La civilisation américaine rythme la vie de Julie Momméja, originaire du bassin decazevillois

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  • Si elle a vécu dans de grandes villes, en France et à l’étranger (Toulouse, Paris, San Francisco, Lyon), et reconnaît avoir besoin de cette "effervescence", la maître de conférences aveyronnaise Julie Momméja, 36 ans en septembre, parle aussi, pour son équilibre, de ses séjours nature et ressourçants en Aveyron.
    Si elle a vécu dans de grandes villes, en France et à l’étranger (Toulouse, Paris, San Francisco, Lyon), et reconnaît avoir besoin de cette "effervescence", la maître de conférences aveyronnaise Julie Momméja, 36 ans en septembre, parle aussi, pour son équilibre, de ses séjours nature et ressourçants en Aveyron. Rui Dos Santos
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Rui Dos Santos

Née à Rodez, mais ayant grandi dans le Bassin, cette trentenaire est une brillante enseignante chercheuse, qui a nourri sa thèse en vivant plusieurs années à San Francisco. à la rentrée, elle va revêtir la tenue complète de maître de conférences à Nancy.

"Ma recherche doctorale se concentre sur les pionniers et les penseurs des sphères de la contre-culture et de la cyberculture de la baie de San Francisco et sur l’émergence de la technologie en tant qu’outil social sur un territoire enraciné dans les idéologies utopiques et libertaires. J’explore les liens, les connexions et les fusions entre les communautés virtuelles et hors ligne, des années 1960 aux années 2010, dans un contexte de coévolution à long terme entre les humains et les machines, favorisé par la spécificité de l’état d’esprit local de la région de la baie".

En moins de dix ans, la France a perdu près de 50 % de ses postes d’enseignants chercheurs

Bon d’accord, il faudrait une carte de visite XXL pour intégrer ce message. L’intéressée accepte donc de faire plus court : "Je suis enseignante chercheur en civilisation américaine, et en sciences de l’information et de la communication". Avec un poste de titulaire, à la rentrée prochaine, à Nancy, à l’université de Lorraine. Avec, face à elle dans l’amphithéâtre, des étudiants qui iront droit au But (bachelor universitaire de technologie).

Julie Momméja a fait (et continue de faire) une partie de ses travaux de recherche sur la contre-culture et la cyberculture, et sur un de ses fondateurs, Stewart Brand, à la Long Now Foundation de San Francisco.
Julie Momméja a fait (et continue de faire) une partie de ses travaux de recherche sur la contre-culture et la cyberculture, et sur un de ses fondateurs, Stewart Brand, à la Long Now Foundation de San Francisco. Reproduction L'Aveyronnais

Elle n’est pas peu fière de cette nomination, d’autant plus que, selon ses propres termes, "en moins de dix ans, la France a perdu près de 50 % de ses postes d’enseignants chercheurs".

Julie Momméja est née à Rodez, en septembre 1987, d’un père ruthénois et d’une mère originaire du Bassin. C’est d’ailleurs là qu’elle a grandi, avec une scolarité classique, conclue par un baccalauréat européen série L, option anglais et théâtre, décroché au lycée polyvalent de Decazeville. La jeune fille vibrait alors pour tout ce qui touchait à la culture, "avec un gros attrait également pour les langues étrangères".

Musique, littérature, traditions...

"Je m’intéressais à la musique, à la littérature, aux traditions…", confirme-t-elle volontiers. Tant et si bien que, pour accompagner dans ce sens leur progéniture, ses parents l’ont inscrite à des cours particuliers d’anglais dès l’âge de 5-6 ans. Elle n’a pas oublié : "Ma famille avait des amis britanniques et américains. Je les ai beaucoup fréquentés et cela a joué dans mon attirance pour la langue de Shakespeare".

Son bac en poche, Julie Momméja s’est installée à Toulouse pour, tout d’abord, une classe préparatoire aux grandes écoles, en lettres et sciences humaines, au lycée Saint-Sernin, puis un master sur la civilisation américaine. Avec, au passage, une année en Erasmus à l’University of Sussex de Brighton, au sud de Londres, en Angleterre.

Après son retour dans la Ville rose, elle est montée à la capitale pour un double master à La Sorbonne nouvelle : médiation culturelle et relations publiques (maîtrise, conception et direction de projets culturels), ainsi qu’études britanniques, nord-américaines et post-coloniales. Qu’elle a validé avec la mention très bien.

L’heure était alors venue de se pencher sur sa thèse de doctorat, consacrée sans surprise à… la civilisation américaine. Divina Frau-Meigs, sa professeur, l’a encouragée à poursuivre ses recherches. Elle ne s’est pas fait prier !

L’Aveyronnaise a profité de son séjour sur la côte ouest des États-Unis pour découvrir les grands parcs nationaux.
L’Aveyronnaise a profité de son séjour sur la côte ouest des États-Unis pour découvrir les grands parcs nationaux. Reproduction L'Aveyronnais

Julie Momméja a ainsi traversé l’Atlantique et tout le continent nord-américain pour se poser en Californie. "J’ai suivi à la lettre les conseils de mon enseignante parisienne et je me suis projetée sur les pionniers et les penseurs des sphères de la contre-culture et de la cyberculture de la baie de San Francisco", rappelle-t-elle.

Elle a fréquenté l’université de Berkeley et en garde "un très fort souvenir" : "J’ai beaucoup aimé en effet l’effervescence d’être en immersion dans mon sujet de prédilection. J’avais le goût de la recherche. C’était un rêve et il était en train de se réaliser. J’étais en contact avec tous ceux qui avaient réfléchi bien avant moi sur cette question importante".

L’Aveyronnaise a profité de son séjour sur la côte ouest des États-Unis pour découvrir les grands parcs nationaux.
L’Aveyronnaise a profité de son séjour sur la côte ouest des États-Unis pour découvrir les grands parcs nationaux. Reproduction L'Aveyronnais

"Nancy est une étape importante"

Alors qu’elle aurait dû y rester un an, elle a passé trois années, grâce à son visa d’étudiante chercheuse. "ça prend du temps pour instaurer un climat de confiance, détaille l’intéressée. J’en ai profité pour revêtir la tenue de chercheuse dans une fondation.

Après la récolte de cette tonne d’informations, Julie Momméja est rentrée dans l’Hexagone, plus précisément dans le Bassin, pour la rédaction de sa thèse, soutenue à distance (le Covid-19 avait déjà frappé !) en mars 2021. Cette thèse va faire l’objet d’un livre qui sera publié l’an prochain chez un éditeur parisien, C & F éditions.

Elle a alors rejoint l’université Lumière Lyon 2 comme attachée temporaire d’enseignement et de recherche. Après deux années dans le Rhône, elle va donc découvrir, dans quelques jours, Nancy, Metz, l’Université de Lorraine. Et après ?

"L'Aveyron, mon port d'attache"

"J’ai du mal à voir plus loin, sourit-elle. Je vais déjà vivre pleinement cette étape importante dans ma carrière. J’ai envie d’élargir mes recherches, d’explorer le lien entre la culture et la technologie. Peut-être bien sur la côte est des États-Unis".

En attendant, malgré ces périples, elle n’a pas coupé le cordon avec l’Aveyron : "C’est mon port d’attache. Les Aveyronnais sont voyageurs, il y a de ça dans mon parcours. J’ai besoin de vert, de nature, de vie au ralenti".

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