Assassinat de Valentin: verdict attendu pour Moitoiret et Hégo

  • Véronique Cremault lors du procès des assassins présumés de son fils, le 15 novembre 2013 aux assises de Lyon
    Véronique Cremault lors du procès des assassins présumés de son fils, le 15 novembre 2013 aux assises de Lyon AFP/Archives - Philippe Desmazes
  • Croquis d'audience de Stéphane Moitoiret le 12 novembre 2013 au palais de justice de Lyon
    Croquis d'audience de Stéphane Moitoiret le 12 novembre 2013 au palais de justice de Lyon AFP/Archives - Benoit Peyrucq
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AFP

Stéphane Moitoiret était-il fou ou conscient de son acte lorsqu'il a poignardé à 44 reprises le petit Valentin dans l'Ain en 2008 ? La cour d'assises d'appel du Rhône rend son verdict vendredi après deux semaines de débats intenses.

Comme en première instance, l'avocat général, Jean-Paul Gandolière, a requis jeudi 30 ans de réclusion criminelle contre Moitoiret, et "16 à 18 ans" contre son ex-compagne Noëlla Hégo, accusée de l'avoir incité à tuer.

"C'est dans cette relation spéciale d'emprise que vous trouverez l'explication", a asséné le magistrat. Selon lui, Noëlla Hégo était "l'ange noir" de Stéphane Moitoiret, "un baril de poudre criminel" dont elle a "allumé la mèche".

L'avocate de Noëlla Hégo, Roksana Naserzadeh, a de son côté plaidé l'acquittement, invitant les jurés à opérer "un tri massif entre fantasmes et vérités établies". Les deux avocats de Moitoiret plaideront vendredi matin.

Cette audience en appel a tranché avec le premier procès tenu fin 2011 à Bourg-en-Bresse. Sous camisole chimique, Moitoiret et Hégo étaient restés mutiques et avaient été respectivement condamnés à la perpétuité et 18 ans de réclusion.

A Lyon, avec un traitement allégé, les deux accusés se sont exprimés abondamment, plongeant les jurés dans leur univers fait de "clones", de "boîtes à voeux", de réincarnations et de "missions divines".

Or leur état mental est au centre des débats: pour la défense de Moitoiret, qui plaide la folie, comme pour celle de Hégo, qui estime qu'on fait passer des "propos délirants" pour un aveu de complicité.

'Once de lucidité'

L'ADN accable Stéphane Moitoiret, marginal de 44 ans dont le sang a été retrouvé mêlé à celui de Valentin, mort dans une rue de Lagnieu (Ain) le 29 juillet 2008. Ses avocats ne contestent pas sa culpabilité mais estiment qu'il doit être déclaré pénalement irresponsable.

Quatre experts évoquent une "abolition" du discernement, synonyme d'irresponsabilité, et six parlent d'"altération", qui permet une condamnation. Moins catégoriques à l'audience, deux des "altérationnistes" ont finalement refusé de se prononcer.

Les partisans de l'abolition rappellent que Moitoiret délire "depuis des décennies", point attesté par l'enquête, et estiment que les 44 coups de couteau donnés à un enfant inconnu signent, par leur sauvagerie et leur absurdité, la folie de l'accusé.

Pour leurs adversaires, le marginal a conservé une "once de lucidité", suffisante pour cacher couteau et vêtements, et a tué Valentin par "colère" parce que Noëlla Hégo, qui représentait "toute sa vie" depuis 20 ans, voulait le quitter.

"Les experts franchement, vous nous gonflez", a lâché jeudi Gilbert Collard, l'avocat de la mère de Valentin. Sa cliente "a peur que si demain (Moitoiret) allait dans un hôpital psychiatrique, des médecins disent un jour qu'il est guéri", a-t-il dit.

Loin des discussions sur Moitoiret, les experts ont tous jugé Noëlla Hégo, 53 ans, responsable de ses actes malgré un "délire" mystique largement dévoilé à l'audience. Mais ils se sont montrés très sceptiques sur son implication.

"Vous ne pouvez pas la dissocier de ce crime", a lancé l'avocat général jeudi à la cour. Pour lui, "la source de cette affaire n'est pas leur délire" mystique, "c'est l'histoire d'une terrible emprise" et d'une séparation.

"Sans cette femme, il est mort", a martelé l'avocat général pour qui Moitoiret, le soir du drame, n'aurait eu "d'autre solution que d'aller tuer pour espérer qu'elle ne parte pas" selon un concept de "retour en arrière" inventé par Hégo.

"Il est malade, mais il a gardé ce soir-là un contact avec la réalité, c'est ma conviction", a ajouté le magistrat, mettant la cour en garde contre la tentation de se prononcer pour "l'abolition" de la responsabilité: "s'il est condamné, il aura les mêmes soins que dans un hôpital, mais il y aura une durée, c'est toute la différence".

Source : AFP

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