Quésaco : le "popcorn brain", ce fléau silencieux qui grignote notre attention

  • Le "popcorn brain" est un terme qui traduit notre difficulté à se concentrer en raison d'une exposition excessive aux écrans et à un contenu numérique rapide et fragmenté.
    Le "popcorn brain" est un terme qui traduit notre difficulté à se concentrer en raison d'une exposition excessive aux écrans et à un contenu numérique rapide et fragmenté. Lolostock / Shutterstock
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Avez-vous déjà entendu parler du "popcorn brain" ? Derrière ce terme ludique se cache une réalité préoccupante : la difficulté croissante de notre cerveau à se concentrer sur une tâche unique en raison d'une exposition excessive aux écrans.

Avec l'avènement du numérique, notre cerveau est soumis à rude épreuve. Sollicité en permanence par une multitude de stimuli, il peine parfois à suivre le rythme effréné imposé par les écrans. C'est dans ce contexte que le terme "popcorn brain" a fait son apparition.

Le "popcorn brain", ou "cerveau pop-corn", est un néologisme désignant la tendance de notre cerveau à sauter d'une information à une autre, sans jamais se fixer sur une seule. À l'image des grains de pop-corn qui éclatent dans tous les sens, notre attention se disperse, rendant la concentration de plus en plus difficile.

Ce phénomène est principalement lié à notre exposition quotidienne aux écrans. Selon une étude de Junior Connect, menée auprès de plus de 4 000 enfants et adolescents, les jeunes Français (13-19 ans) possèdent en moyenne trois écrans personnels. Les moins de 6 ans passent même six heures par semaine sur internet, à regarder des vidéos, échanger avec leurs proches, écouter de la musique ou encore jouer aux jeux vidéo. Comptez neuf heures par semaine pour les 7-12 ans, et près de 18 heures par semaine pour les 13 ans et plus.

D'après les données du dernier Digital Report 2024 de We Are Social et Meltwater, l'internaute type passe en moyenne 6 heures et 40 minutes en ligne tous les jours, soit trois minutes de plus en un an.

47 secondes d'attention

Cette surexposition aux écrans a des conséquences néfastes sur notre capacité d'attention. Une étude japonaise publiée en 2023 dans la revue JAMA Pediatrics, menée auprès de 7 097 enfants, a établi un lien entre le temps passé devant les écrans à l'âge d'un an et des retards de développement, notamment dans les domaines de la communication, de la motricité globale et de la motricité fine, de la résolution de problèmes et des aptitudes personnelles et sociales, aux âges de deux et quatre ans.

Mais comment expliquer ce phénomène ? Selon Gloria Mark, professeure émérite d'informatique à l'université d'Irvine, en Californie, notre cerveau est constamment en quête de récompenses. Or, les écrans, avec leurs notifications, leurs images colorées et leurs contenus variés, sont une source inépuisable de gratifications. Résultat : notre cerveau devient accro à cette stimulation constante et peine à se satisfaire d'une activité moins stimulante.

"J'appelle ça des 'pièges à attention' parce qu'ils sont engageants, gratifiants... et qu'il est très facile de tomber dedans ! Nous avons constaté que lorsque les gens vont sur TikTok et trouvent une vidéo hilarante, ils veulent y rester parce qu'ils sont à la recherche de la prochaine vidéo hilarante. Et c'est bien plus gratifiant que de faire le ménage ou autre chose. C'est le piège", explique la professeure dans un article de l'université de Californie.

Cette surstimulation a entrainé ces dernières décennies une baisse de notre attention et de notre concentration. "Mon premier article sur ce sujet a été publié en 2004 à partir d'une étude menée en 2003. Nous avons constaté que la durée d'attention sur les écrans était en moyenne de deux minutes et demie", explique-t-elle. "Si l'on considère l'ensemble des études réalisées entre 2016 et 2020, juste avant le début de la pandémie, cette moyenne s'élève à 47 secondes, ce qui constitue une différence très nette".

Un problème dont les parents sont bien conscients. 70% des parents d'enfants âgés jusqu'à 6 ans estiment que l'usage des écrans impacte fortement le développement des enfants, selon un sondage Ifop réalisé en février 2024 pour la Fondation pour l'enfance.

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