Ukraine: l'OSCE toujours interdite de Crimée, Moscou étudie une remise en cause de START

  • Une jeune pro-russe devant les forces de police anti-émeute lors d'une manifestation pro-russe à Donetsk, Ukraine, le 8 mars 2014
    Une jeune pro-russe devant les forces de police anti-émeute lors d'une manifestation pro-russe à Donetsk, Ukraine, le 8 mars 2014 AFP - Alexander Khudoteply
  • Des soldats ukrainiens à Lviv le 8 mars 2014
    Des soldats ukrainiens à Lviv le 8 mars 2014 AFP - Yuriy Dyachyshyn
  • Un artiste peint un tableau de la place de l'Indépendance à Kiev le 8 mars 2014
    Un artiste peint un tableau de la place de l'Indépendance à Kiev le 8 mars 2014 AFP - Dimitar Dilkoff
  • Des forces de police anti-émeute devant le siège de l'administration régionale lors d'une manifestation pro-russe à Donetsk, Ukraine, le 8 mars 2014
    Des forces de police anti-émeute devant le siège de l'administration régionale lors d'une manifestation pro-russe à Donetsk, Ukraine, le 8 mars 2014 AFP - Alexander Khudoteply
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AFP

Les observateurs internationaux de l'OSCE ont été interdits samedi d'entrer dans la péninsule ukrainienne de Crimée, accueillis par des tirs en l'air de partisans de la Russie, au moment où Moscou réfléchissait à la suspension du droit des Occidentaux d'inspecter l'arsenal nucléaire russe.

Et dans l'Est ukrainien, industriel, russophone et agité par des tensions ces derniers jours, des manifestations ont rassemblé des milliers de partisans du rapprochement avec Moscou, notamment à Donetsk et Kharkiv.

A l'opposé, quelques centaines de partisans de la souveraineté de l'Ukraine défilaient - événement rare - à Simféropol, au coeur de la région séparatiste de Crimée qui organise le 16 mars un référendum pour le rattachement à l'immense Russie.

Après deux échecs jeudi et vendredi, les 54 observateurs internationaux dépêchés par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont tenté une troisième fois samedi de pénétrer dans la péninsule de Crimée passée fin février sous le contrôle de forces russes. En vain.

- Trois tirs de sommation -

Le convoi de ces observateurs, civils et militaires non armés, a dû rebrousser chemin à l'approche du poste de contrôle d'Armiansk sur un des deux axes routiers permettant d'entrer en Crimée. Des hommes armés en treillis ont pointé leurs armes vers le convoi puis ont tiré en l'air trois fois, selon une source au sein de la mission contactée par téléphone.

Toujours selon cette source, les observateurs n'étaient pas visés, mais une "petite voiture", juste devant le convoi.

"Je pense qu'ils ont été un peu surpris lorsque nous sommes arrivés parce qu'ils ne nous attendaient pas", a néanmoins souligné cette source à l'OSCE.

Cette mission de 54 personnes originaires de 29 pays membres de l'OSCE vise à permettre de réduire les tensions dans cette péninsule de la mer Noire stratégique pour Moscou.

- START en question ? -

Sur la scène diplomatique, malgré d'intenses consultations toute la semaine, Occidentaux et Russes n'ont pas réussi à trouver une issue à la pire crise dans leurs relations depuis la chute de l'URSS en 1991.

Selon la présidence française, la France et les Etats-Unis réfléchissent même, "faute de progrès" vers la sortie de crise, à "de nouvelles mesures" contre la Russie.

Lors d'un entretien téléphonique, les présidents François Hollande et Barack Obama ont ainsi évoqué des sanctions "qui affecteraient sensiblement les relations entre la communauté internationale et la Russie, ce qui n’est dans l’intérêt de personne", selon l'Elysée.

Cette semaine, Bruxelles et Washington ont déjà décidé des sanctions diplomatiques et économiques en "représailles", selon Barack Obama, à l'intervention russe en Ukraine.

Alors que chaque protagoniste réfute l'idée d'une nouvelle Guerre froide, le ministère russe de la Défense a indiqué samedi réfléchir à une suspension des inspections étrangères de son arsenal d'armes stratégiques, y compris les missiles nucléaires, en réponse aux "menaces" venant des Etats-Unis et de l'Otan.

