Tapie quatre jours sur le gril dans l'affaire de l'arbitrage

  • Arrivée le 24 juin 2013 à l'Hôtel-Dieu à Paris du véhicule à bord duquel se trouve Bernard Tapie
    Arrivée le 24 juin 2013 à l'Hôtel-Dieu à Paris du véhicule à bord duquel se trouve Bernard Tapie AFP/Archives - Fred Dufour
Publié le
AFP

Bernard Tapie était jeudi pour le 4e jour sur le gril des enquêteurs qui l'interrogent sur l'arbitrage rendu en 2008 dans son conflit avec le Crédit Lyonnais, pendant qu'il affirmait dans un livre paru le même jour que "non", il n'avait "pas volé" l'argent qui lui a été octroyé.

La garde à vue de l'homme d'affaires, qui a démarré lundi matin, a été prolongée mercredi de 48 heures et peut donc durer jusqu'à vendredi matin, tout en pouvant être interrompue à tout moment.

Depuis lundi, Bernard Tapie, 70 ans, dort à l'hôpital parisien de l'Hôtel-Dieu, à deux pas du palais de justice, qui dispose d'une salle spécialisée, la salle Cusco, pouvant accueillir des gardés à vue nécessitant une surveillance médicale.

Quatre jours de garde à vue sont prévus dans des affaires de terrorisme, mais aussi lorsque l'enquête porte sur des soupçons de "bande organisée", comme dans l'affaire de l'arbitrage.

Outre M. Tapie, les enquêteurs ont placé en garde à vue son avocat, Me Maurice Lantourne, et Jean Bruneau, ancien président de l'association des petits porteurs BTF (Bernard Tapie Finances). A la fin de leur garde à vue, ils seront déférés devant un juge pour une mise en examen, ou remis en liberté.

Dans cette affaire, les juges d'instruction soupçonnent l'arbitrage - au terme duquel M. Tapie s'était vu accorder 403 millions d'euros en 2008 - d'avoir été biaisé à son profit.

Les enquêteurs cherchent notamment à comprendre comment M. Tapie a plaidé sa cause à l’Élysée et à Bercy, et quels pouvaient être ses éventuels liens avec les arbitres.

Ils soupçonnent Me Lantourne d'avoir eu des relations professionnelles avec l'un des arbitres, Pierre Estoup, et de ne pas en avoir fait état au moment de l'arbitrage, comme l'exige la loi.

"C'est reparti pour un tour"

M. Estoup a été le premier mis en examen dans le dossier, pour "escroquerie en bande organisée", suivi de Stéphane Richard, PDG d'Orange et ex-directeur de cabinet de l'ancienne ministre de l’Économie et actuelle patronne du FMI Christine Lagarde, et Jean-François Rocchi, ancien patron du CDR (Consortium de réalisation, chargé du passif du Crédit Lyonnais).

Et les enquêteurs devraient prochainement entendre l'ancien secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, dont le rôle dans l'orchestration de l'arbitrage a , selon les témoignages, été central.

Avant sa convocation, Bernard Tapie s’était dit "serein", déclarant même à Europe 1 avec sa gouaille et son franc parler habituels "n'avoir rien à foutre" de ce rendez-vous.

Bloqué dans sa chambre-prison, l'ancien chanteur devenu ministre puis comédien, qui a déjà connu les barreaux des prisons de la Santé et de Luynes (Bouche-du-Rhône), a manqué la sortie de son livre, "un scandale d’État, oui!", paru jeudi (Ed. Plon), qui exonère Nicolas Sarkozy de toute responsabilité dans l'arbitrage en sa faveur.

"Je vais me battre"

L'ancien président "n'a pas cherché à m'aider. Il n'a pas provoqué l'arbitrage", "Il n'a pas donné d'instructions en ma faveur à quiconque. Mais il ne s'est pas opposé à la procédure permettant de sortir d'un litige qui datait de 1995", écrit l'homme d'affaires.

Et de raconter: "A la fin de l'été 2012 (...), tout va bien. Et puis, le jeudi 24 janvier, c'est le coup de tonnerre: mon domicile est perquisitionné (...). C'est reparti pour un tour". Débutée en 2011, l'enquête sur l'arbitrage controversé s'était soudain accélérée.

"Une fois de plus je vais me battre. Comme d'habitude", prévient M. Tapie dans son livre, affirmant "non, je n'ai pas volé l'argent qui m'a été finalement attribué. (...) Non, je n'ai pas coûté un sou au contribuable à qui j'ai, au contraire rapporté beaucoup". Et pour lui, pas de doute, derrière cette affaire, c'est Nicolas Sarkozy que les juges cherchent à atteindre, avait-il confié à l'AFP.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?