Contraintes estivales : les pompiers s'adaptent

  • Le colonel Éric Florès et son adjoint, le lieutenant-colonel Jimmy Gaubert.
    Le colonel Éric Florès et son adjoint, le lieutenant-colonel Jimmy Gaubert. Christophe Cathala
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Christophe Cathala

Effectifs, interventions spécifiques... L’été impose son rythme et son organisation.

Pour beaucoup de monde, les deux mois d’été sont à nul autre pareil. Et pour les services d’incendie et de secours (Sdis) en particulier, quand il leur faut sans faiblir assurer, au plus près des populations, des missions parfois amplifiées par l’afflux des touristes et les vicissitudes estivales : feux de forêts, accidents de sports de pleine nature, fortes chaleurs... Tout en jonglant avec la fluctuation des effectifs soumis aux congés.

La disponibilité des volontaires

Ainsi la disponibilité des volontaires est un sujet crucial pour l’état-major du Sdis qui doit veiller à conserver sur tout le territoire suffisamment d’effectifs pour assurer les interventions. Travailleurs indépendants, fonctionnaires ou salariés d’une entreprise, les sapeurs-pompiers volontaires bénéficient naturellement de congés en été. « Pour nombre d’entre eux il faut jongler entre les contraintes imposées par l’employeur et celles qui relèvent du centre de secours, résume le colonel Éric Florès, directeur du Sdis. Nous veillons à pouvoir compter au quotidien, pour l’ensemble du département, sur un volume de 300 à 330 personnels, soit un quart des effectifs totaux ».

Rien ne saurait être coercitif dans cette démarche. « L’état-major n’y met pas le nez !, dit en souriant le colonel Florès. Ce sont les chefs de centres qui organisent leur planning avec leurs volontaires car ils ont les compétences, l’autonomie et le pouvoir pour le faire. C’est à eux de savoir gérer les disponibilités, nous leur faisons entièrement confiance. Quand un volontaire pose ses congés, il en a discuté au préalable avec son chef de centre ». Un centre de secours est souvent un modèle de vie sociale, qui fonctionne comme une famille où chacun s’épaule. Mais pour pallier des absences ponctuelles (personnels spécialisés notamment), le Sdis «apporte une aide permanente aux centres en difficultés. Et il faut reconnaître qu’en Aveyron, cela fonctionne plutôt bien ».

Interventions : l’impact de la météo

« L’été, nous sommes très météo-dépendants », aime à rappeler le colonel Florès. Et ce, sur plusieurs aspects. D’abord les orages, avec une illustration concrète des dégâts de la foudre vendredi 22 juillet : sept incendies en deux heures en Aveyron !

« Et puis bien sûr, chaleur et sécheresse multiplient les risques de feux de forêt, de broussailles, de chaumes, relève Éric Florès. Depuis fin juin, nous n’avons pas eu de grandes interventions, cela n’a pas toujours été le cas. Chaque jour, nous suivons de très près la problématique météo et la carte de vigilance des feux de forêts, qui détermine le niveau d’engagement, et qui est établie quotidiennement par les services de notre zone de défense... » Mais la sollicitation des pompiers peut prendre d’autres formes en été.

 Sports de pleine nature : vigilance

Ainsi l’Aveyron a changé de zone de défense, en passant du Sud-Ouest (Bordeaux) au Sud (Marseille). Et à ce titre est susceptible de pouvoir aider plus régulièrement les autres départements de la zone. Des «colonnes» d’hommes et de matériel sont ainsi envoyées en urgence, plus encore que par le passé, vers des zones où se déclarent des feux autour de l’arc méditerranéen. Ce qui n’arrange pas toujours le maintien des effectifs.

Enfin, l’été est une période où le tourisme bat son plein. « Les gens viennent se mettre au frais ici et s’adonnent aux sports de pleine nature : parapente, accrobranches, via ferrata, baignade dans les rivières... Qui sont autant de pratiques à risques sur lesquelles nous restons particulièrement vigilants ».

S'adapter aussi... aux attentats

La menace terroriste et ses dramatiques conséquences à chaque passage à l’acte a modifié sensiblement l’organisation des secours. En Aveyron comme ailleurs. « Tous nos sapeurs-pompiers ont pris conscience du contexte de sécurité qui est le nôtre. Il faut appréhender les interventions avec un nouveau regard, un œil neuf, et mettre en œuvre de nouveaux modes opératoires », prévient le colonel Florès. Ainsi sur les sites réunissant un nombreux public, les pompiers ne sont plus postés en groupe mais disséminés.

Et puis bien sûr, la prise en charge des victimes évolue au même titre que les blessures dont elles peuvent souffrir. « Nous réfléchissons beaucoup sur les engagements en cas d’attentats, à de nouveaux protocoles d’intervention et de soins, poursuit le colonel Florès. En ce sens, nous bénéficions de formations nationales qui s’ajoutent aux formations locales. C’est à une adaptation permanente des hommes et du matériel à laquelle nous sommes confrontés ». Ainsi, le Sdis de l’Aveyron a reçu deux caisses à utiliser en cas d’attentats, pouvant chacune soigner quinze victimes et directement inspirées du matériel utilisé par l’armée sur les zones de guerre...

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