Le «maquettiste fou» prépare ses nouveaux modèles

Accrochées à un clou, les nombreuses médaillées gagnées par Marc Gonzalez ont une place discrète dans son atelier, sous une réplique de zeppelin en papier et près d’un avion en bois en cours de construction. Cette année, le sociétaire du Maquet’club castonétois a ajouté trois breloques de plus à son palmarès déjà impressionnant. En coupe de France, il a décroché l’or en catégories bateau et voiture ainsi que l’argent en avion.

«Je ne compte pas mes médailles, assure le maquettiste. À vrai dire, je m’en fiche un peu. Ce n’est pas cela qui me pousse à faire des maquettes.»  Et plutôt que de savourer ses lauriers, il s’attelle déjà à travailler sur les modèles qu’il présentera en concours l’an prochain: un véhicule militaire, un cockpit d’avion et deux sous-marins.

«Au boulot, les collègues m’appelaient Mac Gyver»

Loin des récompenses, Marc Gonzalez puise sa motivation dans «le plaisir de créer». Toute sa vie, le retraité de 58 ans a utilisé ses mains pour couper, coller, bricoler, usiner, confectionner. D’abord comme ébéniste, puis en tant qu’ouvrier à la verrerie d’Albi. «Au boulot, les collègues m’appelaient Mac Gyver, se marre-t-il. Dès qu’il y avait quelque chose à réparer, ils venaient vers moi.» En plus de ses activités professionnelles, depuis de nombreuses années il consacre ses loisirs à fabriquer des maquettes. En tant que passionné d’aviation, il commence par reproduire les modèles d’appareils qui lui plaisent. «C’est d’ailleurs la première fois que j’ai vu un avion, à l’âge de 7 ou 8 ans, que j’ai eu l’envie de me lancer là-dedans», précise l’habitant de Saint-Juéry, dans le Tarn.

Plus de 500 modèles

Avec le temps, sa passion l’a aussi amené à monter des bateaux, sous-marins, voitures, trains et engins spatiaux.«J’ai monté environ 500 à 600 modèles dans ma vie, estime-t-il. D’ailleurs, je ne sais plus trop où les mettre.» Il ne se contente pas seulement de construire des maquettes à partir de boîtes achetées en suivant les consignes. «J’améliore en ajoutant des détails. Il faut que ça ressemble le plus possible à la réalité.» Il arrive également à Marc Gonzalez de confectionner ses reproductions tout seul. «C’est ce que l’on appelle le scratch. Il faut tout faire de A à Z, des plans au choix des matériaux, sans oublier de bien se renseigner sur les engins que l’on veut reproduire.» Car en concours, le moindre détail compte. «Des juges vont jusqu’à mesurer l’épaisseur des jointures», précise le membre du club castonétois. 

Dès 4 heures du matin dans son atelier

Mais ce n’est pas cela qui lui fait peur. Au contraire. Le passionné s’évertue à reproduire le plus insignifiant des éléments, du tuyau du masque à oxygène des pilotes d’avion, «avec du fil de cuivre entortillé», aux cadrans du tableau de bord, sans oublier l’usure de l’hélice. «Je me régale à faire tout cela, poursuit le maquettiste. Tous les jours dès 4 heures je suis dans mon atelier. Si on m’enlève les maquettes, je suis foutu !»

 Sa passion l’a même aidé à traverser un moment difficile dans son existence. Il y a quelques années, il a eu les deux pieds cassés lors d’un accident du travail. Bilan: près d’un an en fauteuil roulant. «Je n’ai jamais fait autant de maquettes qu’à cette période, admet Marc Gonzalez. D’un autre côté, c’était la seule chose que je pouvais faire.» Si depuis il a ralenti son rythme, il confectionne tout de même «1 à 2 modèles par mois», un niveau de production élevé. «Les autres membres du club me disent que je suis fou.» Et à le voir heureux dans son atelier comme un enfant un matin de Noël, sa folie créatrice n’est pas prête de s’arrêter.