Procès Iacono: décision attendue de la cour de révision

  • Christian Iacono le 5 avril 2012 à la sortie de la prison de Grasse
    Christian Iacono le 5 avril 2012 à la sortie de la prison de Grasse AFP/Archives - Valery Hache
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AFP

Quatorze ans après le début de son "calvaire", l'ancien maire de Vence (Alpes-Maritimes) Christian Iacono saura mardi après-midi si la justice accepte d'annuler sa condamnation à neuf ans de prison pour viols sur son petit-fils, depuis revenu sur ses accusations.

La Cour de révision doit dire si elle ordonne un nouveau procès, qui serait le troisième pour l'ancien élu, âgé de 79 ans.

Elle peut également annuler purement et simplement sa condamnation, sans nouveau procès, ordonner un supplément d'information, ou bien rejeter la requête en révision de l'ancien élu.

Depuis 1945, seuls huit condamnés pour des crimes ont été acquittés au terme d'une procédure de révision, dont une seule fois, en 2011, dans une affaire sexuelle. Christian Iacono a été condamné en 2009, puis en appel en février 2011, pour le viol de son petit-fils Gabriel.

En mai 2011 pourtant, rebondissement spectaculaire: le jeune homme revient sur ses accusations, maintenues pendant onze ans et portant sur des faits qui se seraient déroulés entre 1996 et 1998 dans la villa de Christian Iacono, à Vence, alors que l'enfant avait entre cinq et huit ans.

Gabriel Iacono pense avoir "inconsciemment menti" et se demande s'il n'a "pas été influencé par son père en conflit avec son grand-père".

En mars 2012, il déclare avoir "menti, petit, pour attirer l'attention" et réunir ses parents autour de lui, avoir "ensuite été convaincu par les divers médecins de la réalité de (ses) propres mensonges jusqu’au premier procès", avoir eu "des doutes lors du second procès" mais ne pas avoir "osé les formuler à haute voix" en présence de ceux qui l'avaient soutenu au cours des dix ans d'instruction.

- "Parfaitement, complètement innocent" -

Les investigations avaient de plus établi qu'il avait accusé à tort d'abus sexuels un camarade de collège qui a bénéficié d'un non-lieu, ce qu'ignorait la cour d'assises.

Il n'existe aucun élément de nature à mettre en doute la "sincérité" de ces rétractations, ni "manipulées" ni "récompensées", avait plaidé Me François Saint-Pierre, l'un de ses avocats, devant la Cour, le 6 février. "Le recours en révision", avait ajouté son confrère, Me Gérard Baudoux, "c'est l'ultime rempart avant que ne soit définitivement scellée l'erreur judiciaire".

Tous ces éléments n'ont pourtant pas convaincu l'avocate générale, Pauline Caby, qui a préconisé le rejet de la requête en révision. Pour elle, les rétractations de Gabriel Iacono sont "extrêmement sujettes à discussion", "floues", fluctuantes", "imprécises".

L'avocat du jeune homme aujourd'hui âgé d'une vingtaine d'années, avait avancé une explication. Celle d'une "blessure, qui peut être celle de l'institution judiciaire", qui, "baladée pendant des années", a condamné "sur les fantaisies d'un enfant".

Après avoir purgé au total 16 mois de prison en quatre séjours sous les verrous, Christian Iacono avait été remis en liberté en avril 2012.

Devant la Cour de révision, Gabriel Iacono avait demandé "pardon" à son grand-père avec lequel il ne peut, sur décision de justice, entrer en contact. "Excuse-moi", "j'ai dû faire un travail sur moi-même", "assumer les conséquences de mes actes", avait lancé le jeune homme, tourné vers Christian Iacono qu'il dit avoir "accusé à tort". S'il a eu du mal à se rétracter, c'est parce qu'il avait "peur de passer pour un menteur", devant son fils, devant "tout le monde", "devant la France".

"J'ai toujours dit que le pardon, ça se mérite", avait répondu Christian Iacono, bouleversé, "je ne peux pas condamner un enfant de 10 ans qui, avec un mensonge", a fait de 14 ans de sa vie "un vrai calvaire". Comme il l'avait fait dans le bureau du juge d'instruction au début de l'affaire, il a simplement répété: "je suis parfaitement, complètement innocent".

Source : AFP

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