Sud-Aveyron : les pêcheurs portent plainte pour pollution, l’industrie du roquefort pointée du doigt

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  • Selon l’AAPPMA, le Soulzon n’a plus de vie aquatique sur un kilomètre de long en aval de Roquefort.
    Selon l’AAPPMA, le Soulzon n’a plus de vie aquatique sur un kilomètre de long en aval de Roquefort. Repro Midi Libre - AAPPMA
Publié le , mis à jour
Jean-Marc Cognot

L’AAPPMA suspecte les industriels de Roquefort et dépose plainte contre X.

Les Chevaliers de la gaule est l’Association agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques (AAPPMA) de Saint-Affrique et compte 1 200 adhérents. Elle a été alertée récemment par un pêcheur concernant un rejet dans le ruisseau du Soulzon, sous Roquefort.

"On n’est pas du tout étonnés, a déclaré l’AAPPMA lors d’une conférence de presse qui s’est tenue ce vendredi 24 juin à la base de loisirs de la Gravière. Depuis des années on sait que l’industrie laitière de Roquefort, qui compte plusieurs producteurs, déverse des effluents directement dans le Soulzon. Ce sont des rejets aléatoires, des vidanges, des eaux de lavage, on ne sait pas trop."

"Ce qui nous a beaucoup aidés, c’est que les débits d’eau sont très bas et il fait chaud. Dans le milieu aquatique cela a des conséquences beaucoup plus importantes que quand le débit est important et que les températures sont basses."

On est sur la destruction totale de toute vie aquatique de la rivière Soulzon

Face à ce rejet dans le Soulzon, l’AAPPMA va déposer plainte contre X auprès de l’Office français de la biodiversité (OFB) :

"C’est une plainte pour destruction des milieux aquatiques avec constitution de partie civile. On est sur la destruction totale de toute vie aquatique de la rivière Soulzon sur plus d’un kilomètre. Il y a une enquête en cours."

Elle devrait révéler ce qui a été rejeté : "On est sur un rejet direct de produits laitiers ou dérivés, explique la société de pêche. Dans l’industrie fromagère, il y a beaucoup d’eau de lavage des machines, des cuves et des sols. Elles sont chargées en acide nitrique, en soude, en javel ou en ammoniac."

Des pics de PH dans l’eau

Ces rejets entraînent des pics de PH dans l’eau du ruisseau : "Quand le débit est faible et que les rejets sont importants, il y a un développement de bactéries et une diminution importante de l’oxygène, souligne l’AAPPMA. En aval de la confluence entre le Soulzon et le Cernon, on n’a pratiquement aucune reproduction naturelle de truite qui aboutit."

Cette année, une pêche électrique à Saint-Rome-de-Cernon a révélé que très peu d’alevins sont nés dans la rivière : "En amont de la confluence, il y a beaucoup d’alevins de truites. On estime qu’il y a entre 50 % et 80 % de poissons en moins entre l’amont et l’aval de la confluence. On estime à moins 80 % la quantité d’éphémères, de plécoptères et de larves aquatiques pour la nourriture pour les poissons. Et en aval du Soulzon, il y a une forte prolifération d’algues."

Des préjudices importants

Pour la société de pêche, le préjudice est important : "Les ventes de permis à Saint-Rome-de-Cernon s’effondrent depuis quelques années car les populations de truites s’effondrent. Pour le milieu aquatique c’est encore plus grave."

L’AAPPMA est "consciente que certains industriels ont fait des efforts avec des stations d’épuration, mais pas tous. Il semblerait que l’OFB ait identifié le coupable."

La société de pêche s’indigne alors : "Les industriels font de gros bénéfices. On est furieux de voir que l’industrie laitière est capable de faire la fête du roquefort avec un budget colossal et en contrepartie on balance ses effluents dans le ruisseau. C’est inadmissible."

L’AAPPMA veut informer la population

"Quant aux risques encourus, malheureusement dans l’Aveyron, on a l’impression, en tant qu’association de protection de l’environnement, que souvent les tribunaux étouffent un petit peu les choses, déclare l’AAPPMA. D’où la conférence de presse, car on veut que les gens en soient conscients et soient informés. On espère vraiment que les tribunaux vont trouver cela inadmissible et ne vont pas laisser passer cela une fois de plus. Car il y a des antécédents, des analyses d’eau perdues, des affaires camouflées. Les industriels ont les bras longs et on va mettre le paquet."

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