Ukraine: le Parlement va discuter de nouvelles concessions

  • Des manifestants ukrainiens place de l'Indépendance à Kiev, le 28 janvier 2014
    Des manifestants ukrainiens place de l'Indépendance à Kiev, le 28 janvier 2014 AFP - Aris Messinis
  • Des députés ukrainiens applaudissent après un vote du Parlement lors d'une session extraordinaire, le 28 janvier 2014 à Kiev
    Des députés ukrainiens applaudissent après un vote du Parlement lors d'une session extraordinaire, le 28 janvier 2014 à Kiev AFP - Sergeï Supinsky
  • Le président russe Vladimir Poutine lors d'un sommet UE-Russie à Bruxelles, le 28 janvier 2014
    Le président russe Vladimir Poutine lors d'un sommet UE-Russie à Bruxelles, le 28 janvier 2014 AFP - John Thys
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AFP

Le Parlement ukrainien doit discuter mercredi de nouvelles concessions possibles du pouvoir aux pro-européens - dont une amnistie de manifestants en prison - pour désamorcer la crise qui secoue le pays depuis fin novembre.

Par ailleurs, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, en visite à Kiev, doit évoquer une issue politique de la crise avec le président Viktor Ianoukovitch et les dirigeants de l'opposition, bien que le président russe Vladimir Poutine ait appelé les Européens à ne pas s'ingérer.

Le pouvoir ukrainien a déjà lâché du lest mardi avec la démission du gouvernement et l'abrogation de lois répressives.

Des initiatives qui ont conduit le vice-président des Etats-Unis Joe Biden à saluer les "progrès" effectués en Ukraine, dans un appel téléphonique au président Ianoukovitch qu'il a exhorté à oeuvrer en faveur de l'"unité".

"En Ukraine, nous défendons pour principe que le peuple a le droit de s'exprimer librement et pacifiquement et doit avoir son mot à dire pour l'avenir du pays", a estimé le président Barack Obama mardi soir dans son discours sur l'état de l'Union.

Le Canada a de son côté annoncé que les dirigeants ukrainiens impliqués dans la répression des manifestations étaient désormais interdits d'entrée sur son territoire, sans préciser ni leur identité ni leur nombre.

Dans ce qui apparaît comme une nouvelle concession faite à ses adversaires politiques, le chef de l'Etat ukrainien a accepté le départ du Premier ministre Mykola Azarov et par conséquent de l'ensemble des ministres.

Le gouvernement actuel, qui sera provisoirement dirigé par le premier vice-Premier ministre Serguiï Arbouzov, continue cependant à gérer les affaires courantes en attendant la formation d'une nouvelle équipe.

L'opposition a refusé l'offre de M. Ianoukovitch de confier les rênes du gouvernement à l'un des ténors du mouvement de contestation, Arseni Iatséniouk.

"C'est une première étape", mais "ce n'est pas suffisant", a réagi l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko, qui avait en son temps dirigé le gouvernement.

Interrogé sur le fait de savoir s'il souhaitait toujours que le chef de l'Etat quitte le pouvoir, l'ancien boxeur Vitali Klitschko, l'un des leaders de l'opposition, a répondu: "Réglons les problèmes un à un", même si "la démission de Ianoukovitch serait une mesure logique".

Dans la rue aussi, la tension est retombée d'un cran, après les heurts de ces derniers jours. Mais les opposants restent mobilisés dans le centre de Kiev, sous la surveillance de contestataires armés de battes de baseball, malgré des températures ancrées sous les -10 degrés.

"La démission du gouvernement ne signifie pas la victoire. Nous sommes là pour que le président s'en aille, pour changer le pouvoir dans son ensemble", a ainsi expliqué Vassyl, 49 ans.

Hors de la capitale, le siège de l'administration dans près de la moitié des régions reste occupé par les contestataires, qui réclament le départ des gouverneurs nommés par le chef de l'Etat.

Le parlement, réuni en session extraordinaire, a abrogé les lois du 16 janvier qui réprimaient presque toute forme de manifestation.

Elles avaient été fermement dénoncées par les Occidentaux et avaient entraîné la radicalisation du mouvement de contestation né du refus de M. Ianoukovitch fin novembre de signer un accord de libre-échange avec l'UE, y préférant un rapprochement avec Moscou.

Cette législation prévoyait des peines allant jusqu'à cinq ans de prison pour le blocage des bâtiments publics et des amendes ou une détention administrative pour les manifestants portant des masques et des casques.

Elle punissait par ailleurs de travaux d'intérêt général les auteurs de diffamation sur l'internet, ce qui a été vu comme une forme de censure.

Poutine ne veut pas d'"ingérence" de l'UE

361 députés ont voté l'abrogation de ces lois, deux contre. Les débat au parlement, où le Parti des régions de M. Ianoukovitch est majoritaire ont ensuite été ajournés jusqu'à mercredi 09h00 GMT.

A l'issue d'un bref sommet à Bruxelles avec l'Union européenne, Vladimir Poutine a pour sa part assuré que si l'opposition y arrivait au pouvoir, la Russie ne réviserait pas ses accords avec l'Ukraine, en particulier sur un prêt de 15 milliards de dollars déjà promis et sur les prix des produits énergétiques qu'elle lui vend.

"Je pense que le peuple ukrainien est capable de régler" ses problèmes "par ses propres moyens (...) la Russie ne s'ingérera jamais" dans cette crise, a encore dit M. Poutine, avant d'inviter les gouvernements de l'Union européenne à faire de même.

Les chefs de gouvernement du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) doivent se rencontrer mercredi soir pour tenter de définir une attitude commune face à la crise ukrainienne.

Les milieux économiques se montrent nerveux face à cette crise, qui s'est accompagnée d'une chute de la monnaie nationale, la hryvnia.

L'agence d'évaluation financière Standard & Poor's s'est inquiétée de la solvabilité dans un contexte d'institutions affaiblies, et a abaissé sa note à "CCC+", un niveau réservé aux pays au bord du défaut de paiement.

Source : AFP

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