Capdenac-Gare : l’épopée du chemin de fer et l’aventure de Raynal et Roquelaure

Abonnés
  • La gare de Capdenac s’est développée à la fin du XIXe siècle. Il y avait plus de 1 200 cheminots qui y travaillaient et, dans la rotonde, 35 locomotives à vapeur pouvaient y être garées.
    La gare de Capdenac s’est développée à la fin du XIXe siècle. Il y avait plus de 1 200 cheminots qui y travaillaient et, dans la rotonde, 35 locomotives à vapeur pouvaient y être garées.
Publié le
Centre Presse Aveyron

En 1876, Théophile Raynal et Ernest Roquelaure ont eu l’excellente idée de conditionner en boîtes de conserve des plats cuisinés du terroir français. Et ont profité de l’essor de la gare pour installer leur buffet où la renommée gastronomique dépassait les frontières aveyronnaises. L’entreprise capdenacoise conserve encore aujourd’hui une belle dynamique industrielle

Nous sommes en 1910. Je suis Hippolyte Raynal, le fils de Théophile, gérant du buffet de la gare qui s’est associé avec Ernest Roquelaure, réputé maître queux qui avait fait ses armes dans les cours princières européennes.

Le buffet de la gare était une table gastronomique très renommée. On y mangeait, pour 2 francs or, des foies gras, des cassoulets, des viandes mijotées à la sauce aux truffes…

Tout petit déjà, j’étais aux côtés de mon père qui m’a donné le goût des affaires. Je lui ai succédé tout naturellement aux côtés d’Ernest qui, lui, a épousé ma sœur Louise, une belle histoire de famille ! Les défis ne me font pas peur et avec le savoir-faire d’Ernest, notre société est florissante. Nous sommes fiers d’avoir été primés aux expositions universelles de 1889 et de 1900 à Paris !

L’entreprise capdenacoise Raynal et Roquelaure est une référence nationale dans les plats cuisinés. Depuis 1876 !
L’entreprise capdenacoise Raynal et Roquelaure est une référence nationale dans les plats cuisinés. Depuis 1876 !

Force est de reconnaître que Capdenac est en plein essor avec son étoile ferroviaire, plaque tournante du sud du Massif Central. La gare devient une étape stratégique sur la ligne Toulouse-Paris. Elle relie également Rodez, Aurillac et Cahors. Les voyageurs en transit sont nombreux. 1 200 cheminots sont employés et une rotonde accueille 35 locomotives à vapeur à la fois ! L’activité bat son plein. Tout est à faire ici, à construire, à développer. C’est l’eldorado !

Balades familiales à Asprières et à Balaguier-d’Olt, entre autres.
Balades familiales à Asprières et à Balaguier-d’Olt, entre autres.

Nous avons l’idée de proposer des paniers-repas et un concept innovant avec le déjeuner du cycliste qui tient dans une jolie boîte rectangulaire bien pratique pour emporter avec soi son déjeuner dans le train, mais également lors de déplacements à cheval ou à bicyclette. Nous y mettons de la galantine d’alouette, de la saucisse fraîche, de l’ananas au jus et même une petite fiole de bénédictine !

Nous sommes les premiers à utiliser l’appertisation pour des plats cuisinés avec viande, légumes et sauce. Nous ouvrons notre première conserverie, en centre-ville, face à la gare, en 1905. J’apprécie beaucoup de vivre à Capdenac, sorte d’enclave dans une région plutôt médiévale. Elle incarne l’épopée industrielle et la révolution des transports. Elle représente la modernité, casse les codes de la tradition et s’émancipe dans son architecture influencée par celle des grandes villes, des villas de villégiature, des maisons modernistes ou régionalistes.

J’aime bien le soir me promener sur les berges du Lot. C’est rafraîchissant, paisible et reposant.

J’ai appris à pêcher à mon fils Gaston. Entre le Lot et la Diège, cela aurait été dommage de s’en priver. Nous avons l’embarras du choix entre les truites et les gardons, brochets, carpes et que sais-je encore ? Avec le talent d’Ernest pour les cuisiner, nous nous régalons !

En famille, nous allons souvent à Capdenac, le village perché sur l’autre rive du Lot. On se croirait au Moyen-Âge avec sa tour, ses fortifications, Gaston adore ! On est plongé dans un autre temps. Là, nous prenons de la hauteur. Nous profitons d’une vue extraordinaire sur la rivière, ses méandres, les cultures mais également sur notre ville et le nœud ferroviaire développés au pied du promontoire rocheux.

Une vue du ciel de Capdenac-le-Haut.
Une vue du ciel de Capdenac-le-Haut.

Sans aller trop loin, nous pouvons profiter de la nature, des rivières et des moulins qui les jalonnent. Nous en profitons pour saluer le meunier, un ami de la famille. Il nous arrive le dimanche, quand il fait beau, de prendre nos bicyclettes et le pique-nique pour nous rendre à Balaguier-d’Olt. Je trouve ce village très bucolique. On entend l’eau bruisser un peu partout. En montant dans les ruelles, on arrive à un point de vue imprenable sur le château de Larroque-Toirac juste en face. Nous poussons parfois jusqu’à Salvagnac-Cajarc, c’est plus sportif mais sympa.

