Montbazens : Élodie Pronier a les mains sur terre

Son sourire illumine son visage. Image d’un bonheur simple mais intense. Celui que partagent Élodie Pronier et Frédéric, son compagnon, et leurs trois garçons, depuis que cette famille du Nord-Pas-de-Calais a quitté la ville d’Arras pour s’installer dans la campagne montbazinoise. Un coup de cœur mais aussi un choix de vie pour ce couple à l’esprit créatif qui s’apprête à savourer avec enthousiasme son troisième été aveyronnais. "On aime bien les vieilles maisons. On était venus en vacances en Dordogne et on cherchait quelque chose dans le Sud-Ouest. On avait besoin de nature, d’avoir un grand jardin et on s’est dit on va au moins essayer", racontent les deux quadragénaires, qui se sont lancés dans les grands travaux pour retaper l’ancienne ferme, dont ils ont fait l’acquisition depuis deux ans et demi, après avoir décidé de tourner une double page – elle, celle de l’Éducation Nationale, lui celle de La Poste – et de vivre une nouvelle histoire au grand air aveyronnais. Un nouveau cadre pour un nouveau départ dans la vie, comme une sorte de renaissance, que la famille au complet apprécie déjà pleinement.

Passion commune pour la sculpture

Élodie, 40 ans, et Frédéric, 44 ans, se sont connus, il y a de cela une vingtaine d’années, sur les bancs de l’École supérieure des métiers d’art d’Arras où ils apprenaient la sculpture sur pierre. Comme aurait pu finalement le dire la chanson, ils ne se sont pas mariés mais ne se sont plus quittés et sont aujourd’hui les heureux parents de trois petits hommes de 10, 13 et 15 ans.

Amateurs tous deux de vieilles pierres, de meubles et d’objets anciens que l’on peut chiner ici et là, ils ont trouvé au Cayrou l’équilibre familial et l’harmonie qu’ils sont venus rechercher en terre aveyronnaise. "On essaye de faire vivre une maison et un jardin en recréant, quelque part, notre vie. Il y a tellement de projets que l’on ne pouvait pas réaliser. On vit de peu, mais on vit bien", témoignent élodie et Frédéric, qui ne tarissent pas d’éloges sur le "Vivre vrai" aveyronnais et "la formidable diversité" de ses différents terroirs et sites touristiques.

Profitant de sa nouvelle vie montbazinoise, Élodie s’est donc remise à la sculpture et au modelage en terre cuite : bustes de personnalités qui ont une gueule, à l’image de Johnny Hallyday ou de Pierre Rabhi, objets de décoration, bouddhas, âme du monde et autre arbre de vie.

Luisibles et Nainaveyronnais

Les modelages sont cuits dans un four à céramique à une température de 1 100 degrés. Cette opération prend généralement une douzaine d’heures, une deuxième cuisson étant nécessaire pour les pièces émaillées.

Laissant libre cours à son imagination, Élodie a créé une série d’animaux lampes, qu’elle a joliment baptisés les Luisibles.

Les pièces, toutes uniques, offrent des couleurs naturelles, après avoir été travaillées à l’engobe, un revêtement mince à base d’argile délayée, colorée ou non, appliqué sur une pièce céramique.

On essaye de faire vivre une maison et un jardin, en recréant, quelque part, notre vie. Il y a tellement de projets que l’on ne pouvait pas réaliser. On vit de peu mais on vit bien…

Dans le même esprit, le chat a récemment rejoint ses copains blaireau, renard, loup, et Élodie s’apprête à créer une nouvelle famille de dinosaures. "La terre cuite n’a presque pas de limite", explique Élodie, qui a également donné naissance au Nainaveyronnais, un personnage particulièrement sympathique, avec béret, gros nez, belles bacchantes et croix occitane, promis à faire fureur dans les foyers aveyronnais…

Ateliers nomades

À terme, Élodie souhaite aménager son propre atelier de sculpture dans l’ancienne ferme du Cayrou, où l’espace ne manque pas. En attendant, et dès que la crise sanitaire le permettra, elle envisage de proposer des ateliers itinérants, des ateliers nomades de modelage. "Puisque je ne peux pas encore faire venir les gens à moi, j’irai chez les gens", résume-t-elle. La Ch’timontbazinoise est également à la recherche de points de vente pour diffuser ses différentes créations, qu’elle proposera prochainement sur une plateforme en ligne.

Et lorsqu’il aura terminé de restaurer la maison, où il y a encore pas mal à faire, Frédéric s’est lui aussi promis de participer pleinement à l’aventure des Mains sur terre. Une nouvelle aventure à quatre mains.