Occitanie : le ministre Marc Fesneau face à 20 agriculteurs de l'Hérault et du Gard, que retenir de cette rencontre ?

  • Marc Fesneau face aux agriculteurs dans l'Hérault. Marc Fesneau face aux agriculteurs dans l'Hérault.
    Marc Fesneau face aux agriculteurs dans l'Hérault. Midi Libre - MICHAEL ESDOURRUBAILH
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Ludovic Trabuchet

Le ministre de l'Agriculture a rencontré vingt professionnels représentatifs de la diversité agricole en Languedoc-Roussillon, ce vendredi 2 février. Un débat de plus d'une heure où il a été beaucoup questions de revenus, de simplification et de normes, d'eau... et de remerciements, aussi, pour les dernières annonces en faveur du monde agricole.
 

Lors de son déplacement à Montpellier en novembre dernier pour rencontrer les viticulteurs en colère, le ministre de l'Agriculture avait promis de revenir dans le département "avant la fin du mois de janvier". La crise agricole a reporté sa visite de quelques jours, mais Marc Fesneau est bien venu ce vendredi 2 février dans l'Hérault "au rendez-vous des promesses qui devaient être tenues pour la viticulture", a-t-il rappelé.

Au programme, entre autres, une rencontre événement avec vingt agriculteurs de l'ex-Languedoc-Roussillon dans les locaux de Midi Libre à Saint-Jean-de-Védas. Plus d'une heure de discussion, de débat, qui a permis au ministre d'assurer le service après-vente des annonces de Gabriel Attal pour calmer la colère agricole. Mais aussi d'empiler de nouveaux dossiers à poser sur son bureau pour répondre à des problématiques tout aussi importantes que celles révélées lors des manifestations des derniers jours.

"Maintenant qu'on a ouvert le capot, il faut qu'on aille dans le moteur"

Preuve que tout n'a pas été réglé, l'une d'elles a d'ailleurs été souvent évoquée par les différents intervenants... et répétée maintes fois par le ministre lui-même : "la simplification""Je ne suis pas un bonimenteur, j'essaye de dire ce que l'on peut faire et ce qui est compliqué", a assuré Marc Fesneau, sous-entendant que cela se jouait parfois, souvent, au niveau européen. "Il y a quelque chose qui ne va pas dans la Pac en termes de complexités. Maintenant qu'on a ouvert le capot, il faut qu'on aille dans le moteur", a-t-il défendu, prenant l'exemple des contrôles désormais réalisés par l'intelligence artificielle et les satellites, sans que cela n'exonère les agriculteurs de déclarations administratives chronophages. 

"Il faut se saisir de ce moment de simplification"

Mais le besoin de simplification est parfois aussi franco-français, notamment en région pour tout ce qui touche le sujet sensible de l'eau. David Drilles, viticulteur dans les Pyrénées-Orientales, a évoqué un projet de retenue collinaire bloqué pendant huit ans, finalement sorti en quatre mois "grâce" à la sécheresse qui frappe le département. Philippe Boisson, président de la coopérative des Oignons doux des Cévennes, a raconté ses difficultés pour monter un dossier de demande de stockage d'eau de pluie. Yvon Pellet, vice-président du Département de l'Hérault, a pesté contre les normes qui imposent plus d'une année d'étude sur "les bébêtes" avant de lancer un projet de retenue hivernale d'eau du Rhône, "alors que des viticulteurs disent que sans eau, ils crèvent dans trois ans". Le ministre a entendu tous ces arguments, s'est même agacé contre "une agencialisation tragique de l'Etat". "Si un projet de retenue collinaire se débloque en quatre mois, c'est que c'était un bon projet. Il faut se saisir de ce moment de simplification", a-t-il répété à plusieurs reprises, conscient que la problématique de l'eau est vitale sur ce territoire. "Il y aura une arythmie, on le sait. Autorisons le stockage, pensons le sujet dans le travail de transition", a encore dit Marc Fesneau, promettant un travail en collaboration sur tous ces sujets avec son homologue de l'Environnement.

"Mon travail, c'est de limiter les coûts de production"

Un peu plus tôt, Marc Fesneau avait également été interpellé sur la problématique des revenus de la profession. "Nous, on a 2% de marge quand au-dessus de nous, ils font 40%. Il faut trouver d'où vient ce problème des prix", a ainsi exhorté Marie Durand-Hulak, qui vient de se lancer dans la viticulture et la filière ovine. "La rémunération, c'est l'écart entre les coûts de production et le prix. Mon travail, c'est de limiter ces coûts, notamment en engageant une réflexion  sur les normes. Mais la question du prix, c'est aussi un débat d'opinion publique", a répondu le ministre, disant espérer que la colère agricole aura permis d'ouvrir les esprits des consommateurs. À une question de l'arboricultrice gardoise Florence Robichon sur les difficultés à obtenir des crédits pour replanter des arbres ravagés par la grêle, le ministre a promis d'engager une réflexion sur les aides face aux aléas climatiques et la transition des exploitations. "On a mis des moyens sur la table, mais il faut les mobiliser".

Les débats se sont ainsi enchaînés, souvent techniques, mais toujours riches. Par exemple autour de la loi Egalim, qui demande à être adaptée pour certaines filières, ainsi que l'a réclamé la présidente de l'association nationale d'horticulture, l'Héraultaise Marie Levaux. "On parle de souveraineté alimentaire, mais c'est une souveraineté agricole globale qu'il faudrait évoquer. L'horticulture peut être un très beau modèle de souveraineté, on a besoin de repenser les choses", a répondu Marc Fesneau.

Des aides... et des demandes

Le ministre est aussi reparti avec des demandes du monde de la bouvine, des conchyliculteurs bloqués dans certains projets par la loi littorale. Il en a profité aussi pour rappeler les décisions prises cette semaine sur l'arrachage temporaire, les aides d'urgence dont les guichets ouvriront "dès le début de semaine prochaine : MHE, viticulture. Sur le GNR, c'est 230 M€ de trésorerie qui vont arriver dans les exploitations dès le mois de février". Des annonces qui lui ont valu des remerciements de la part de plusieurs agriculteurs, à l'image de l'Héraultaise Brigitte Cingla, présidente de l'association des éleveurs d'Occitanie et dernière intervenante de la soirée. Au passage, elle a tout de même interpellé le ministre sur "les petits ruminants. On a perdu les deux tiers du cheptel en quelques années", a-t-elle rappelé, évoquant les problématiques d'accord de libre-échange ou d'un stock important de 12 000 tonnes de laine qui attend. "Il y a une ribambelle de sujets, on a besoin de travailler sur votre compétitivité", a reconnu le ministre. À peine sorti de la crise, Marc Fesneau va se remettre au travail. 

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