À Asprières, ce que j’aime, c’est sa situation. C’est vrai qu’à bicyclette, on fait des efforts dans les côtes, mais ils sont récompensés par cette nature environnante, un peu sauvage. Nous jouissons d’une vue incroyable sur les monts du Cantal, parfois enneigés. Passant par Sonnac, je m’étais arrêté dernièrement pour faire découvrir le menhir de Pierrefiche à Gaston. Eh oui, il n’y en a pas qu’en Bretagne.

La chapelle Saint-Loup, à Gelles, est lovée en pleine nature. Elle est très ancienne, préromane ! On peut y aller à pied de Capdenac par des sentiers, c’est agréable et, à la saison, nous allons ramasser des cèpes.

Aujourd’hui, les descendants des familles Raynal et Roquelaure découvrent Capdenac-Gare. Une locomotive postée à l’entrée de la ville, tel un monument, rappelle l’âge d’or au temps des trains à vapeur. À proximité, un jardin en forme de rotonde a été créé avec plus de 400 essences différentes. Ces plantes poussaient le long des voies ferrées. C’est original !

Ils sont très émus d’apprendre que l’entreprise créée par leurs aïeuls se visite. Elle a un parcours tellement atypique, à la fois ancrée dans le terroir mais également à la pointe de la modernité avec des machines sophistiquées, un savoir-faire qui perdure et qui l’a propulsée au premier rang national dans le domaine du plat cuisiné en conserve !

Quelle aventure…

Bon à savoir

Des activités nautiques et de loisirs, un beau réseau de randonnées à faire à pied, à cheval ou en VTT ravissent petits et grands. Les amateurs de cyclotourisme peuvent emprunter les voies partagées le long du Lot ou s’aventurer dans les contrées plus escarpées. Bol d’air et nature sont au rendez-vous ! Et pourquoi pas tenter de jeter sa ligne dans le Lot ou la Diège pour une petite partie de pêche ? Les rivières poissonneuses sont classées en catégories 1 et 2.Festival, concerts, fêtes, marchés nocturnes et bien d’autres animations rythment agréablement l’été. Lâcher prise assuré, farniente, petits et grands plaisirs, de belles découvertes avec à la clé une gastronomie réputée, celle du Sud-Ouest ! Canards, foie gras, cabécous, la célèbre fouace, le veau du ségala, le vin AOC de Marcillac-Vallon, les noix, les melons du Quercy, les fraises et tant d’autres spécialités qui mettent l’eau à la bouche et que les curieux trouvent sur les marchés, chez les producteurs…Les visites- L’entreprise Raynal et Roquelaure, à Capdenac-Gare, spécialiste du plat cuisiné appertisé.- Le Laboratoire Nutergia, commune de Causse-et-Diège, spécialisé dans la recherche et le développement de compléments alimentaires, dévoile son histoire, son expertise technique et sa démarche environnementale.- Le moulin à eau de Vitrac, dont les origines remontent au XIVe siècle, associe passé et savoir-faire dans un cadre de verdure enchanteur.Ces trois sites ouvrent ponctuellement leurs portes aux visites, sur réservation.Renseignements auprès de l’office de tourisme du Grand Figeacau 05 65 64 74 87 ou au 05 65 34 06 25.

Six communes aveyronnaisesavec le Grand Figeac

Le territoire de 92 communes présente la particularité de se trouver en grande partie dans le département du Lot, mais pas que… Figeac, la cité du célèbre égyptologue Jean-François Champollion, regroupe autour d’elle six communes aveyronnaises : Asprières, Balaguier-d’Olt, Capdenac-Gare, Causse-et-Diège, Salvagnac-Cajarc et Sonnac. Ces villages offrent pléthore de curiosités, de paysages, de points de vue, pour certains sur la majestueuse vallée du Lot, pour d’autres sur les monts du Cantal.Capdenac-Gare, la cité cheminote s’est développée au pied de l’antique cité de Capdenac-le-Haut, village perché dominant le Lot à plus de 110 mètres et classé parmi les "Plus beaux villages de France". Ces "deux Capdenac" s’unissent autour de la rivière Lot. Capdenac-Gare incarne l’épopée industrielle et la révolution des transports de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Sorte d’enclave dans une région plutôt médiévale, elle représente la modernité, casse les codes de la tradition et s’émancipe dans son architecture influencée par celle des grandes villes, des villas de villégiature, des maisons modernistes ou régionalistes. Une épopée pour cette ville où tout est à réaliser, l’eldorado pour les investisseurs ! La gare a conditionné le développement de Capdenac. Ces années de gloire se situent dans la première moitié du XXe siècle avec l’apogée des trains à vapeur. Un contexte porteur pour des hommes de génie qui sauront faire de leurs petits plats une aventure culinaire qui dure aujourd’hui encore ! Mais qui sont-ils ? Théophile Raynal, gérant du buffet de la gare, a eu le bon goût de s’associer à Ernest Roquelaure, alors maître queux du Prince de Monaco, excusez du peu ! Ils créent la société Raynal et Roquelaure, en 1976, et feront du buffet de la gare un lieu de rendez-vous gastronomique incontournable. On y mangeait alors pour 2 francs or ! Primée aux expositions universelles de 1889 et de 1900, cette entreprise est aujourd’hui numéro 1 sur le plan national dans le domaine des plats cuisinés en conserve. Une histoire pas comme les autres, atypique, ancrée dans le terroir et preuve d’une réussite où le savoir-faire se conjugue à la modernité.
Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?