloir apporter après les actions kamikazes qui ont fait au moins 129 morts.

Le chef de l'Etat doit aussi annoncer lundi au Congrès réuni à Versailles une prolongation de l'état d'urgence d'au moins trois mois.

Dans L'Opinion, Nicolas Beytout invite François Hollande à aller "au-delà du discours" et à "relever le niveau de sa réponse" car "l’agression a changé d’intensité (et) la riposte sécuritaire et militaire doit maintenant être réévaluée".

Laurent Marchand de Ouest-France estime lui aussi que "des changements sont inévitables à tous les niveaux", notamment "en adoptant enfin les mesures coercitives que l’opinion attend face à des membres avérés des réseaux terroristes".

Même priorité chez Raymond Couraud de L'Alsace, pour qui "l’état d’urgence n’est pas un simple catalogue de mesures" mais "un état d’esprit fait d’intransigeance à l’égard de l’ennemi et de la volonté inébranlable de le vaincre et de l’éradiquer".

Le Figaro doute moins de la détermination présidentielle que de celle de ses soutiens. "Faire la guerre requiert d’avoir derrière soi des guerriers déterminés et sans états d’âme. Et non des troupes qui réclament des pistolets à bouchon quand il faudrait des mitrailleuses. A cette aune, nul n’osera prétendre que la majorité socialiste est la plus à même de mener le titanesque combat contre l’Etat islamique", s'alarme Paul-Henri du Limbert.

- Refuser la stigmatisation -

C'est une autre inquiétude qui s'exprime dans une partie de la presse, que résume Bruno Bécard de La Nouvelle République du Centre-Ouest: "l’horreur de ce vendredi noir à Paris produira t-elle des mesures attentatoires aux valeurs de la République, valeurs fondées sur le droit et la justice ?"

Pour Laurent Joffrin de Libération, "autant personne ne comprendrait qu’une telle agression, ourdie par Daech, reste impunie, autant une rhétorique guerrière traditionnelle, alors que cette guerre échappe aux définitions classiques, est décalée par rapport à la réalité du conflit".

"Le terrorisme sera d’autant plus efficacement combattu que nous resterons une société ouverte, tolérante, qui refuse la stigmatisation, de confondre nos concitoyens de confession musulmane avec l’étendard de la mort djihadiste, qui combat le racisme sous toutes ses formes", insiste Patrick Le Hyaric dans L'Humanité.

Pascal Coquis lui fait écho dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace: "se diviser, se livrer à des vendettas primitives, jouer les communautés les unes contre les autres c’est faire le jeu des terroristes qui se nourrissent du chaos".

Source : AFP

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