Les capitaines d'industrie, nouveaux héros de l'aventure spatiale

  • L'intérieur du vaisseau Dragon V2 de la jeune société de lancements spatiaux SpaceX, présenté lors d'une conférence de presse à Hawthorne, en Californie le 29 mai 2014
    L'intérieur du vaisseau Dragon V2 de la jeune société de lancements spatiaux SpaceX, présenté lors d'une conférence de presse à Hawthorne, en Californie le 29 mai 2014 AFP - Robyn Beck
  • Elon Musk, PDG de SpaceX, devant le vaisseau Dragon V2, lors de sa présentation à Hawthorne, en Californie, le 29 mai 2014
    Elon Musk, PDG de SpaceX, devant le vaisseau Dragon V2, lors de sa présentation à Hawthorne, en Californie, le 29 mai 2014 AFP - Robyn Beck
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Centre Presse Aveyron

Ils préparent les navettes spatiales qui emporteront des touristes dans l'espace ou relieront New York à Paris en une heure et demie: ces nouveaux héros de l'aventure spatiale sont des capitaines d'industrie.

Ces pionniers ont un point commun: ils ne dépendent plus des programmes gouvernementaux qui se réduisent comme peau de chagrin.

Les temps ont changé. La NASA, l'agence spatiale américaine, avait envoyé le premier homme sur la lune en 1969 dans une course à l'espace pendant la guerre froide.

Mais c'est un capitaine d'industrie, Elon Musk, fondateur des voitures électriques Tesla et de la jeune société de lancements spatiaux SpaceX, qui veut réaliser le premier voyage vers Mars dans les années 2020.

Le projet d'un autre milliardaire, le Britannique Richard Branson, fondateur du groupe Virgin, est le plus avancé et le plus médiatisé.

Sa navette SpaceShipTwo, larguée depuis un étrange quadriréacteur à double fuselage, pourra emporter deux pilotes et jusqu'à six passagers pour un vol suborbital de trois heures.

- Di Caprio -

Malgré de nombreux reports depuis les premiers essais en 2007, Sir Richard assure qu'il sera avec ses fils le premier passager avant la fin de l'année. Sa compagnie Virgin Galactic a obtenu en mai le feu vert de la FAA, l'agence fédérale américaine de l'aviation, pour transporter des passagers depuis une base au Nouveau Mexique, "Spaceport America", un nom de science-fiction.

Le prix du billet, 250.000 dollars (186.000 euros), n'a pas dissuadé plus de 600 candidats, dont des célébrités comme l'acteur Leonardo DiCaprio, de réserver leur place.

XCOR se veut plus abordable. Il propose pour 100.000 dollars (74.000 euros) un vol suborbital d'une heure à bord de sa navette Lynx qui décollera et atterrira comme un avion, depuis le désert de Mojave. Il a déjà vendu près de 300 billets.

"Le premier prototype est en cours d'assemblage. Si tout va bien, les vols d'essai commenceront avant la fin de l'année, et les vols commerciaux avant la fin 2015", a déclaré à l'AFP Michiel Mol, membre du conseil d'administration.

La compagnie entend réaliser quatre vols par jour et accumuler ainsi plus vite plus d'expérience que Virgin Galactic.

Ces hommes d'affaires ne se contenteront pas de satisfaire des caprices de riches, ils visent aussi le marché du lancement des satellites de moins de 250 kg.

"Il n'y a pas de lanceur dédié pour les petits satellites, explique Rachel Villain d'Euroconsult, les consultants de référence de l'industrie spatiale. Tout le monde est à la recherche du Graal depuis des années: comment diminuer les coûts (...) pour que le lancement simple d'un petit satellite soit plus rentable que d'embarquer en passager sur un plus gros lanceur".

"Ces nouveaux acteurs font bouger les lignes, ils révolutionnent l’univers des lanceurs avec des procédés très astucieux, plus intelligents car sans débris, réutilisables et au final moins chers", estime Philippe Boissat, expert en aéronautique au cabinet de consultants Deloitte.

C'est aussi l'objectif d'un nouveau venu, Swiss Space Systems ou S3. Avec une navette embarquée sur le dos d'un Airbus A300, son fondateur Pascal Jaussi veut d'abord lancer des satellites puis transporter des passagers d'un point à l'autre de la planète.

Cet ancien pilote d'essai de 37 ans se propose de diviser le prix d'un lancement par quatre, pour le ramener à 8 millions d'euros pour 250 kg de satellites en orbite.

"Ce sont les fabricants de satellites qui ont envie de lancer des constellations de satellites de météo ou de surveillance qui viennent nous trouver et remplissent déjà notre carnet de commandes", dit-il.

Les premiers vols d'essais sont prévus fin 2017, les premiers lancements commerciaux fin 2018 depuis une base dans les Canaries.

Pour passer au transport intercontinental de passagers dans la décennie suivante, il fait déjà certifier tous les éléments de son vaisseau spatial, comme un avion, par les autorités aéronautiques.

Un avion de ligne relie New York à Paris, soit 5.800 km, en 07H00. A la vitesse Mach3, la navette de S3 couvrirait cette distance en 01H30.

"On aimerait arriver dans les prix d'un billet de première classe pour un vol transatlantique. Il ne faudrait jamais dépasser les 30.000 francs suisses" (24.700 euros), dit-il.

Philippe Boissat voit déjà plus loin. "Ces vols suborbitaux, prédit-il, vont donner naissance à la prochaine génération de pilotes de chasse: ceux qui vont piloter des navettes pour protéger des satellites convoités ou pour neutraliser ceux qui posent une menace".

Source : AFP

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