Portrait. "C'est un poste qui m'a appelé !" : Christophe Hazemann ou la passion Pierre Soulages

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  • Christophe Hazemann est aussi à l'origine de la création du service de médiation.
    Christophe Hazemann est aussi à l'origine de la création du service de médiation. Centre Presse Aveyron - S. O.
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Issu d'un milieu ouvrier, Christophe Hazemann n'aurait jamais imaginé devenir directeur adjoint du musée Soulages et encore moins travailler avec Pierre Soulages. Un parcours "inouï" qu'il n'a pas planifié mais construit à force de passion et de rencontres. 

Il est des destins incroyables. Celui de Christophe Hazemann est un conte de fées. À 45 ans, l'homme est directeur adjoint du musée Soulages. Un poste prestigieux, auquel il n'aurait sans doute jamais songé.

Il était destiné à l'automobile

Son parcours est tout aussi incroyable. Issu d'une famille d'ouvriers, il était destiné au secteur automobile. En Franche-Comté, et plus précisément à  Montbelliard, les enfants sont prédestinés  à travailler pour le secteur de l'industrie automobile et donc pour  Peugeot. À l'école, tout était orienté "pour faire de nous de bons ouvriers. Il y a un déterminisme social évident",  note Christophe Hazemann. 

"J'ai visité mon premier musée à l'âge de 18 ans"

Mais le jeune homme ne l'entend pas de cette oreille. Il veut faire des études, plutôt littéraires. "Mes parents ne l'ont pas compris, mais ils m'ont soutenu". Une attitude qui a permis au jeune étudiant de s'ouvrir à un monde alternatif. "Je n'avais aucune idée du monde de la culture. J'ai visité mon premier musée à l'âge de 18 ans et seul. Dans l'imaginaire de notre famille, les musées et la culture étaient réservés à l'élite. Cela explique pourquoi aujourd'hui je m'attache à faire de la médiation". 

Un monde tout en contraste avec ce qui fait l'habituelle animation en Franche-Comté, "Jonnhy Halliday, le foot, et le parc d'attractions  Europa-Park". Après des études d'Histoire et d'Histoire de l'art, Christophe Hazemann invite ses parents à découvrir son premier travail, qu'il vient de décrocher à la Frac (Fonds régional d'art contemporain du Rhône-Alpes), en tant que médiateur et en charge des publics. "Là, ils se sont rendu compte que j'avais un vrai métier. Les études dans le monde de la culture ne débouchent pas  que sur du chômage ! C'est à ce moment-là que j'ai commencé à les emmener au musée, à l'opéra, à la danse classique etc.", dit-il en souriant. 

De la région Rhône-Alpes à l'Aveyron

Après avoir passé six ans entre Lyon et  Villeurbanne, le regard de Christophe Hazemann se tourne ailleurs. C'est alors qu'il se souvient de ses vacances passées en Aveyron. "Je me dis, je tente le coup. Je me donne  15 jours de vacances et  je me trouve un travail et un logement. Et ça n'a pas loupé. Je me trouve un travail au musée Denys-Puech. Je me suis dit, c'est le destin".

Tout cela se passait il y a 10 ans. Trois ans après Denys-Puech, Christophe Hazemann quitte Rodez pour Vitry-sur-Seine, une ville militante, comme Lyon où il y trouve du street art et un grand musée avec une superbe collection dont des œuvres de Soulages. Après six ans et les attentats, Christophe Hazemann ressent  à nouveau l'envie de bouger. Le jeune professionnel se rend chez ses amis villefranchois Pierrette et André Villemagne, de l'Atelier Blanc, avec lesquels il avait gardé des liens.

Pierrette Villemagne qui, un jour avait rendez-vous avec Benoît Decron, le directeur du musée Soulages,  propose à son ami Christophe la visite du musée ruthénois. "Ils en viennent à parler de moi, car Benoît cherchait un médiateur. Voilà comment j'ai passé un entretien, au pied levé, en tongs, débardeur et short. Il se trouvait qu'il connaissait mon parcours au musée Denys-Puech et même ailleurs. Je n'ai pas hésité une seconde à dire oui. Un jury a été organisé par la suite. C'est absolument improbable. C'est un poste qui m'a appelé !"

"J'ai une chance inouïe d'avoir travaillé avec Pierre Soulages"

Depuis, Christophe Hazemann se plaît  au musée où - avec une envie forcenée il aime à transmettre sa passion des artistes à tous les publics via la médiation. Mais son plus beau cadeau est le musée Soulages.

"J'adore l'Aveyron, j'adore le musée  et j'ai eu une chance inouïe d'avoir travaillé avec Pierre Soulages. Œuvrer avec un artiste  de son vivant, ça n'arrive jamais ! En moins de 10 ans, on a fait des expos sur Picasso, Alexander Calder, Fernand Leger, Klein, Le Corbusier... Un palmarès que Benoît Decron a réussi à amener sur un territoire enclavé. Je suis vraiment admiratif", souligne sincèrement Christophe Hazemann, qui salue une programmation digne des plus grands musées du monde. 

Toute une équipe autour de la médiation culturelle

C'est Christophe Hazemann qui est à la tête du service de médiation. Un outil  qu’il a monté, tout en le désolidarisant d'avec l'office du tourisme qui s'est, à son tour, recentré sur d'autres visites et activités. Aujourd'hui, ils sont quatre agents - Christel Lagarrigue, Andréa Fontanille, Julien Arquié et Cédric Maupomé, chacun dans sa spécialité (les nouvelles technologies, les publics en situation de handicap, l'architecture et le public international) œuvre pour l'attractivité du musée Soulages. Le musée est en constant développement des actions en rapport avec Pierre Soulages (musique, l'art roman, la poésie) pour atteindre et diversifier les publics. Des activités qui s'inscrivent dans "l'ambition de l'EPCC de poursuivre et développer l'attractivité en connexion avec le territoire. Car au-delà de  l'objectif de diversification des sources de financement des projets indispensables dans ce contexte national et international inflationniste, notre volonté pour le 10e anniversaire est de poursuivre notre ouverture aux partenaires par le mécénat, autour de projets partagés et de valeurs communes", affirme Jean-Christophe Bourdoncle, le secrétaire du musée. et d'ajouter, "ce doit être un véritable axe de développement dans l'environnement artistique, social et économique du musée en associant notamment le tissu local. Aussi, en lien avec les partenaires institutionnels fondateurs de l'EPCC, Rodez Agglo, le Département, la Région et l'Etat via la Drac, des actions de collaboration sont déjà existantes. Elles doivent être renforcées". 

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