Crimée : Moscou achève la prise des bases, Kiev retire les troupes

  • Des marines ukrainiens s'apprêtent à quitter leur unité militaire à Feodosiya le 24 mars 2014
    Des marines ukrainiens s'apprêtent à quitter leur unité militaire à Feodosiya le 24 mars 2014 AFP - Dmitry Serebryakov
  • Le président russe Vladimir Poutine à Moscou le 24 mars 2014
    Le président russe Vladimir Poutine à Moscou le 24 mars 2014 RIA-NOVOSTI/AFP - Alexei Nikolsky
  • Des navires militaires russes dans la baie de Sébastopol le 24 mars 2014
    Des navires militaires russes dans la baie de Sébastopol le 24 mars 2014 AFP - Viktor Drachev
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AFP

L'Ukraine a décidé lundi de retirer ses troupes de Crimée où l'essentiel de ses bases est tombé en trois semaines d'occupation sous le contrôle de la Russie qui risque d'être exclue du G8, le club des nations les plus riches.

Après s'être emparées par la force à l'aube d'une base d'infanterie marine à Feodossia, les forces russes se sont lancées lundi à l'assaut du navire de débarquement ukrainien Kostiantyn Olchanski mouillant sur le lac Donouzlav, a constaté un journaliste de l'AFP.

A l'approche de l'embarcation russe, des tirs ont été entendus et un grand nuage de fumée s'est élevé devant le navire ukrainien. Pendant l'assaut, les marins ukrainiens ont entonné l'hymne ukrainien, sous le drapeau de leur pays, amené peu après.

Premier responsable russe à se rendre, lundi, en Crimée, rattachée la semaine dernière au territoire russe, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou inspectait lundi les installations militaires au moment où les grandes puissances menées par le président américaine Barack Obama discutaient de nouvelles sanctions contre la Russie, dont son exclusion du G8, au cours d'un sommet à La Haye.

Dans la nuit de dimanche à lundi, entre 60 et 80 fusiliers marins ukrainiens ont été capturés et leurs commandants emmenés en hélicoptère à l'issue d'une attaque d'une base d'infanterie marine à Feodossia, a indiqué le ministère ukrainien de la Défense.

L'opération a été réalisée à l'aide de blindés légers et d'hélicoptères, et des tirs de mitrailleuses ont été entendus. Plusieurs camions transportant les soldats ukrainiens ligotés ont quitté la base deux heures après le début de l'assaut.

Les soldats ont ensuite été autorisés à retourner dans leurs quartiers.

Certains d'entre eux ont raconté à un photographe de l'AFP sur place qu'ils n'y retrouvaient plus leurs ordinateurs et autres objets de valeur.

- Coups de pied au visage -

La veille, ils avaient mis leurs armes dans un dépôt pour les évacuer lundi comme c'était convenu avec les Russes et ne s'attendaient pas à une attaque.

"Le commandant du bataillon, Dmytro Deliatnitsk,i et son adjoint, Rostislav Lomtev, ont été jetés à terre et ont reçu des coups de pied au visage. Ensuite, ils ont été emportés à bord d'un hélicoptère dans une direction inconnue", a affirmé le ministère ukrainien de la Défense.

Selon un porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, les soldats ont refusé de quitter les lieux tant que leurs chefs ne seraient pas remis en liberté.

Le ministère a précisé que les Russes avaient posé comme condition à la libération des militaires retenus le départ des officiers ukrainiens "de Crimée vers l'Ukraine continentale".

A Kiev, le président par intérim Olexandre Tourtchinov a signé lundi un décret prévoyant le redéploiement en Ukraine continentale des troupes ukrainiennes présentes en Crimée.

Cette annonce marque un changement de position des autorités ukrainiennes qui avaient auparavant autorisé les militaires à tirer pour défendre leurs bases sur la presqu'île.

Mais la décision finale appartenait aux commandants sur le terrain et les bases sont tombées pratiquement sans combats aux mains des Russes qui ont également saisi plusieurs bateaux de la flotte ukrainienne malgré les protestations de Kiev et de l'Occident.

Le vice-Premier ministre de la Crimée Roustam Temirgaliev a affirmé lundi qu'il n'y avait plus de troupes ukrainiennes fidèles à Kiev dans la péninsule.

Les forces russes en Crimée cherchent depuis quatre jours à s'emparer des dernières bases encore tenues par les forces ukrainiennes.

- Faire payer la Russie -

Sur le front international, le président Obama a promis lundi une action unie de l'Occident contre Moscou en représailles au rattachement de la Crimée, avant un sommet qui pourrait exclure la Russie du club fermé des nations les plus riches.

"L'Europe et les Etats-Unis sont unis pour soutenir le gouvernement ukrainien et les Ukrainiens, nous sommes unis pour faire payer un prix à la Russie pour les actions qu'elle a entreprises jusqu'ici", a affirmé M. Obama.

Il participe lundi soir et mardi à un sommet sur la sécurité nucléaire qui risque d'être complètement éclipsé par les discussions sur l'Ukraine qui avait renoncé en 1994 à son arsenal nucléaire, obtenant en échange des garanties sur son intégrité territoriale de la part des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la Russie.

Après ce qu'elles appellent "l'annexion de la Crimée" à la Russie, les autorités ukrainiennes craignent une invasion imminente de l'est russophone de l'Ukraine malgré les démentis de Moscou.

Le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense Andriï Paroubiï a déclaré lundi que l'Ukraine avait achevé le déploiement de ses troupes à la frontière avec la Russie dans l'est, le sud et le nord.

"On reçoit des signaux inquiétants" de la région d'Odessa (sud), a déclaré M. Paroubiï, évoquant "une diversion" à craindre à partir de la Transdniestrie, région séparatiste pro-russe de Moldavie située à proximité.

La Maison Blanche s'est dite lundi "très inquiète" des risques d'escalade dans l'Est et le Sud de l'Ukraine créés par la présence de troupes russes à la frontière ukrainienne.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le secrétaire d’État américain John Kerry devaient se rencontrer lundi en marge du sommet sur le nucléaire, leur première entrevue depuis que Washington a imposé des restrictions financières à des personnalités proches de Vladimir Poutine en représailles à l'absorption de la Crimée.

Source : AFP

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