Se chauffer pas cher en Aveyron : Condom-d’Aubrac touche du bois avec l’affouage

Abonnés
  • Geneviève Gasq-Barrès, maire de Condom-d’Aubrac, rappelle que l’affouage se pratique depuis 1276 sur sa commune.
    Geneviève Gasq-Barrès, maire de Condom-d’Aubrac, rappelle que l’affouage se pratique depuis 1276 sur sa commune. Centre Presse Aveyron - Olivier Courtil
Publié le , mis à jour

Cette tradition ancestrale qui remonte sur la commune à 1276 permet de faire bénéficier de bois de chauffage local et pas cher à ses administrés.

Passionnée par sa fonction, "je suis devenue maire car personne ne voulait s’occuper des biens sectionaux", glisse l’édile, Geneviève Gasq-Barrès a non seulement mis de l’ordre dans cette pratique et remis au goût du jour celle de l’affouage qui consiste à faire profiter du bois de chauffage à ses administrés.

Faire profiter du bois de chauffage à ses administrés

"Cela remonte à 1276 quand les moines de la Domerie ont délaissé une partie de leur forêt aux habitants pour s’en occuper", raconte l’élue, montrant sur la carte communale actuelle, les soixante et une parcelles à disposition aujourd’hui autour des Enguilhens.

Et d’énoncer, recherches à l’appui, la traduction de ce terme par le verbe : allumer. Une pratique qui éclaire encore la commune et permet de chauffer ses habitants.

Propriété collective de la forêt

Une longévité exceptionnelle qui a perduré au fil des siècles grâce à cette transaction médiévale. "Cela aurait pu prendre fin lors de la vente des biens de l’Église et lors de la Révolution mais les habitants ont gagné devant les tribunaux grâce à ce document".

Pas de coupes rases, préservation de la biodiversité

Une propriété collective de la forêt, symbolique d’un bien commun à partager et à promouvoir qui sied à l’esprit de la maire de Condom-d’Aubrac. Et qui apparaît, plus que jamais dans le sens de l’histoire en lien avec les enjeux économiques et climatiques. Faible coût et bois local, l’affouage est dans l’air du temps. D’autant que cette pratique ne fait pas de coupes rases et limite les parcelles pour la préservation de la biodiversité et la santé de la forêt.

Affouage et droit d'usage

François Artel, agent de l’Office national des forêts (ONF) en charge du Nord-Aveyron, précise que Laguiole pratique aussi l’affouage sur son secteur. Cette pratique se fait aussi sur Agen-d’Aveyron mais il n’y a pas de carte spécifique. Il rappelle que l’affouage est interdit en forêt domaniale et que l’affouagiste participe la gestion sylvicole en accord avec le code forestier. "Faire soi-même le bois de chauffage est plus intéressant mais demande du temps, du matériel et des capacités physiques car cela peut être dangereux. Le bois est évidemment mieux que le fioul mais a pour contraintes, le nettoyage du poêle et de s’en occuper", conclut l’agent.

Appel à une entreprise spécialisée

Pour ce faire, l’élue a adapté l’affouage au XXIe siècle face à la baisse et au vieillissement de la population (300 habitants sur sa commune), au risque de la pratique de bûcheron qui nécessite un savoir-faire, et à la loi. Depuis 2016, la commune fait ainsi appel à une entreprise spécialisée par le biais d’un avis en concurrence dont le contrat porte sur trois ans pour couper les arbres.

Des arbres choisis et marqués par l'ONF

Des arbres choisis et marqués par l’Office national des forêts. Reste à la commune, par le biais de son conseil municipal, de faire bénéficier ou pas, de ce bois de chauffage avec l’interdiction de le commercialiser. Cette année, vingt-quatre foyers se sont inscrits pour bénéficier de quinze stères par famille. Au prix de 33 euros le stère contre 70 euros en moyenne dans le commerce.

24 foyers inscrits cette année

Cet attrait pour la forêt, atout de sa commune qu’elle a su préserver, Geneviève Gasq-Barrès le témoigne en tant que présidente de l’association des collectivités forestières (Cofor). Bois d’œuvre, bois de chauffage, bois protégé, bois de construction, le domaine est vaste et le travail considérable. L’intérêt de l’énergie bois, notamment pour l’environnement, et particulièrement en cette période d’inflation, fait écho. Ainsi, l’élue annonce la construction du collège de La Cavalerie avec du bois certifié Massif central.

Le parc à l'oeuvre

Le parc naturel régional de l’Aubrac a établi une charte forestière qui court jusqu’en 2026. Elle s’appuie sur un partenariat avec l’office national des forêts (ONF), le centre régional de la propriété forestière (CRPF) et l’association des collectivités forestières (Cofor) et la Maison familiale rurale de Javols. Le parc propose une aide financière à travers le dispositif Sylv’acctes qui organise des levées de fonds auprès de collectivités et d’entreprises pour financer des travaux sylvicoles à hauteur de 70 % dans les forêts privées et 50 % dans les forêts publiques.

Le massif de l’Aubrac comme la France, est recouvert d’un tiers de forêts. Sur l’Aubrac : 15 % de forêts publiques (domaniales, communales ou sectionales) gérées par l’ONF et 75 % de forêts privées. On compte 35 % de forêts dites anciennes, qui ont plus de 100 ans, important pour la biodiversité. Le parc a même mis en place un trophée pour sensibiliser et restaure des bandes boisées.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?