Colère des agriculteurs : "Parfois, nous ne sommes pas allés assez loin", déclare le député aveyronnais Stéphane Mazars

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    Le député Stéphane Mazars. Centre Presse Aveyron - José A. Torres
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Philippe Henry

Le député de la première circonscription, Stéphane Mazars, est revenu sur la crise agricole qui a secoué le pays et qui couve toujours.

La colère des agriculteurs s’est quelque peu apaisée. Pourtant, celle-ci couve depuis de longs mois, voire des années. Sur le terrain, avez-vous senti cette exaspération monter ? Et n’était-il pas possible d’y répondre avant qu’elle n’éclate ?

Effectivement, nous pouvions sentir venir cette crise, avec ma suppléante Pauline Cestrières qui est aussi agricultrice, lors des différentes rencontres que j’ai pu avoir tout au long de mon mandat. Il s’agissait d’un mécontentement lié aux tracasseries administratives, à la pression des contrôles, aux inquiétudes concernant le prix de revient des produits de la ferme, l’inquiétude liée à la concurrence déloyale de certains pays, etc. Et cela a fini par devenir insupportable.

Tous ces sujets, depuis 2017 date à laquelle j’ai été élu, je les entends sur le terrain. Tous les sujets, nous les avons identifiés. Mais sur certains points, nous ne sommes pas allés assez loin pour donner une véritable visibilité à nos agriculteurs. Le compte n’y était pas.

Justement, pensez-vous que les réponses apportées par Gabriel Attal à cette crise sont suffisantes ?

Le Premier ministre a apporté un certain de nombre d’engagements. Et avec des réponses concrètes. Il reste à parler plus aux éleveurs qui sont peut-être ceux qui subissent, en ce moment, le plus les crises. Il faut également s’engager sur un calendrier.

Quand nous avons rencontré les différents syndicats, FDSEA et JA, cela a fait partie des demandes. Nous devons mettre à profit ce temps jusqu’au Salon de l’agriculture pour poser les choses et établir des diagnostics. Ce premier temps va d’abord se faire au niveau local avec des rencontres organisées, ces prochains jours, entre le préfet, les représentants de la profession. Au national, un travail est mené en parallèle. Il peut être traité par voie réglementaire.

La mise entre parenthèses de plusieurs normes liées à l’usage des phytosanitaires en inquiète certains. Est-ce un recul de la question écologique ?

Il ne faut surtout pas opposer agriculture et écologie. Surtout sur un territoire comme le nôtre. Ils sont totalement conscients des enjeux. Ils subissent, en première ligne, le changement climatique. Et ce sont eux aussi, par un usage inconsidéré de ces produits, qui mettraient leur vie en danger.

Nous pouvons leur faire confiance quant à leur capacité à appréhender ces sujets environnementaux, de diversité et de santé publique. Il faut aujourd’hui s’interroger sur ce que nous mettons en application, aux contradictions, parfois avec des normes prises au niveau de l’Union européenne. Il faut arriver à co-construire dans un cadre apaisé, rationnel, scientifique, l’agroécologie de demain. Sur ce sujet on doit s’éloigner des postures militantes, des partis pris. Et nous devons respecter ce principe : pas d’interdiction sans solution. Si nous pouvons sortir de la dépendance à certains produits, tant mieux. Mais nous ne pouvons laisser les agriculteurs sans solution au risque de les mettre en grande difficulté.

En Aveyron, le conflit entre les producteurs de lait et Lactalis s’éternise. Les parlementaires ne peuvent-ils pas peser dans les discussions et faire avancer le dossier ?

Si dans le cadre des discussions entre Lactalis et nos agriculteurs, ces derniers estiment que la lettre et l’esprit de la loi Egalim ne sont pas respectés, ce sera à nous d’attirer l’attention des pouvoirs publics pour que des contrôles se fassent. Si l’industriel n’est pas capable de prendre en compte ce coût de revient, la contractualisation n’est pas faite comme la loi l’impose. Il faut donc contrôler et le cas échéant sanctionner.

En pleine crise agricole, la hausse de 300 euros de l’enveloppe des frais de mandat des députés a suscité la polémique. Le moment était-il bien choisi ?

Non, le moment était très mal choisi. On s’en serait bien passé. La plupart des députés ont découvert cette décision sur les réseaux sociaux ou par la presse. Il s’agit d’une décision émanant des questeurs, trois députés qui gèrent les questions administratives et financières de l’Assemblée. Le bureau de l’assemblée nationale a ensuite validé ; il n’y a pas eu de vote des députés et nous avons été mis devant le fait accompli. Nous avons tous regretté cette décision prise au plus mauvais moment.

Même s’il ne s’agit pas d’une augmentation de notre rémunération mais de l’avance faite chaque mois pour couvrir nos frais professionnels, liés à la permanence, aux déplacements, etc.

Train de nuit Rodez-Paris : "Une situation devenue insupportable"

"J’attends la nomination du nouveau ministre des Transports pour aller poser le sujet sur la table. Cela devient insupportable. À l’heure où il faut décarboner nos mobilités, relancer le ferroviaire et le train de nuit, il n’est pas acceptable que le service de cette ligne se dégrade autant. Hors grève, entre le mois de juillet et mi-janvier, plus d’une soixantaine de départs ont été annulés. Nous devons mettre le paquet pour conserver la bonne qualité de cette ligne."
 

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