Avec le Villeneuvois Sébastien Bénazet, la musique comme outil éducatif à Toulouse

"Lier le sport et le social". Sébastien Bénazet a écrit cette formule en lettres majuscules au-dessus de son lit, de son bureau et sur la glace de sa salle de bains. Né à Rodez, en 1984, il a grandi à Villeneuve, là où ses parents, aveyronnais d’adoption, ont posé leurs valises, après avoir goûté à Sébazac-Concourès, une première fois à Villeneuve, à Villefranche-de-Rouergue, et enfin à Villeneuve à nouveau, où ils vivent toujours aujourd’hui. Après avoir décroché un bac ES ("C’est celui qui m’assurait le bagage le plus généraliste") au lycée Raymond-Savignac dans la Perle du Rouergue, il a choisi Toulouse et la faculté d’économie et gestion à L’Arsenal, avant un master en management sportif.

Il a ainsi effectué un stage au sein de Rebonds, association d’éducation et d’insertion par le rugby dans les quartiers difficiles de la Ville Rose. "J‘avais en charge, notamment, l’administratif et les demandesde financement, se souvient-il. Ca m’a donné des compétences". La passion de Sébastien Bénazet était la musique. En jouer, "un peu de batterie et de guitare", mais surtout l’écouter, "aussi bien du rock que du hip hop". Il a décidé d’en faire son quotidien, troquant, dans sa formule magique, le sport par la culture musicale.

Avec son pote villefranchois Mickaël Gares, éducateur dans l’environnement, il a donné naissance à Topophone en 2012. "La musique est un outil éducatif et ce constat a été le point de départ, certes un peu large, de notre association, explique-t-il. L’écoute et la pratique sont des vecteurs incroyables". Basé au 250 avenue de Muret à Toulouse, Topophone a endossé plusieurs casquettes au fil des années : acteur d’éducation artistique et culturelle, développeur d’artistes, producteur de concert, organisateur d’événements culturels et éducatifs, et même d’un festival baptisé Ellipse depuis 2017. "On s’est un peu cherché, concède le fondateur, bénévole au coup d’envoi de l’aventure. Mais, globalement, les jeunes ont toujours été notre cible".

Directeur d’une équipe de dix salariés

Aujourd’hui, "99 % du projet" de l’association est de l’éducation populaire "avec l’accès à la musique et à sa pratique" dans les quartiers prioritaires toulousains, du Grand Mirail à Empalot, des Minimes à Borderouge. Entre temps, Mickaël Gares a pris une autre direction, pour devenir... vigneron au Verdier, dans le Tarn, au nord de Gaillac. Et, d’une doublette de créateurs bénévoles, l’équipe est passée à dix salariés, dont Sébastien Bénazet est le directeur.

"L’action de l’association se centre depuis quelques années avant tout sur les territoires car son ADN, c’est aller, en priorité, vers celles et ceux qui ont le moins accès à la culture, insiste le Villeneuvois. Mettre entre les mains de tous les jeunes l’outil créatif, pour qu’ils puissent tous et toutes s’en emparer et devenir musiciens(nes), voilà l’essence de notre mission quotidienne. C’est accompagner les jeunes à des concerts, à des sorties, les faire composer, monter sur scène, enregistrer, rencontrer des artistes et être à leurs côtés tout au long de leur projet".

Les chiffres plaident pour Topophone : chaque année, l’association touche 3 000 jeunes participants, avec 55 ateliers musicaux, 30 représentations jeune public, ou encore 80 jeunes accompagnés dans la pratique musicale. Celle-ci fait partie des différents programmes qu’elle porte : le parcours jeune musicien, le festival "Elèves en scène !", stages et séjours, ou encore le pôle européen pour lequel elle bénéficie du label Corps européen de solidarité. "Pour s’enrichir, des 18-25 ans ont visité des structures identiques en Finlande, en Estonie et aussi en Slovénie, se réjouit Sébastien Bénazet. Nous avons également accueilli des ambassadeurs venant d’Espagne et de Macédoine". Le budget annuel de Topophone est de 400 000 € et l’association bénéficie de financements publics.

Un bel hommage à Oc’Live à Rodez

Elle intervient dans des écoles, des collèges, des lycées, "avec un parc d’instruments dédiés la sensibilisation, de manière très ludique". Les enseignants font donc le déplacement avec des cloches, des xylophones... "Ce dispositif est un formidable facilitateur, mais également un tremplin pour tous ceux qui veulent poursuivre la pratique de la musique, souligne Sébastien Bénazet. Je suis heureux du sens qu’on met tous les jours dans les actions et très fier également de la trajectoire de l’association". Avec des festivités pour les dix bougies ? "Pas pour l’instant !", glisse-t-il..

Malgré des journées bien remplies "avec une part de sacrifices qu’il faut accepter" ("J’ai la chance d’être bien entouré"), Sébastien Bénazet ne "manque pas une occasion" de rentrer au pays. "Je reviens, en effet, très régulièrement car j’ai en Aveyron ma famille et beaucoup d’amis, confirme-t-il volontiers. C’est un point d’ancrange". Au cours de ses séjours, il "prend plaisir" à faire un crochet par Le Club à Rodez. "Oc’Live a joué un rôle important dans la naissance de Topophone et son directeur Fred Joao est, à la fois, une personne ressource et un ami fidèle depuis dix ans", conclut-il.