Les attentats de Paris ont ancré pour longtemps la peur chez les Français

  • Des bougies tricolores à Aix-en-Provence pour les victimes des attaques de Paris
    Des bougies tricolores à Aix-en-Provence pour les victimes des attaques de Paris AFP - BORIS HORVAT
  • Des passagers observent une minute de silence en hommage aux victimes des attaques de Paris, le 16 novembre 2015 métro République
    Des passagers observent une minute de silence en hommage aux victimes des attaques de Paris, le 16 novembre 2015 métro République AFP - LOIC VENANCE
  • Des Parisiens se recueillent Place de la République à Paris, le 16 novembre 2015
    Des Parisiens se recueillent Place de la République à Paris, le 16 novembre 2015 AFP - ADRIEN MORLENT
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Centre Presse Aveyron

En visant cette fois des lieux ordinaires, les attentats de Paris ont ancré pour longtemps une peur profonde dans la société française, tournant parfois à la psychose, comme l'a illustré un mouvement de panique dimanche dans le centre de la capitale.

"La différence avec les attentats (de Charlie Hebdo ou de l'épicerie casher) de janvier est que les terroristes ont fait la démonstration de leur capacité à frapper n'importe qui, n'importe où, n'importe quand. Ils ont choisi des terrasses de bars, de restaurants, un lieu de spectacle, un lieu sportif", résume Jean-Pierre Bouchard, psychologue et criminologue.

"Chacun a pris conscience qu'il pouvait être lui-même frappé de façon extrêmement injuste et soudaine. Cela est désormais ancré émotionnellement dans la tête et la chair des gens. Tout le monde est donc porteur de ce traumatisme", explique-t-il.

Derrière la volonté affichée de continuer à vivre normalement - d'où les slogans "tous unis, même pas peur" -, le moindre bruit, la moindre situation rappelant les événements peut réactiver ce choc et conduire à des mouvements de panique collective.

Les premiers rassemblements de foule ont d'ailleurs tourné à la bousculade dimanche soir lorsqu'un mouvement de panique s'est emparé du centre de Paris.

Après un jet de pétards et l'éclatement d'une ampoule ou d'un chauffage de terrasse, des gens sont allés jusqu'à se jeter dans le canal Saint-Martin ou se barricader dans les toilettes des cafés.

- Conscience du danger -

Les craintes sont d'autant plus fortes que les terroristes sont parvenus à frapper malgré la mobilisation sans précédent des services de l'Etat, observe Fehti Benslama, psychanalyste spécialiste du fait religieux.

"Les forces de l'ordre démantèlent régulièrement des groupes, déjouent des attentats mais les mailles de leur filet ne sont pas encore assez resserrées pour empêcher les terroristes de passer à l'acte comme cela avait été le cas depuis les années 90", ajoute-t-il.

Cette menace réelle est devenue une source de stress permanent, surtout pour ceux qui ont été directement affectés par les attaques de vendredi mais aussi pour tous ceux qui sont contraints de reprendre les transports en commun.

Plus jamais personne ne pourra aller à un concert ou au restaurant sans penser à ces attentats qui ont fait 129 morts.

"L'inquiétude est à peu près la même qu'en 1995", estime Carole Damiani, Docteur en psychologie clinique, spécialiste de l'aide aux victimes. Et, "il faudra du temps pour revenir à la normale", prévient-elle.

De manière plus positive, Jean-Pierre Bouchard souligne qu'en gardant en mémoire ces événements tragiques, la population va aussi "développer des réactions de vigilance".

"C'est du stress adapté, qui tient compte du danger de façon rationnelle", un stress finalement utile pour ne pas s'exposer au danger, dit-il.

Pour ceux, qui seront dans des états de "stress dépassé" se traduisant par des réactions de panique ou de sidération face au danger, une prise en charge s'impose. "Ce sont des réactions statistiquement moins nombreuses", précise-t-il.

Selon lui, la plupart des personnes ont désormais conscience du danger sans pour autant être prêtes à bouleverser leur quotidien.

"On ne pourra pas vivre comme s'il ne s'était rien passé mais sans pour autant handicaper sa vie", dit-il.

Dans ce contexte, le rôle de l'Etat est fondamental pour revenir à une vie quotidienne apaisée, relève Fehti Benslama.

"Il doit tenir un discours non pas pour rassurer bêtement mais pour dire que la France est un pays qui dispose de moyens importants pour faire face à cette menace avec la collaboration de tout le monde", souligne le psychanaliste.

Il note que si les terroristes ont pu rentrer au Bataclan, ils sont restés aux portes du Stade de France.

"Nous ne sommes pas démunis, on peut se défendre avec plus de vigilance et de rigueur. Encore faut-il que les gens acceptent d'être fouillés, que les râleurs acceptent ces nouvelles règles", conclut-il.

Source : AFP

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