Soudan du Sud: rencontre attendue des chefs des deux camps à Addis Abeba

  • Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon (g) avec le président du Soudan du Sud Salva Kiir (d) à Juba le 6 mai 2014
    Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon (g) avec le président du Soudan du Sud Salva Kiir (d) à Juba le 6 mai 2014 AFP/Archives - Charles Lomodong
  • Riek Machar (c), l'ancien vice-président sud soudanais, accueilli par une délégation sud-soudanaise à l'aéroport d'Addis Ababa le 8 mai 2014
    Riek Machar (c), l'ancien vice-président sud soudanais, accueilli par une délégation sud-soudanaise à l'aéroport d'Addis Ababa le 8 mai 2014 AFP/Archives - Zacharias Abubeker
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AFP

Le président sud-soudanais Salva Kiir est arrivé vendredi à Addis Abeba pour y rencontrer son ancien vice-président Riek Machar, pour la première fois depuis le début du sanglant conflit qui les oppose au Soudan du Sud.

La rencontre, censée faire avancer des négociations de paix au point mort, était prévue vendredi. Mais un des porte-parole de M. Machar, arrivé la veille au soir à Addis Abeba, a émis des doutes sur des discussions directes dès vendredi.

"Riek Machar doit rencontrer aujourd'hui le Premier ministre (éthiopien Hailemariam Desalegn) et l'Igad (organisation sous-régionale est-africaine qui assure la médiation dans le conflit) doit élaborer l'ordre du jour des discussions. Je ne crois pas que Riek Machar et Salva Kiir se rencontrent directement aujourd'hui. Pas aujourd'hui", a déclaré vendredi ce porte-parole, James Gadet Dak.

M. Machar avait été limogé en juillet 2013 par Salva Kiir sur fond de rivalité croissante entre eux à la tête du parti au pouvoir. Il avait ensuite pris le maquis, après avoir été accusé de tentative de coup d'Etat par le chef de l'Etat lorsque des combats avaient éclaté mi-décembre au sein de l'armée sud-soudanaise entre troupes loyales à chacun des deux dirigeants.

"Le président Salva Kiir s'envole (...) vers Addis afin de rencontrer le chef rebelle Riek Machar sous les auspices du Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn", qui dirige l'Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement), a déclaré vendredi le ministre sud-soudanais des Affaires étrangères Barnaba Marial.

Les pourparlers à Addis Abeba, destinés à trouver une issue politique durable au conflit dans la plus jeune nation du monde, indépendante depuis juillet 2011 seulement, n'ont jusqu'ici péniblement débouché que sur un cessez-le feu, jamais appliqué depuis sa signature le 23 janvier.

"La rencontre (...) va ramener la paix", a assuré M. Marial, et s'attacher "à ce que le cessez-le-feu soit correctement mis en place afin que la cessation des hostilités ait un sens".

- 'Le gouvernement est agressif' -

En devenant indépendant, le Soudan du Sud espérait tourner la page d'une des guerres les plus longues et meurtrières d'Afrique, qui a opposé entre 1983 et 2005 Khartoum à une rébellion sudiste, désormais au pouvoir à Juba.

Mais le nouveau conflit a fait depuis décembre des milliers, voire des dizaines de milliers de morts, et chassé de chez eux plus de 1,2 million de Sud-Soudanais.

A la rivalité politique entre MM. Kiir et Machar se greffent de vieilles rancunes entre peuples dinka et nuer, dont ils sont respectivement issus. Les combats s'accompagnent de massacres et d'atrocités sur des bases ethniques contre les civils.

Les deux dirigeants sont sous pression diplomatique croissante, Washington et l'ONU s'inquiétant de risques de "génocide" et de "famine". La Mission locale des Nations unies (Minuss) a fait état jeudi d'indices sérieux de "crimes contre l'humanité" commis par les deux camps.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait récemment pressé MM. Kiir et Machar de multiplier leurs efforts pour faire cesser le conflit, sous peine de sanctions ciblées. Washington a pris mardi soir de premières sanctions contre deux généraux, de l'un et l'autre camp, "responsables d'actes de violences inconcevables contre des civils".

Les deux camps s'accusent mutuellement de ne pas vouloir la paix et les observateurs mettent en doute leur sincérité dans les pourparlers.

"Le gouvernement ne prend pas au sérieux le processus de paix", a répété James Gadet Dak, le porte-parole de M. Machar, accusant l'armée sud-soudanaise d'avoir lancé une série d'attaques vendredi.

"Les forces de Salva Kiir attaquent actuellement nos forces dans les Etats d'Unité (nord), du Haut-Nil (nord-est) et du Jonglei (est) (...) Le gouvernement ne croit pas à une solution politique, ils croient à l'option militaire", a abondé le porte-parole militaire de la rébellion, Lul Ruai Koang.

"Le gouvernement est agressif (...) Il crée une propagande belliqueuse et met les gens dans un état d'esprit guerrier, pas dans un état d'esprit pacifique. Le président Salva Kiir n'est pas sérieux", a-t-il estimé, assurant que les responsables rebelles étaient "à Addis Abeba pour trouver une solution politique pacifique".

A Juba, le porte-parole de l'armée sud-soudanaise, Philip Aguer, a indiqué vendredi à l'AFP ne pas avoir connaissance de combats en cours.

Source : AFP

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