Venezuela: les étudiants toujours mobilisés, avant les partisans du pouvoir samedi

  • Des étudiants manifestent contre le gouvernement de Nicolas Maduro à Caracas le 13 février 2014
    Des étudiants manifestent contre le gouvernement de Nicolas Maduro à Caracas le 13 février 2014 AFP - Leo Ramirez
  • Des proches et des partisans du gouvernement portent le cercueil de Juan Montoya, tué à Caracas, le 13 février 2014
    Des proches et des partisans du gouvernement portent le cercueil de Juan Montoya, tué à Caracas, le 13 février 2014 AFP - Leo Ramirez
  • Des étudiants manifestent contre le gouvernement de Nicolas Maduro à Caracas le 13 février 2014
    Des étudiants manifestent contre le gouvernement de Nicolas Maduro à Caracas le 13 février 2014 AFP - Juan Barreto
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AFP

Un millier d'étudiants opposés au gouvernement défilaient à nouveau vendredi à Caracas, visiblement décidés à engager un bras de fer contre le gouvernement de Nicolas Maduro, qui a lui appelé ses partisans à manifester samedi.

Avec pancartes, banderoles, drapeaux vénézuéliens et porte-voix, des centaines de jeunes gens se sont d'abord réunis à la mi-journée et sous le soleil sur la place Altamira, dans le quartier aisé de Chacao (est), avant de bloquer rues et avenues alentour, aux cris notamment de "Liberté ! Etudiants !" ou encore "Peuple, écoute, rejoins la lutte !".

"Une fois encore, nous sommes ici pour exiger la libération des étudiants (détenus) et parce que nous ne pouvons pas vivre dans une telle violence", a expliqué à l'AFP Maria Correia, une étudiante de 20 ans.

Ces mobilisations, à Caracas et en province, s'inscrivent dans le cadre du mouvement de protestation anti-gouvernemental lancé il y a une dizaine de jours par des étudiants qui s'insurgent contre la vie chère, l'insécurité et les pénuries dans le pays pétrolier.

Au cours de la matinée, dans l'ouest populaire de la capitale, des centaines de personnes ont elles rendu hommage au militant pro-gouvernement Juan Montoya, tandis que sur terrain de foot de Guatire, un autre quartier de Caracas, le jeune opposant Bassil da Costa était salué une dernière fois.

Tous deux avaient péri en marge de la manifestation de mercredi à Caracas.

Ce jour-là, la capitale avait été le théâtre de la plus importante mobilisation contre le président Maduro depuis son élection en avril 2013, qui s'est soldée par trois morts, des dizaines de blessés et une centaine d'interpellations.

Selon le responsable de la Fédération étudiante de l'Université centrale du Venezuela (UCV), Juan Requesens, 60% des étudiants détenus ont toutefois déjà été libérés.

En plus de coups de feu isolé et de jets de pierre, des groupes de manifestants avaient brulé des pneus ainsi que des véhicules de la police et attaqué le siège d'un ministère, la police répliquant par des jets de gaz lacrymogènes.

De son côté, le président Nicolas Maduro, qui devait vendredi présenter "un plan de pacification", a appelé jeudi soir ses partisans à manifester samedi "pour la paix et contre le fascisme", terme habituellement utilisé par les autorités pour désigner les opposants, accusés par le gouvernement de fomenter les violences pour tenter de provoquer "un coup d'Etat".

- 'Crise globale' -

"Les manifestations des étudiants ont mis en évidence la crise globale, structurelle, en termes politiques et économiques, que vit le ", selon le sociologue Ignacio Avalos.

Depuis quelques semaines, le gouvernement fait face à une grogne croissante d'une partie de la population dans un contexte de forte inflation (56,3% en 2013), de pénuries récurrentes frappant les denrées alimentaires ou les produits de consommation courante et d'une insécurité que les autorités ne parviennent pas à juguler.

Le mode de protestation étudiant, décidé à obtenir le départ de M. Maduro, bénéficie du soutien de plusieurs opposants mais ne fait pas l'unanimité au sein de la Table de l'unité démocratique (MUD), la principale coalition de l'opposition vénézuélienne.

Sa principale figure, Henrique Capriles, battu d'un cheveu à la présidentielle d'avril dernier par M. Maduro, a lui-même estimé jeudi que "les conditions ne sont pas réunies pour forcer le départ du gouvernement".

- La bataille gagne le terrain médiatique -

La plupart des chaînes de télévision vénézuéliennes se sont abstenues ces derniers jours de diffuser les images de ces incidents, craignant visiblement les avertissements du Conseil national des Télécommunications, qui a menacé de sanctions les médias qui feraient "la promotion de la violence".

Jeudi soir, M. Maduro a accusé de "manipulations" certains médias étrangers, parmi lesquels l'Agence France-Presse, et annoncé la suspension de la diffusion de la chaîne de télévision colombienne d'informations NTN24.

Par ailleurs, les autorités n'avaient toujours pas interpellé vendredi Leopoldo Lopez, un opposant accusé d'homicide et d'association de malfaiteurs et visé par un mandat d'arrêt depuis mercredi soir. M. Lopez fait partie d'un petit groupe prônant la contestation dans la rue, sous le mot d'ordre "La Sortie".

Plusieurs organismes internationaux tels que l'ONU ou l'Organisation des Etats américains (OEA) ont demandé que les responsables des violences soient jugés, tandis que les Etats-Unis, le Panama ou encore l'Union européenne exprimaient leur "préoccupation".

En revanche, les alliés traditionnels de Caracas dans la région (Cuba, Equateur, Argentine, Bolivie ou encore Nicaragua) ont affiché leur solidarité avec le gouvernement vénézuélien et rejeté la violence.

Source : AFP

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