De Chicago à Athènes, la Villefranchoise Clémence Renard met en exergue la noblesse des lettres

Abonnés
  • Si elle a grandi à Villefranche-de-Rouergue, Clémence Renard se pose désormais à l’ombre de la cathédrale de Rodez lors  de ses séjours en Aveyron.
    Si elle a grandi à Villefranche-de-Rouergue, Clémence Renard se pose désormais à l’ombre de la cathédrale de Rodez lors de ses séjours en Aveyron. Rui Dos Santos
  • Après Chicago, la Villefranchoise a posé ses valises en Grèce, enseignant au lycée français d'Athènes. Après Chicago, la Villefranchoise a posé ses valises en Grèce, enseignant au lycée français d'Athènes.
    Après Chicago, la Villefranchoise a posé ses valises en Grèce, enseignant au lycée français d'Athènes. L'Aveyronnais
Publié le
Rui DOS SANTOS

La trentenaire enseigne au lycée français de la capitale grecque, après avoir goûté aux rives du lac Michigan aux Etats-Unis. Très attachée à la beauté des mots, elle a créé, avec Marie Cordier, voilà trois ans, "Une fois, une voix", un concours de podcasts documentaires pour les adolescents du monde entier, et vient de sortir un roman, "Dans l’œil de la tempête".

Même avec le recul, elle est tout aussi catégorique : "Je voulais faire des lettres !". Elle est ainsi restée fidèle à l’orientation envisagée à l’adolescence. Elle confirme : "J’étais, en effet, une littéraire, une vraie de vraie. L’enseignement figurait sur ma liste et j’envisageais aussi de faire de la recherche". Avec un faible pour la littérature du XXe siècle et pour l’écrivain Hervé Guibert.

Clémence Renard est née à Albi, le 10 juillet 1991, d’une mère ruthénoise, ancienne championne de judo quand elle s’appelait encore Anne Calvet, et d’un père montpelliérain. Elle n’a aucun souvenir tarnais puisque c’est à l’âge de 2 ans qu’elle a pris ses quartiers à Villefranche-de-Rouergue. Après une scolarité classique, collège de La Douve et lycée Raymond-Savignac, où elle a décroché un bac série L, elle a rejoint Clermont-Ferrand, avec le Capes à la clé.

Son premier poste d’enseignante a eu pour cadre le collège de la Reynerie à Toulouse, intégré au réseau d’éducation prioritaire, où elle a passé trois ans, avec des classes de 3e. Son poste a été supprimé et elle a postulé à l’étranger.

J’ai énormément aimé l’architecture ainsi que la présence de la nature

Elle a écrit au Brésil, en Espagne, au Portugal, en Louisiane... Elle a bien traversé l’Atlantique, mais pour se poser à Chicago. Elle a ainsi consacré trois années à l’école franco-américaine, avec une immersion totale puisqu’elle maîtrisait l’anglais. "J’ai adoré cette expérience, c’était carrément merveilleux, assure la trentenaire. D’autant que Chicago, ce n’est pas que Michael Jordan, Al Capone ou la Skyline... J’ai énormément aimé l’architecture ainsi que la présence de la nature. Avec le lac Michigan devant la porte".

Commençant toutefois à "tourner en rond", son envie de lycée l’a alors menée à Athènes. Rattachée à l’académie de Toulouse, Clémence Renard a un contrat de trois ans, soit jusqu’à l’été 2025.

"L'idée de revenir en France germe maintenant"

Si elle apprécie son séjour en Grèce, avec "la verdure qui sort du béton et le street art" de la capitale ou encore la montagne à deux pas de la grande ville (elle est plutôt tournée vers les sommets que vers les îles des Cyclades), l’Aveyronnaise et son chéri Justin, qui a ouvert là-bas son atelier de céramique après s’être formé en… Aveyron, verraient "d’un bon œil un retour au pays". "L’idée de revenir en France germe maintenant, confirme-t-elle. C’est le bon moment pour rentrer".

Cette démangeaison est liée, notamment, à la volonté de la trentenaire de "s’investir davantage" dans "Une fois, une voix". Avec son amie clermontoise Marie Cordier, qui baigne elle dans la culture à Marseille (gestion de projets, rédaction et conception éditoriale), elles ont initié, en août 2020, ce concours de podcasts documentaires pour les adolescents francophones du monde entier. La quatrième édition est dans les tuyaux.

Et puis, il y a l’écriture. Lors de son escale aveyronnaise pour les fêtes de fin d’année, elle en a d’ailleurs profité pour présenter son premier roman, "Dans l’œil de la tempête" (256 pages, 20 €), sorti en août aux éditions Fugue, à la librairie La folle avoine à Villefranche-de-Rouergue.

"J’ai reçu un bon accueil de la part des libraires, se réjouit Clémence Renard. Mais, c’est vrai que cette séance était assez émouvante, car il n’est jamais facile de “jouer à domicile” dans ce lieu où, adolescente, j’ai passé beaucoup de temps. Muriel Couderc, la maîtresse des lieux, a tout fait pour que le moment soit agréable et inoubliable".

Repérée par l'écrivain David Thomas

C’est donc dans la Perle du Rouergue qu’est née cette gourmandise pour les mots. L’intéressée n’a pas oublié : "J’ai toujours écrit et beaucoup lu. Dès l’âge de 6 ans, c’était la folie… J’avais tout le temps un livre à la main". Alors, pourquoi ne pas passer à l’acte ? Elle reconnaît volontiers : "Le projet d’un roman, la forme pour laquelle j’ai toujours eu un faible, c’est lourd. Mais, j’ai fini par pousser jusqu’au terme de la démarche".

C’est lors d’ateliers d’écriture qu’elle a été repérée par David Thomas. Ancien journaliste, devenu auteur de nouvelles et de romans, ce Parisien est sous les feux des projecteurs depuis 2011 et "Un silence de clairière". En 2023, il a reçu le Prix Goncourt de la nouvelle pour "Partout les autres". Clémence Renard y a "pris goût" et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : "Le deuxième ouvrage est sur les rails, pour une parution peut-être au printemps prochain. L’histoire se déroule pas très loin de l’Aveyron, dans les terres du sud-ouest".

Et, dans sa tête, les idées sont claires : "J’aimerais ménager de la place pour l’écriture dans mon quotidien !". Cette réflexion pourrait, en tout cas, à défaut de précipiter, mais au moins d’accélérer, son retour dans l’Hexagone. "Je suis davantage inspirée ici", assure-t-elle.

En attendant une éventuelle rentrée définitive, elle n’a pas coupé le cordon avec la France : "Quand je reviens, soit je me pose en Aveyron pour voir ma mère, soit à Paris pour passer du temps avec ma sœur Céline. Et puis, au pays, il y a mes amis d’enfance, avec un héritage en commun".

Elle embarque toujours dans ses valises, par exemple, de l’aligot deshydraté. Elle possède aussi "un incroyable petit livre de cuisine aveyronnaise". Elle a d’ailleurs réinterprété une recette pour en faire "la truffade… à la grecque !". Ca l’amuse.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?