Moscou: l'opposant Navalny défie le Kremlin aux municipales

  • Des partisans de l'opposant russe Alexeï Navalny, à Moscou, le 6 septembre 2013
    Des partisans de l'opposant russe Alexeï Navalny, à Moscou, le 6 septembre 2013 AFP - Vasily Maximov
  • Le maire sortant Sergueï Sobianine, le 6 septembre 2013 à Moscou
    Le maire sortant Sergueï Sobianine, le 6 septembre 2013 à Moscou AFP - Vasily Maximov
  • L'opposant russe Alexeï Navalny, lors de son dernier meeting de campagne, le 6 septembre 2013 à Moscou
    L'opposant russe Alexeï Navalny, lors de son dernier meeting de campagne, le 6 septembre 2013 à Moscou AFP - Vasily Maximov
Publié le
AFP

Moscou élit dimanche son maire dans un scrutin où l'opposant numéro un russe Alexeï Navalny défie le favori soutenu par le Kremlin et le système politique de Vladimir Poutine.

La participation aux municipales de l'opposant de 37 ans, pourfendeur de la corruption et adversaire résolu de Vladimir Poutine, qui avait pris la tête du mouvement de protestation à l'hiver 2011-2012, change la donne dans un paysage politique aseptisé et où l'opposition est marginalisée depuis dix ans.

Les bureaux de vote ont ouvert à 08H00 locales (04H00 GMT) et fermeront à 16H00 GMT. Les premiers résultats officiels devront être annoncés à 18HOO GMT.

Alexeï Navalny, en sursis d'une peine de prison, a appelé vendredi les Moscovites à voter pour lui pour briser la domination de Vladimir Poutine, un président "omniprésent dans l'espace politique russe", dans une interview au quotidien en ligne gazeta.ru.

Il a estimé que son résultat aux municipales enverrait un clair signal au pouvoir et déterminerait "si l'on peut mettre les gens en prison et continuer de voler de l'argent".

Cette campagne "aurait pu être celle de la présidentielle", a estimé l'opposant, qui a dans le passé déclaré son intention de briguer la présidentielle de 2018.

Condamné en juillet à cinq ans de détention pour des accusations de malversations qu'il dit fabriquées de toutes pièces, Navalny a été emprisonné puis libéré contre toute attente par la justice jusqu'à l'examen en appel.

L'opposant, qui a mené une campagne très active dans la rue et sur l'internet, a nettement grimpé dans les sondages à 18%-20% des intentions de vote, mais il demeure loin derrière le maire sortant Sergueï Sobianine (58%-60%).

Il a mobilisé plusieurs milliers de volontaires et plus de 100 millions de roubles (2,3 millions d'euros) en donations.

Plusieurs chefs d'entreprises du secteur de l'internet lui ont manifesté publiquement leur soutien et l'économiste réputé Sergueï Gouriev, récemment réfugié en France, est l'auteur de son programme économique.

Navalny qui affiche pour crédo "ne pas voler, ne pas mentir", a promis dans le passé de mettre un jour en prison Vladimir Poutine et ses proches, qui ont fait à plusieurs reprises l'objet de ses enquêtes anti-corruption.

"Je vais voter pour Navalny, il est honnête, il déteste la corruption et l'hypocrisie", explique Fedor Indoukaïev, un agent immobilier.

"Pour soigner la syphilis, il faut un docteur. Navalny sera ce docteur" contre la corruption, explique-t-il.

Alexandra Fomina, une peintre de 73 ans, n'est pas convaincue. "On dit qu'il est nationaliste. Hitler a aussi commencé comme ça, il a été élu. Il pourrait lutter contre les voleurs mais cela ne suffit pas pour diriger une grande ville".

"Navalny gêne certains? Mais ce n'est pas pour lui qu'on vote, mais pour être entendus, pour que des centaines de Navalny apparaissent pour les prochaines élections et pas seulement à Moscou", a écrit de son côté dans son blog l'historien Vitali Dymarski, le comparant au jeune Boris Eltsine "qui avait réuni autour de lui des mécontents du régime de tous bords" avant de contribuer à la chute du régime soviétique.

Le maire sortant Sergueï Sobianine, 55 ans, un gestionnaire efficace sans charisme, a mené campagne dans un tout autre style refusant de participer aux débats et disant préférer poursuivre son travail pour la ville.

Il a multiplié les initiatives pour séduire les Moscovites, de la création d'un système de vélos en libre-service à de gigantesques chantiers de rénovation du centre historique.

Nommé par le Kremlin en 2010 par décret, il a convoqué une élection anticipée pour asseoir sa légitimité dans la mégalopole de 12 millions d'habitants.

Selon des analystes, cette élection est très importante pour le Kremlin, la participation de Navalny l'ayant transformée en "un référendum sur Poutine" à Moscou, la capitale qui fut le théâtre principal de la vague de contestation contre le régime à l'hiver 2011-2012.

Entre 7.000 et 8.000 observateurs sont enregistrés pour surveiller cette élection dont de nombreux feront partie des commissions électorales, a indiqué Grigori Melkoniants de l'ONG Golos.

Source : AFP

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