Les policiers ruthénois manifestent

  • Ils étaient une trentaine, dimanche soir, à s’être rassemblés devant le commissariat de Rodez. D’abord pour manifester leur soutien à leurs collègues de l’Essonne. Aussi pour faire part de leur malaise.
    Ils étaient une trentaine, dimanche soir, à s’être rassemblés devant le commissariat de Rodez. D’abord pour manifester leur soutien à leurs collègues de l’Essonne. Aussi pour faire part de leur malaise. José A. Torres
Publié le , mis à jour
Pascal Laversenne

Après Millau la semaine dernière, une trentaine de policiers ont souhaité marquer leur soutien, hier soir à Rodez, à leurs collègues blessés en région parisienne. Et dire leur ras-le-bol. 

Une trentaine de fonctionnaires, selon la police.Et s’il y avait bien parmi eux des « syndiqués », c’est bel et bien un mouvement déconnecté de toutes centrales qui a pris ses marques, hier soir à 20 h 30, à l’heure de la relève, devant le commissariat de Rodez.Il y avait pour le coup plus d’effectifs que ne l’exigeait le service, beaucoup de policiers étant venus simplement « marquer leur soutien » aux collègues de Viry-Châtillon, blessés le 8 octobre lors d’une attaque au cocktail Molotov. 

Les Aveyronnais s’inscrivent ainsi dans une mobilisation initiée en région parisienne, qui fait tâche d’huile partout en France. « Or mobilisation syndicale, je n’avais jamais vu ça à Rodez. C’est près de la moitié des effectifs en tenue qui est là ce soir », témoigne un ancien, pour dire combien, au-delà de la marque de soutien, le malaise est profond chez les policiers.

« En Aveyron aussi »

« En Aveyron aussi, bien sûr qu’il y a des soucis », glisse un collègue, conscient qu’il faut expliquer plus longtemps, différemment en tout cas, les problèmes d’un « petit » commissariat. « Le souci principal, c’est les effectifs ! », lâche un autre, qui veut croire qu’il manque, sur Rodez, « une dizaine de policiers en tenue ». « Les renforts, le plus souvent ce sont des réservistes ou des adjoints de sécurité. » « En 2003, lorsqu’il y a eu le redéploiement police-gendarmerie, lorsque nous avons pris Onet et “lâché” Villefranche, on a récupéré une trentaine d’effectifs. Mais nous les avons reperdus depuis. »

Parfois une patrouille la nuit

Tous opinent du chef. Des soucis de matériel ? « Oui il y en a. ». Mais c’est bel et bien sur les moyens humains que le bât semble blesser le plus. « Alors on fait des choix. On a perdu la Bac (Brigade anticriminalité, NDLR) de jour, mais aussi la brigade canine...» Un autre de reprendre : « La nuit, faute d’effectifs suffisants, vous n’avez parfois qu’une patrouille sur Rodez, Onet et Olemps. Et les gars patrouillent très souvent à deux au lieu de trois. »

Comme ailleurs, les tâches indues - « parfois quatre effectifs bloqués à l’hôpital pour des détenus » ou encore des interventions à la Banque de France-, des locaux inadaptés - « particulièrement ici à Rodez » - font également partie des doléances des policiers. Et s’ils n’ont pas en Aveyron la dent aussi dure qu’ailleurs sur les suites données par la justice, ils ne peuvent s’empêcher de penser à la somme considérable d’affaires qui revient à chaque enquêteur. « C’est jusqu’à 150 dossiers par fonctionnaires, alors que dans l’idéal, il en faudrait trois fois moins. » Cet ancien d’enfoncer le clou. « Les effectifs ont baissé avec les années, pas le poids des procédures...»

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