La rentrée du parti socialiste divise même en Aveyron

L’un y va, l’autre pas. L’université d’été de La Rochelle qui rassemble chaque année la famille socialiste n’a plus cette fois ce goût de «revenez-y» qui anime tout autant ceux qui ont des choses à dire que ceux qui veulent s’y montrer. Premier secrétaire fédéral du PS en Aveyron, Pierre Pantanella est parti vendredi soir "avec quelques copains" pour ce rendez-vous "où l’on trouve autant d’exaltés que de bénis-oui-oui".

L'un ira, l'autre pas

Lui, n’est ni l’un, ni l’autre, il est plutôt dans la mouvance Hamon-Montebourg, dont les démissions susciteront les débats auxquels il veut participer, aujourd’hui samedi. "On peut se déchirer pour mieux se rassembler, faut pas avoir peur", prévient-il, adhérent à cette gauche socialiste qui ne se retrouve plus dans la politique gouvernementale. Idem chez les sociaux-démocrates qui animent eux aussi le parti, et au rang desquels se place Christian Teyssèdre.

Le maire de Rodez ne va pas ce week-end à La Rochelle: "La baisse des dotations de l’État-avec -6% pour Rodez cette année, et -12% l’an prochain! -me tient au travail pour équilibrer les budgets et je m’étonne que d’autres élus socialistes aient le temps d’aller à Rochelle dans de telles conditions...". Mais avait-il vraiment l’intention d’y aller ? "Non. Comme beaucoup de Français, je suis déçu de ce qui se passe aujourd’hui. Mais je ne suis pas d’accord avec les députés frondeurs, ils ne proposent rien".

D’autres politiques à explorer pour redonner confiance

Christian Teyssèdre le martèle: "Cela fait vingt ans que je dis la même chose: il faut mettre en œuvre une autre politique, mettre en œuvre la TVA sociale, pour pouvoir baisser les charges des entreprises qui gagneraient en compétitivité et relancer le pouvoir d’achat en relevant les prestations sociales. Une hausse de la TVA cela fait peur aux gens, c’est normal, mais les autres pays l’ont fait, comme l’Allemagne, et relancent aujourd’hui leur croissance. On ferait bien de s’en inspirer et développer autant la politique de l’offre par la baisse des charges de toutes les entreprises que celle de la demande par la relance du pouvoir d’achat... Au lieu de cela, on continue à faire des cadeaux aux patrons du Cac 40. Et le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, NDLR) n’a toujours pas produit d’effets-si ce n’est l’augmentation des dividendes des entreprises-, comment s’en étonner ? De toute façon, l’économie, c’est la confiance. Et dans un tel contexte, il est normal que le PS s’interroge en voyant que les salariés comprennent mal ce qu’est une politique de gauche". 

Pourquoi alors ne pas aller à La Rochelle pour animer le débat économique ?

"La TVA sociale, Hollande n’en veut pas. Ce n’était pas seulement une idée de Sarkozy, mais aussi de Strauss-Kahn. Et il y a des tabous au PS...", déplore Christian Teyssèdre qui ne désespère pas de voir le PS "s’inspirer de ce qui se fait ailleurs pour conduire une bonne politique"... et continue à soutenir en ce sens François Hollande. "C’est vrai que l’on n’a pas exploré toutes les pistes, renchérit Pierre Pantanella. Le gouvernement a l’impression d’être sur la bonne voie, mais l’on n’avait pas voté pour ce style de politique, dont on a le sentiment qu’elle est faite aujourd’hui pour les patrons. À La Rochelle, on ne fait que débattre. C’est au congrès, normalement au premier semestre 2015, que l’on prend des décisions. Il faudra voir alors quelle sera la situation de la France pour évaluer le poids des différents courants du PS dans les politiques à mener..."