"La littérature m’a toujours sauvée de tous les maux !", (se) livre la Laissagaise Delphine Laurent

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  • Si Delphine Laurent a repris, avec son mari, la ferme familiale paternelle à Sévérac-l'Eglise, près de Laissac, ce n’est "pas par caprice, mais par envie".
    Si Delphine Laurent a repris, avec son mari, la ferme familiale paternelle à Sévérac-l'Eglise, près de Laissac, ce n’est "pas par caprice, mais par envie". Reproduction L'Aveyronnais
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Rui Dos Santos

Avec son premier ouvrage, "Naisseur", sorti il y a un peu moins d'un an, la jeune quinquagénaire figure parmi les six finalistes du Prix Arverne, orchestré par la Ligue auvergnate et du Massif Central.

Le gagnant est... Le Prix Arverne livrera son verdict mardi 12 mars, tandis que la remise officielle est fixée jeudi 4 avril. Créé en 2007, il récompense, chaque année, un auteur originaire de l’un des neuf départements (Allier, Aveyron, Cantal, Corrèze, Creuse, Haute-Loire, Lot, Lozère, Puy-de-Dôme) de la Ligue auvergnate et du Massif Central, née en 1886 et présidée par l’Aveyronnaise Isabelle Cazals, ou bien traitant d’un sujet concernant l’Auvergne.

Pour cette 18e édition, Josyane Delmas-Bouchard et les membres de l’équipe organisatrice ont reçu 47 ouvrages. Un nouveau record ! "C’est une preuve de la notoriété toujours croissante de ce prix, qui met à l’honneur nos régions et nos talents, véhicule nos valeurs fondamentales, tout en étant résolument moderne", se réjouit la présidente du jury, au sein duquel figure également l’Aveyronnais Michel Bessières.

Si Jean Anglade a été le premier lauréat avec "Le temps et la paille", des ambassadeurs de l’Aveyron ont inscrit leur nom au palmarès : Roger Béteille et "La pomme bleue" en 2012, Daniel Crozes et "Un été d’herbes sèches" en 2016, Vanessa Bamberger et "Alto braco" en 2019. Elle est la dernière à y figurer puisque les quatre ultimes heureux récipiendaires sont, dans l’ordre, Cécile Coulon et "Une bête au paradis", Maurice Chalayer et "Le porteur de joie", Jean-Guy Soumy et "Le regard de Jeanne", Franck Bouysse et "L’homme peuplé". Qui va donc succéder, en 2024, au brillant écrivain corrézien, dont la renommée ne cesse de croître et qui a conquis le jury, happé par "son style intense et son écriture magistrale".

Après une première sélection, et "un tour de table très animé", les six finalistes sont désormais connus : Patrick Cloux et "Une sédentarité heureuse", Clément Benech et "Un vrai dépaysement", Serge Joncour et "Chaleur humaine", Catherine Delors et "Blanche et la bonne étoile", Florence Roche et "Les rescapés de Junas", et enfin l’Aveyronnaise Delphine Laurent et "Naisseur". Sera-t-elle, après Antonin Malroux (2011) et Franck Bouysse (2023), la troisième représentante de l’éditeur Albin-Michel à intégrer le palmarès de ce Prix Arverne ?

"Ma relation à l'écriture est très personnelle, secrète, intime"

Née à Rodez, en 1973, Delphine Laurent est issue de deux familles d’éleveurs et elle a grandi dans la ferme paternelle (bovins viande), située à Sévérac-l’église, près de Laissac. Après un bac A3 (cinéma) à Aurillac et des études de lettres modernes à Toulouse, sa destinée était de devenir enseignante mais, selon ses propres termes, "j’ai préféré faire d’autres choix".

Tout en conservant, tous les deux, une activité professionnelle, elle a repris, avec son mari, l’exploitation laissagaise, riche de près de cinq siècles d’histoire ("Ce n’est pas un caprice mais une envie, avec un cheptel de 40 vaches allaitantes adapté à notre mode de vie"), et a noirci ses premières pages. "Naisseur" est ainsi sorti voilà quelques mois, l’année de ses cinquante bougies. "J’ai pris le temps car ma relation à l’écriture est très personnelle, secrète, intime", reconnaît-elle, se qualifiant, "non pas de timide, mais de pudique". Elle poursuit sur le sujet : "La littérature m’a toujours sauvée de tous les maux ! C’est la figure de proue de mon existence".

Elle revient volontiers sur l’écriture du livre "Naisseur", projet qui lui a donc demandé quatre ans de travail : "Ce n’est pas un roman terroir, mais plutôt un roman rural, avec le volet social. Il n’est pas question de reportage non plus, je l’ai vécu. Ce n’est pas de la fiction pure non plus, car j’aime perdre le lecteur. Ce bouquin, c’est le début, un besoin viscéral, une évidence".

"Il n'y aura pas de suite !"

Et maintenant ? "Je ne compte pas m’arrêter là, assure-t-elle, avec un sourire rayonnant. Cet ouvrage restera comme un phare. Le deuxième bébé est en route, mais ce n’est pas une suite. Il n’y aura pas de suite ! Le thème de l’agriculture, j’y reviendrai, mais je veux montrer que je suis capable de faire passer des émotions dans un autre milieu".

Elle insiste : "Je ne suis pas une paysanne qui écrit !". Et l’Aveyronnaise de conclure : "Quand j’ai pris connaissance de mon statut de finaliste du Prix Arverne, je me suis dit "Ce n’est pas rien". J’étais hyper touchée, très émue. J’avais eu l’occasion d’en parler avec Marie-Hélène Lafon, et de lire les actualités de Cécile Coulon et de Françoise Besse. Jamais, je n’aurais imaginé être à leur place".

En attendant le verdict, cette passionnée de littérature américaine, celle par exemple de Cormac McCarthy, Prix Pulitzer avec "La route" ("J’aime ses grands espaces, la diversité de son œuvre"), ne cache pas que "les choses ont un peu changé" depuis le succès populaire de son livre : "Je suis passée de personne qui écrit à auteur. être éditée apporte, sans conteste, une reconnaissance".

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