Ces inspections ont lieu dans le cadre du Traité de réduction des armes stratégiques (START) signé en 2010 par les Etats-Unis et la Russie, et dans celui du Document de Vienne entre les pays membres de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE).

Signe que les forces russes sont loin d'un retrait de Crimée, une soixantaine de camions militaires russes sont entrés ces dernières 24 heures en Ukraine par voie terrestre et maritime, selon les garde-frontières ukrainiens.

Le général Mykola Kovil, un haut responsable des garde-frontières, avait indiqué vendredi que 30.000 soldats se trouvaient en Crimée, soit 5.000 de plus que le contingent autorisé par les accords entre Moscou et Kiev.

- Drapeaux russes -

A Donetsk, une foule de plusieurs milliers de manifestants s'est rassemblée sur la place Lénine, brandissant des drapeaux de la Russie ou de la "Russie de Kiev", berceau historique des états slaves d'Ukraine, de Russie et du Bélarus.

"Nous sommes des gens pacifiques, nous voulons la paix", a déclaré à l'AFP Larissa Koukovina, une retraitée en doudoune et bonnet rose venue manifester. "Nous voulons un référendum pour rejoindre la Russie parce que nous savons que le niveau de vie est bien plus haut là-bas qu'ici. Chez nous, c'est la misère", dit-elle.

Plusieurs centaines de manifestants ont ensuite pris la direction du siège de l'administration régionale. Mais au bout d'une heure et devant les dizaines de policiers protégeant le bâtiment, ils ont fait demi-tour.

Donetsk, capitale du Donbass, un bassin minier frontalier de la Russie, a connu plusieurs jours de tensions entre partisans de Moscou et défenseurs de l'unité de l'Ukraine. Les partisans d'un ralliement à Moscou avaient occupé pendant trois jours l'administration régionale avant d'être délogés par la police jeudi.

A Kharkiv, autre centre industriel de l'Ukraine, plus de 4.000 manifestants pro-russes ont manifesté dans le centre de la ville en agitant des drapeaux russes ou du "Bloc russe", le mouvement politique pro-russe auquel appartient le "Premier ministre" de la région séparatiste de Crimée, Sergiï Axionov.

- Femmes de Crimée -

Dans la péninsule de Crimée, où le Parlement local a annoncé un référendum le 16 mars pour le rattachement de la région à la Russie, une manifestation a réuni 300 partisans de l'intégrité de l'Ukraine.

Le chiffre peut paraître faible mais les manifestations anti-séparatistes sont très rares en Crimée. La plupart des manifestants à Simféropol étaient des femmes, sorties "dans la rue avec leurs enfants pour protester contre l'intervention des forces russes en Crimée", selon l'une d'entre elles, Elvina.

"La Crimée a été envahie par les forces armées russes, par des bandits appelés cosaques. Nous allons boycotter le référendum. Il est illégal", a déclaré pour sa part Victoria, une autre manifestante.

Dans la matinée, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a assuré que la Russie était ouverte à un dialogue "honnête, d'égal à égal" avec les puissances étrangères. Pour sa part, Kiev a répété être prêt à "des contacts à tous les niveaux" avec Moscou.

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Grigori Karassine a rencontré à Moscou l'ambassadeur d'Ukraine en Russie Volodymyr Eltchenko, a annoncé la diplomatie russe.

- L'arme énergétique -

Interrogé sur le risque que Moscou coupe le robinet de gaz à l'Ukraine, le chef de la diplomatie ukrainienne Andrii Dechtchitsa a répondu par une boutade: "S'ils coupent, nous nous chaufferons au bois, ou nous vivrons sans chauffage, c'est le printemps".

Moscou a en effet menacé Kiev d'interrompre ses exportations de gaz si le nouveau pouvoir ne s'acquittait pas au plus vite de ses quelque deux milliards de dollars de dette.

Dans une situation similaire, Moscou avait fermé en 2009 le robinet du gaz, perturbant l'approvisionnement de plusieurs pays européens.

Source : AFP

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