Au départ de Cannes, un bus pour inciter les femmes à prendre soin de leur coeur

  • ce bus rose est installé avec un village de tentes sur le port de Cannes, à deux pas du palais des festivals, dans une ambiance festive mais avec un discours sombre.
    ce bus rose est installé avec un village de tentes sur le port de Cannes, à deux pas du palais des festivals, dans une ambiance festive mais avec un discours sombre. Courtesy of Agir pour le cœur des femmes
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ETX Daily Up

(AFP) - Musique, transats roses et soignants souriants, pour une cause négligée: le "bus du cœur des femmes" entame à Cannes sa 4e saison à travers la France pour inviter les femmes à prendre en main leurs risques spécifiques de maladies cardio-vasculaires.

Depuis mercredi et jusqu'à vendredi, ce bus rose est installé avec un village de tentes sur le port de Cannes, à deux pas du palais des festivals, dans une ambiance festive mais avec un discours sombre.

"Chaque jour en moyenne, deux femmes meurent d'un accident de la route, 33 d'un cancer du sein et 200 d'une maladie cardio-vasculaire", explique Thierry Drihlon, chef d'entreprise et cofondateur en 2020 du fonds de dotation "Agir pour le cœur des femmes".

Infarctus, AVC ou encore embolies pulmonaires sont "la première cause de décès des femmes en France et pourtant la prévention est possible" pour limiter les risques et les séquelles, insiste-t-il.

A coups de vidéos poignantes sur les réseaux sociaux, l'organisation cherche d'abord à sensibiliser, rappelant que les femmes de 45 à 54 ans sont la catégorie où les infarctus sont en plus forte augmentation.

Et ils restent très mal diagnostiqués, parce que les femmes -et certains soignants- ne reconnaissent pas les symptômes. En effet, l'infarctus féminin s'annonce parfois par une gêne respiratoire, des troubles gastriques, des migraines ou une fatigue à l'effort.

Face à cette situation, le "bus du cœur des femmes" sillonnera la France, comme depuis 2021, pour venir à leur rencontre: après Cannes, plus d'une quinzaine d'étapes de trois jours chacune sont prévues, au printemps et à l'automne, dans des villes de toutes tailles.

A chaque fois, le village est animé par des acteurs locaux afin d'établir un lien durable, et quelque 250 femmes, souvent orientées par la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) ou des organismes sociaux, peuvent suivre un parcours de dépistage: entretien avec un médecin, prise de tension, électro-cardiogramme, écho-doppler des carotides, test sanguin express, entretien gynécologique avec une sage-femme...

- "A l'écoute" -

Entre le bus et les différentes tentes, les femmes vont et viennent, leur petit dossier à la main, patientant si besoin sur des transats, pendant qu'un haut-parleur diffuse Edith Piaf et Zaz.

"J'ai 45 ans, il fallait faire un bilan", explique une aide-soignante tunisienne invitée par son centre social, reconnaissant que si elle voyait souvent son médecin de famille, c'était surtout pour ses trois enfants.

"C'est très bien fait, l'intimité et la pudeur sont respectées, les gens sont à l'écoute", témoigne une jeune retraitée de 63 ans, venue après avoir vu un prospectus à la mairie: "J'étais plus fatiguée, j'ai mal aux jambes, je suis fumeuse, je voulais contrôler. Mais ici c'est difficile d'avoir un rendez-vous".

A l'issue du parcours, un dernier entretien avec un médecin permet de faire la synthèse des risques, petit schéma à l'appui, et d'orienter si besoin la patiente.

Sur les 10.000 femmes passées depuis 2021 par ce bus, 90% présentaient au moins deux facteurs de risque cardiovasculaires et 50% avaient en plus deux facteurs de risque gynécologiques, très souvent une contraception inadaptée.

Un quart ont bénéficié d'un suivi à l'hôpital ou en cabinet, voire d'hospitalisations immédiates si nécessaire, relève la professeure Claire Mounier-Vehier, cardiologue au CHU de Lille et autre cofondatrice d'Agir pour le cœur des femmes.

Dans le village de tentes, des professionnels et des associations sont déjà là pour parler de diététique, d'addictions, de lutte contre les violences ou encore pour initier les femmes au massage cardiaque, à la sophrologie...

Un parcours de détection raccourci est aussi proposé depuis peu dans des hôpitaux à l'occasion de "journées du cœur des femmes", pour porter la culture de la prévention au sein des lieux de soins.

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