Saur: les banques proches d'une reprise, les syndicats inquiets

  • Le 23 novembre 2012 à Paris, logo de BNP Paribas, l'une des deux principales banques créancières de la Saur
    Le 23 novembre 2012 à Paris, logo de BNP Paribas, l'une des deux principales banques créancières de la Saur AFP/Archives - Eric Piermont
  • Le 24 mars 2010 à Paris, logo de Natixis, l'une des deux principales banques créancières de la Saur
    Le 24 mars 2010 à Paris, logo de Natixis, l'une des deux principales banques créancières de la Saur AFP/Archives - Loic Venance
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AFP

Les banques créancières de la Saur ont fait un grand pas vers une reprise du numéro trois français de l'eau, en arrivant à se mettre d'accord sur les termes de leur offre, mais leur approche suscite l'inquiétude d'une partie du personnel devant un projet jugé trop financier.

"90% des créanciers senior et junior ont approuvé le plan proposé", a indiqué vendredi à l'AFP un représentant du CoCom, un groupement des principaux créanciers de la Saur.

Le projet des banques prévoit de convertir une partie de leurs créances en capital, ce qui leur donnerait de fait le contrôle de l'entreprise.

La semaine dernière, BNP Paribas et Natixis --les deux principaux créanciers avec 40% de la dette-- avaient conclu un accord de principe avec la direction de la Saur et la mandataire judiciaire autour d'une offre améliorée des banquiers.

L'offre consiste à ramener la dette de la Saur à 900 millions d'euros, soit 50 millions de moins que l'offre précédente des banques, plus une "flexibilité" de 150 millions de réduction de dette supplémentaire si la Saur connaissait de nouvelles difficultés, selon plusieurs sources.

En début de semaine, la proportion des banques favorables à cette proposition avait grimpé à 60%, mais il fallait encore franchir le seuil décisif des deux tiers. Désormais, seule la caisse régionale Ile de France du Crédit Agricole ne s'est pas ralliée, selon une source proche du dossier.

La Saur, numéro 3 de la distribution d'eau en France derrière Veolia et Suez, se trouve en procédure de conciliation judiciaire depuis le début de l'année, l'entreprise étant étranglée financièrement par la dette de sa holding de tête, Hime, qui dépasse 1,7 milliard d'euros.

Un processus de reprise a été enclenché, avec quatre offres déposées: les banques créancières, le fonds spécialisé Cube, le spécialiste des déchets Séché Environnement ainsi qu'Impala, la société de l'homme d'affaires Jacques Veyrat.

L'offre des banques, en position de force puisqu'elles négocient également le rabais de dette, a pris une bonne longueur d'avance, selon des sources concordantes.

Maintenant qu'elles sont d'accord entre elles, elles doivent encore avoir le feu vert des actionnaires existants, l'Etat (via le Fonds Stratégique d'Investissement), Axa Private Equity, Séché Environnement et Cube.

Si les deux premiers semblent désormais favorables à l'opération, il faudra encore avoir le feu vert de Séché et de Cube. Un accord final doit être trouvé avant le 30 juin, date-butoir avant une possible liquidation judiciaire.

Inquiétudes syndicales

En dépit de la menace de liquidation, les syndicats de la Saur se sont dit "fondamentalement opposés" au projet d'offre de reprise par les banques.

"Nous ne voulons pas de banquiers à la barre. La grande majorité des salariés de la Saur s'opposent de manière fondamentale au montage purement financier que proposent les banques", a déclaré à l'AFP Yves Ardil au nom d'une intersyndicale CFTC, CFDT, FO, CGT et CFE-CGC.

"On a vécu un montage financier en 2005 et depuis, les effectifs ont dégringolé et l'entreprise s'est transformée en vache à lait où tout devient rentabilité. Ce qui se dessine aujourd'hui, c'est exactement un copié-collé de ce qui s'est passé à l'époque", a ajouté le délégué central CGT.

La Saur avait été vendue en 2005 par Bouygues au fonds d'investissement PAI Partners, puis cédé deux ans plus tard à un consortium associant le Fonds stratégie d'investissement (FSI, public, 38%), le groupe Séché (33%), Axa Private Equity (17%) et la société d'investissement Cube (12%).

"Nous voulons un montage industriel qui s'assoit sur du très long terme. Nous avons une visibilité à 10 ans et n'avons pas besoins d'actionnaires qui, eux, raisonnent sur trois ans, on ne veut plus de ça", a dit M. Ardil.

Les syndicats, conscients que les banquiers sont "incontournables", veulent un industriel à la tête de l'entreprise. L'offre de Séché (traitement des déchets), qui a "un vrai projet industriel", a leur préférence.

Le 5 juin, plusieurs centaines de salariés avaient manifesté à Paris pour dénoncer la suppression de 520 postes d'ici à 2015. L'intersyndicale avait également appelé les salariés à la grève ce jour avec un taux de 50%, selon les syndicats, de 17% selon la direction.

Pour la direction de la Saur, "le ralliement des banques témoigne du soutien massif à (son) projet d'entreprise". "L'intérêt social constitue un des axes important de ce projet: maintien du périmètre, pas de plan social d'entreprise, ni de plan de départ volontaire et un engagement à associer les collaborateurs à la réussite de l'entreprise", a-t-elle ajouté dans un courriel à l'AFP.

Le numéro trois de l'eau en France derrière Veolia et Suez Environnement, compte près de 13.000 salariés, dont 10.000 dans l'Hexagone, répartis sur six pôles (Eau, Propreté, Ingénierie, Travaux, Loisirs et Société).

Source : AFP

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