Venezuela: le Parlement examine "l'état d'exception", l'opposition appelle à la désobéissance

  • Un militant de l'opposition face aux forces de l'ordre, le 12 mai 2016 à San Cristobal au Venezuela
    Un militant de l'opposition face aux forces de l'ordre, le 12 mai 2016 à San Cristobal au Venezuela AFP/Archives - George Castellanos
  • Le président vénézuélien Nicolas Maduro, le 14 mai 2016 à Caracas Le président vénézuélien Nicolas Maduro, le 14 mai 2016 à Caracas
    Le président vénézuélien Nicolas Maduro, le 14 mai 2016 à Caracas AFP/Archives - JUAN BARRETO
  • Henrique Capriles, un des chefs de l'opposition vénézuélienne, le 27 avril 2016 à Caracas
    Henrique Capriles, un des chefs de l'opposition vénézuélienne, le 27 avril 2016 à Caracas AFP/Archives - FEDERICO PARRA
  • Crise économique au Venezuela
    Crise économique au Venezuela AFP - Gustavo Izús
  • Des opposants au président Maduro dans les rues de Caracas, le 11 mai 2016
    Des opposants au président Maduro dans les rues de Caracas, le 11 mai 2016 AFP - Juan Barreto
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Centre Presse Aveyron

Le Parlement du Venezuela s'apprêtait à débattre mardi de la décision du gouvernement d'accroître ses pouvoirs en matière sécuritaire, tandis que le ton est encore monté entre le président Maduro et l'opposition qui appelle à la désobéissance.

"Si l'Assemblée nationale rejette ce décret, nous serons, nous Vénézuéliens, dans l'obligation d'ignorer ce décret", a déclaré Henrique Capriles, candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2013 face à Nicolas Maduro, dans un entretien radiophonique.

"Tous les actes que nous considérons nuls car ils violent la Constitution (...) ignorons-les", a-t-il ajouté.

Lundi soir, le pays a fait un pas de plus vers l'autoritarisme après la proclamation de "l'état d'exception" par Nicolas Maduro.

Un décret publié dans la soirée a étendu durant 60 jours les prérogatives du gouvernement en matière de sécurité et de distribution alimentaire : l'armée et la police ont désormais pour ordre de "garantir la distribution et la commercialisation des aliments et produits de première nécessité".

Des comités locaux de citoyens, récemment créés, se voient dotés de pouvoirs de "surveillance" et de "maintien de l'ordre" pour "garantir la sécurité et la souveraineté du pays".

Certains experts soulignent les restrictions en matière de libertés individuelles et le risque d'affrontements civils. Si le décret ne prévoit pas explicitement de limitation du droit à manifester, il permet au gouvernement d'"appliquer des plans spéciaux de sécurité qui garantissent le maintien de l'ordre public".

- Nouvel appel à manifester -

Alors que l'opposition a une nouvelle fois appelé à descendre dans la rue dès mercredi pour réclamer un référendum en vue de destituer Nicolas Maduro, les autorités ont annoncé que ces défilés ne seraient pas autorisés.

"Des civils qui exercent un contrôle social, cela promeut la violence politique car ces groupes sont désormais autorisés à réprimer le mécontentement social qui est en hausse", juge Marino Alvarado, un militant des droits de l'Homme.

Côté distribution et gestion énergétique, le dirigeant vénézuélien s'est attribué la faculté de réguler la journée de travail dans le secteur privé, et plus seulement dans le public, où les services ne sont ouverts que deux jours par semaine jusqu'au 27 mai, pour économiser de l'énergie.

Coupures d'électricité quotidiennes, pillages de commerces, pénuries et lynchages: ce pays pétrolier sombre chaque jour un peu plus dans la crise politique, économique et sociale depuis la victoire d'une coalition d'opposition aux élections législatives, fin 2015.

Le bras de fer entre chavistes (du nom du président défunt Hugo Chavez, au pouvoir de 1999 à 2013 et mentor de Nicolas Maduro) et anti-chavistes s'est intensifié depuis que l'opposition a rassemblé début mai 1,8 million de signatures pour lancer le processus du référendum pour révoquer le président, qu'elle espère organiser d'ici fin 2016.

- Inquiétude de toutes parts -

Pendant ce temps, l'opposition, réunie sous le nom de Table de l'unité démocratique (MUD), désormais majoritaire au Parlement, débattait mardi de l'état d'exception à partir de 15H00 GMT.

Coup sur coup, deux conférences de presse ont été convoquées mardi après-midi : la première par un des chefs de l'opposition, Henrique Capriles, la seconde, un peu plus tard, par le président Nicolas Maduro.

A l'image de l'opposition, les experts pointent le risque "d'explosion" du pays alors que sept Vénézuéliens sur dix réprouvent la gestion de leur président, selon un sondage de l'institut Venebarometro.

Le pays a subi en 2015 une inflation de 180,9%, une des plus élevées au monde, et un recul du PIB de 5,7%, pour la deuxième année consécutive.

La situation soulève l’inquiétude de toutes parts. Washington, qui nie tenter d'influencer le cours des événements au Venezuela, s'est dit préoccupé lundi.

"Les conditions de vie pour les Vénézuéliens sont terribles," a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest, décrivant certaines situations de chaos "impressionnantes". "Il est temps pour les dirigeants d'entendre les différentes voix au Venezuela et de travailler ensemble afin de trouver de vraies solutions", a-t-il ajouté.

Source : AFP

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