Régionales : l’heure des comptes en attendant dimanche

  • Dominique Reynié, au moment de voter chez lui à Onet, dimanche.
    Dominique Reynié, au moment de voter chez lui à Onet, dimanche. José A.Torrès
Publié le , mis à jour
Christophe Cathala

La droite partagée. L’Aveyron a placé Dominique Reynié en premier choix dimanche. Mais devait-il se maintenir au second tourquand, ailleurs, des socialistes se retirent face au Front national ?

Militants de base, électeurs de toujours, ténors politiques... Le débat s’anime dans la droite aveyronnaise depuis dimanche soir. Et les avis sont partagés. Dominique Reynié était-il vraiment le bon candidat ? La question gêne aux entournures, certains, y compris parmi les élus «Les Républicains» qui avouent mezza voce que le casting n’était peut-être pas le bon. «Il est hors jeu, et fait le plus mauvais score de la droite en France. Il n’a pas voulu suivre les conseils qu’on lui a donnés et n’a même pas fait en Sud-Aveyron, les scores de notre parti aux législatives...», lance un élu départemental sous couvert d’anonymat.

«Je pense a contrario qu’il est un bon candidat car il ne vient pas de la politique. Et dans le contexte actuel, c’est plutôt une bonne chose», modère Jean-Claude Luche, président UDI du conseil départemental et sénateur de l’Aveyron. «Et puis Dominique Reynié a été désigné candidat à l’issue d’une primaire. Il est légitime, poursuit-il. Il ne fallait pas dès lors accepter le jeu d’une primaire si d’autres avaient été mieux placés que lui». La légitimité de leur candidat, Les Républicains ne la remettent pas en cause. Mais l’environnement régional n’a pas plaidé nécessairement en sa faveur, suggère Yves Censi.

 «Le projet de Dominique Reynié n’a pas été entendu en Languedoc-Roussillon»

 «Un autre candidat aurait-il fait mieux, s’interroge le député de l’Aveyron. Sur cette région, on n’a pas de sortants, que des entrants avec un territoire très disparate et des écarts sociologiques très importants, c’est pour cela que j’étais contre cette fusion. Ce résultat, c’est le reflet du rapport de force politique: le projet de Dominique Reynié n’a pas été entendu en Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées est avant tout à gauche...» Ne fallait-il pas dès lors se retirer du second tour pour faire barrage au Front national ? La politique du ni retrait - ni fusion prônée par Nicolas Sarkozy est-elle la bonne dans cette région que même la droite pense perdue dimanche prochain ?

Gaulliste de la première heure, André At, maire de Crespin et conseiller départemental d’«Aveyron et Tarn» n’a qu’une idée en tête: que les candidats de la droite républicaine gagnent ou conservent leurs régions «Il faut se battre pour Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez, Christian Estrosi...», clame-t-il. Et Dominique Reynié ? «Ici, il nous aurait fallu donner des gages. Des socialistes se retirent ailleurs pour faire barrage au FN, Reynié aurait dû reconsidérer son maintien, encore une fois pour donner des gages aux électeurs socialistes».

«Être désabusé, c’est de l’inconscience»

Et d’insister: «Le “ni-ni” ne veut rien dire. Au final, les électeurs n’ont voté ni pour la gauche, ni pour la droite, mais pour le FN!». Mais André At tempère un peu son propos : «Le retrait de Reynié troublerait les électeurs qui pourraient être tentés de voter Aliot...» Yves Censi reprend : «Bien sûr, rester en lice, c’est faire barrage au FN, car bon nombre de nos électeurs ne se seraient pas portés sur Carole Delga». Le Front national, nouvelle bête noire de la droite en Aveyron ? «Voilà bien un parti qui n’est pas capable de présenter un projet», résume Jean-Claude Luche.

Et Yves Censi d’ajouter : «Le FN monte en Aveyron moins qu’ailleurs, même si une bonne partie de son score est venue de notre électorat. Je crois aux valeurs républicaines des Aveyronnais mais il faut savoir entendre les attentes et le mécontentement des électeurs frontistes. Pour l’heure, la meilleure arme pour faire barrage au second tour à Louis Aliot, c’est d’aller voter. Car ceux qui ne sont pas allés aux urnes dimanche ne sont pas tentés par le vote FN». La droite aveyronnaise qui voit mal se profiler la victoire dimanche prochain serait-elle désabusée ? «L’engagement politique est d’autant plus grave que la France est face à de nombreux dangers. Être désabusé, c’est de l’inconscience», prévient Yves Censi. 

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